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Tibet: 30 immolations depuis 2011

Il est stupéfiant de réaliser que l'oppression chinoise au Tibet, dénoncée de façon répétée par l'ONU, les organisations de défense des droits humains et de nombreux gouvernements, puisse s'empirer. Il est aussi étonnant de remarquer à quel point les nouvelles représailles, ainsi que la vague d'immolations qui les a provoquées, ne suscitent pas de réaction de la part du gouvernement canadien. Comme si, étant donné que le Canada demeure le plus gros investisseur étranger au Tibet, les intérêts économiques primaient devant le respect des droits humains...Sinon, comment justifier ce lourd silence?
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Il est stupéfiant de réaliser que l'oppression chinoise au Tibet, dénoncée de façon répétée par l'ONU, les organisations de défense des droits humains et de nombreux gouvernements, puisse s'empirer. Il est aussi étonnant de remarquer à quel point les nouvelles représailles, ainsi que la vague d'immolations qui les a provoquées, ne suscitent pas de réaction de la part du gouvernement canadien. Comme si, étant donné que le Canada demeure le plus gros investisseur étranger au Tibet, les intérêts économiques primaient devant le respect des droits humains...Sinon, comment justifier ce lourd silence?

Depuis 2011, trente Tibétains se sont immolés, dans un acte tout à fait contraire à leurs traditions et religion, le suicide étant à l'opposé du respect de la vie qui constitue la base du bouddhisme. La majorité de ceux qui se sont sacrifiés étaient des moines et des nonnes, et cet acte était un dernier recours dans leur effort de dénoncer l'oppression chinoise.

S'adressant au Conseil des droits de l'Homme des Nations Unies, le 13 mars 2012, trente quatre pays de l'Union Européenne, ainsi que les États Unis, ont manifesté leur profonde inquiétude face aux représailles des protestations récentes des Tibétains.

Depuis, selon des informations obtenues par l'organisation Human Rights Watch, le gouvernement chinois a annoncé que les monastères bouddhistes du Tibet seront placés sous son contrôle direct. Jusqu'à présent, les monastères étaient gérés par les moines, et constituaient un dernier lieu où la culture et la religion tibétaines pouvaient être à l'abri (malgré des limitations). Dorénavant, des membres du gouvernement seront assignés, de façon permanente, aux établissements religieux.

Sachant que la religion bouddhiste est profondément liée à la culture tibétaine, cette nouvelle décision du gouvernement chinois vient enlever aux Tibétains le dernier degré d'autonomie dont ils jouissaient. Cette décision contribue au génocide culturel face auquel les Tibétains ont comme soutien la non-violence, la compassion et l'appui de l'opinion publique internationale.

Depuis l'invasion chinoise de 1949, suite à l'afflux de colons chinois et la mort d'un million de Tibétains, ils sont devenus minoritaires au Tibet. Beaucoup de Tibétains sont morts dans des camps de travail, ou pendant des périodes de famine causées par les campagnes agricoles de Mao. Leur langue et culture sont en péril, et leurs libertés religieuses et d'expression sont presque inexistantes.

À ce contexte s'ajoutent les campagnes d'élimination de la population tibétaine par le gouvernement chinois, par le contrôle des naissances. La Ligue internationale des droits de l'homme évoquait des cas de stérilisation forcée au Tibet: «Des mesures rigoureuses de contrôle des naissances sont imposées au Tibet par la force et la contrainte. On continue à recevoir des informations faisant état de campagnes d'avortement et de stérilisation forcés.» La Ligue notait en même temps que «la Chine transfère des millions de colons chinois au Tibet, ce qui amène à s'interroger sérieusement sur d'éventuelles violations de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide», qui défend le transfert de colons sur les territoires occupés.

Déjà en 1995, le Sénat de Belgique proposait une journée en mémoire des différents génocides, dont celui du Tibet, en indiquant que «des milliers de Tibétains ont été et sont encore stérilisés sous la contrainte (dès l'âge de treize ans). Cette politique d'extermination trouve son paroxysme dans les infanticides systématiques par noyade».

Suite aux premiers rapports étrangers sur les violations des droits de l'homme au Tibet, la Chine ne permet plus d'études ou enquêtes étrangères. Elle réagit mal aux critiques internationales, et se sert de son poids économique pour arriver à les minimiser. L'ONU demande en vain, depuis 1959, par plusieurs résolutions, le respect des droits de l'homme au Tibet. L'Assemblée générale de l'ONU s'est montrée, à plusieurs reprises «gravement concernée par la constante violation des droits et libertés fondamentaux du peuple tibétain, ainsi que par la suppression continue de sa vie religieuse et culturelle particulière.» Comme dans d'autres cas, les résolutions de l'ONU sur le Tibet, restent des plaidoyers sans suite...

De son côté, le Parlement européen emploie un ton plus véhément et revendique des mesures et réparations plus précises. Ainsi, dans des résolutions récentes (2009, 2010, et 2011) le Parlement européen condamne «la répression accrue de l'exercice des libertés culturelles, linguistiques, religieuses et autres libertés fondamentales des Tibétains (...) et fait part de ses préoccupations face à la répression et à la marginalisation de la langue tibétaine, qui sous-tend l'identité tibétaine.»

Devant ces faits, et malgré l'immobilité du gouvernement Canadien, nous avons l'obligation d'agir, ou, tout au moins, de témoigner. Et cela commence par s'en informer et en informer les autres. Pour que la répression des Tibétains ne s'ajoute pas à la liste des évènements récents dont nous aurons honte de parler aux générations futures. Tels le Rwanda, le Timor-Leste, le Guatemala, et tellement d'autres....

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