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En politique, il faut des personnages

Il est tout à fait normal que peu de gens s'intéressent à la politique s'ils croient que ce n'est qu'une affaire de quinquagénaires bedonnants qui s'obstinent sur des virgules à longueur de journée.
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S'il y a bien une leçon à tirer du premier tour des élections françaises ayant eu lieu le 23 avril dernier, c'est que ce sont désormais les personnages forts qui dominent la politique. Marine Le Pen, une femme forte qui incarne la France dans tout ce qu'elle a de plus patriotique, et Emmanuel Macron, jeune premier à la Justin Trudeau, ont réussi à passer au second tour des présidentielles. D'ailleurs, n'oublions pas la remontée spectaculaire de Jean-Luc Mélenchon, éternel candidat de l'extrême gauche et véritable personnage également, qui est parvenu à récolter pas moins de 19% des suffrages lors du premier tour.

Pas plus tard qu'en novembre dernier aux États-Unis, Donald Trump, le politicien-personnage suprême, a emporté haut la main contre Hillary Clinton, candidate terne de l'establishment qui avait le mérite de «ne pas être Trump.» Le candidat républicain ayant réussi à monopoliser la campagne pour qu'elle tourne uniquement autour de lui, la candidate du Parti démocrate n'avait aucune chance.

Au Canada, en octobre 2015, la même chose s'est produite. Justin Trudeau, un homme vide et sans compétences, mais jeune et «dans le vent», a vaincu l'on-ne-peut-plus terne Stephen Harper et a fait renaître le Parti libéral du Canada de ses cendres à lui seul.

En 2011, c'est feu Jack Layton qui a réussi à gagner le Québec au nom du Nouveau Parti Démocratique, un parti de l'Ouest traditionnellement absent au Québec, grâce à son allure de «bon Jack» et pas grâce à ses propositions. Par contre, dès que Thomas Mulcair, politicien très peu passionnant, a pris les commandes, le NPD n'a cessé de s'enfoncer.

Que peut-on en déduire? Eh bien qu'après des années sombres où les chefs de parti étaient majoritairement des politiciens incolores, inodores et inintéressants, les personnages amorcent un grand retour en politique!

Finis les temps où Stéphane Dion, homme sans charisme et inintéressant, affrontait Stephen Harper pour le pouvoir au Canada, ce sont les politiciens comme Jacques Parizeau ou même Pierre Elliott Trudeau, des gens qui n'ont pas peur de dire ce qu'ils pensent et qu'on peut facilement caractériser, qui ont la cote. Et franchement, c'est tout à fait compréhensible.

Il est tout à fait normal que peu de gens s'intéressent à la politique s'ils croient que ce n'est qu'une affaire de quinquagénaires bedonnants qui s'obstinent sur des virgules à longueur de journée.

Il est tout à fait normal que peu de gens s'intéressent à la politique s'ils croient que ce n'est qu'une affaire de quinquagénaires bedonnants qui s'obstinent sur des virgules à longueur de journée. S'ils voient de véritables titans comme René Lévesque et Jean Chrétien, des personnalités fortes qui ont su marquer l'histoire, s'affronter dans l'actualité sur des sujets universels comme la question nationale, ils seront plus attirés par la chose politique.

Le Parti conservateur du Canada (PCC) l'a déjà compris. En effet, il est en train d'élire Kevin O'Leary, milliardaire arrogant et inconditionnellement conservateur, à sa tête pour concurrencer Justin Trudeau. O'Leary est en quelque sorte l'anti-Justin Trudeau, puisqu'il représente les valeurs opposées à celles que véhicule l'actuel premier ministre du Canada. Ce saut en politique est déjà un succès pour l'aspirant chef du PCC, car il a déjà plus fait parler de lui d'un océan à l'autre que les treize autres candidats à la succession de Stephen Harper réunis. S'il joue bien ses cartes d'ici 2019, le super-vilain O'Leary pourrait très bien détrôner le preux chevalier des droits et libertés Trudeau le jour des élections.

Par contre, si on regarde la situation politique actuelle au Québec, qui «dort au gaz» depuis 2003, force est de constater que les chefs de parti ne sont pas aussi attirants qu'à l'étranger. Philippe Couillard n'a pas à l'être, puisqu'il a 33% d'électeurs serviles qui suivraient le PLQ jusqu'en enfer s'il le fallait. Jean-François Lisée est un orateur exceptionnel, mais hésite parfois trop à sortir du cadre, ce qui l'empêche de prendre vie comme personnage.

En fait, le seul Parti québécois avec des personnages marqués, c'est Québec Solidaire avec Manon Massé et bientôt Gabriel Nadeau-Dubois, deux politiciens qui partagent trop peu de valeurs avec la majorité des Québécois pour savoir tirer profit de l'intérêt qu'ils savent susciter pour gagner le pouvoir. Néanmois, GND a déjà prouvé que sa méthode marchait, QS est passé à 12% dans le dernier sondage Léger.

Afin de capter l'imaginaire des électeurs, les partis politiques du Québec auraient intérêt à se caractériser et à cesser de vouloir faire le moins de vagues possible pour que la population entende leurs propositions et puisse se rallier ou non à eux. Il est temps pour nos chefs de partis de prendre des positions plus tranchées, de les appuyer et, surtout, de ne plus avoir peur de déplaire à une partie de l'électorat en ayant une quelconque personnalité.

Imaginez-vous Jacques Parizeau cacher sa nature aux Québécois pour ne pas «perdre» des votes qui n'auraient jamais été pour le Parti Québécois de toute façon? Moi non plus.

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