Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Et si la charge mentale des femmes était liée à une certaine immaturité des hommes?

Pourquoi une telle différence de maturité? Pourquoi les hommes sont-ils influencés par une adolescence qui se prolonge?
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.
Getty Images

La charge mentale est un sujet qui fait beaucoup parler, depuis des mois déjà. De nombreuses hypothèses sont avancées pour expliquer le fait indéniable que, dans la plupart des familles, c'est la femme qui assume la responsabilité du foyer, qui pense à tout, organise et planifie les courses, les rendez-vous chez les médecins ou encore les vacances. Même au travail, elle pense en permanence à tout ce qui a trait à l'organisation de la maison.

L'une de ces hypothèses mérite qu'on s'y arrête un peu. Si la charge mentale pèse tant sur les épaules des femmes, c'est parce que la plupart des hommes la leur laissent sans hésiter! En argumentant souvent que celle-ci sait "mieux faire" qu'eux ou qu'elle aime bien "tout gérer". On entend volontiers dans ce discours celui d'un adolescent qui résisterait à prendre sa place d'adulte. D'ailleurs, dans son comportement, de nombreux indices le laissent à penser: jouer aux jeux vidéos, faire la course sur l'autoroute, essayer de battre ses propres enfants au jeu ou au foot, prendre sans aucun scrupule la défense de ses enfants en cas de conflit avec leur mère... La liste est longue comme l'indique une étude britannique commandée par la chaine de télévision Nickelodeon UK. Toujours selon cette même étude, cette immaturité dans la sphère familiale (à différencier de son implication professionnelle) prendrait fin en moyenne à l'âge de... 43 ans !

L'explication est en grande partie anatomo-physiologique: alors que chez la femme, les règles puis la maternité constituent des événements majeurs qui la font mûrir, l'homme, lui, ne s'y trouve pas confronté.

Pourquoi une telle différence de maturité? Pourquoi les hommes sont-ils influencés par une adolescence qui se prolonge? L'explication est en grande partie anatomo-physiologique: alors que chez la femme, les règles puis la maternité constituent des événements majeurs qui la font mûrir, l'homme, lui, ne s'y trouve pas confronté. Autre facteur déterminant: la relation mère-fils. Alors que la petite fille, en entrant dans l'Oedipe, se détourne de sa mère pour aller vers son père, le petit garçon, lui, n'a pas à changer d'investissement et reste entièrement focalisé sur la femme, incarnée par sa mère. Voilà pourquoi, toute sa vie, sa maman gardera une place indétrônable dans son cœur. Et pourquoi nombre d'hommes considèrent aussi, inconsciemment, leur compagne comme une "seconde mère". On comprend mieux pourquoi, une fois en couple, ils ont tendance à se comporter comme de grands adolescents, et laissent leur femme gérer l'organisation du foyer.

Cette immaturité en famille est par ailleurs souvent entretenue par la mère elle-même qui ne peut s'empêcher de trouver des excuses à son fils devenu adulte ("Mon petit chéri travaille tellement toute la semaine, il peut bien jouer aux jeux vidéos le week-end pour se détendre!"), ou de souligner à outrance tous ses efforts pour s'occuper de ses enfants (parce que "à mon époque à moi, mon mari n'en faisait pas autant!"). Ajoutez à cela le fait que l'éducation "genrée" est encore très présente. Même si les choses évoluent peu à peu, les garçons sont encore élevés dans l'idée que ce sont les filles qui doivent apprendre les tâches ménagères (vive les aspirateurs miniatures) et les tâches liées aux enfants (en jouant à la poupée). Sous-entendu, pour devenir plus tard, de bonnes gestionnaires de leur foyer. Inconsciemment, même s'ils impliquent davantage que dans le passé, les hommes continuent encore à promouvoir leur femme au rang de responsable avec laquelle ils ne se sentent pas capables de rivaliser.

Etty Buzyn est l'auteure de "Quand les mères craquent, osez dire que vous n'en pouvez plus", aux éditions Leduc.s

De plus en plus de mamans se disent épuisées par leurs enfants, par l'ampleur de leurs tâches quotidiennes, par la faible implication des pères dans la gestion familiale (la fameuse "charge mentale"), par leurs difficultés à concilier vie personnelle et vie professionnelle, par le manque de reconnaissance et de soutien de la société... Le burn-out ne concerne pas seulement les salariés, au sein des entreprises. Il concerne aussi les mères, au sein de leur propre foyer.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.