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Santé mentale et cannabis: remettre les pendules à l'heure

Après une série d'articles cherchant obstinément à montrer l'existence d'un lien entre le cannabis et le développement de maladies mentales chez les jeunes, certains points importants sont à souligner.
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Après une série d'articles parus récemment sur différents sites de nouvelles et cherchant obstinément à montrer l'existence d'un lien entre la consommation de cannabis et le développement de maladies mentales chez les jeunes adultes, certains points importants sont à souligner. Alors que la légalisation devient une option envisageable et inévitable, une discussion sur le sujet s'impose.

Premièrement, un manque de connaissances sur le cannabis se fait ressentir dans la sphère de la santé, chez certains spécialistes (chercheurs, médecins, intervenants, thérapeutes, etc.)

À titre d'exemple, on peut mentionner l'article de Di Forti et al., cité par Radio-Canada, affirmant que le cannabis de type skunk, ayant une concentration en THC plus grande que le haschich, était plus enclin à induire des psychoses. Dans l'article, le terme «skunk» est brièvement défini comme étant du cannabis à haute puissance. Par contre, cette définition est complètement absurde; ce terme fait plutôt référence au Skunk #1, un croisement entre différentes souches primitives du Mexique, de la Colombie et de l'Afghanistan. Son nom lui a été attribué pour son phénotype présentant des réminiscences de moufettes et non pour une concentration en THC plus élevée que la normale. Le haschich, quant à lui, est obtenu par un procédé de concentration de la plante. On cherche à enlever la matière végétale afin de ne conserver que la résine contenant les molécules à potentiel médicinal. Ainsi, la teneur en substances psychoactives est plus élevée.

Avec ce manque de rigueur dans l'étape la plus fondamentale de l'étude, les conclusions tirées par cet article scientifique sont hâtives et leur fiabilité est discutable. En effet, d'autres études, beaucoup plus élaborées, dénotent l'absence de lien direct entre consommation chez les jeunes et développement de troubles psychosociaux.

Deuxièmement, l'approche considérant systématiquement la consommation de cannabis comme un problème de toxicomanie n'est pas appropriée comme traitement de première ligne.

En effet, l'utilisation de cette plante présente un potentiel d'abus et de dépendance inférieur à celui de plusieurs familles de médicaments couramment employés pour traiter des problématiques similaires de santé mentale. Aussi, il est maintenant bien connu que les troubles anxieux peuvent faire leur apparition vers la fin de l'adolescence, qu'ils sont souvent accompagnés par la dépression, et que le cannabis peut fournir des bienfaits thérapeutiques pour une variété de conditions. Le lien de causalité serait-il à inverser?

Une utilisation quotidienne peut sembler, à première vue, être une dépendance. Par contre, en posant la question «Pourquoi consommes-tu le cannabis?» on peut se rendre compte qu'il atténue les symptômes d'une condition médicale présente, mais non-diagnostiquée. Ainsi, avec la prise de conscience du problème de santé sous-jacent à la consommation, il est possible d'envisager des voies de traitement complémentaires à l'utilisation de cannabis thérapeutique, comme la psychothérapie.

En plus de briser la double barrière taboue par une discussion sur la santé mentale et sur le cannabis, cette prise de position concrète sera bénéfique; elle apportera une meilleure compréhension de soi ainsi que des comportements délétères associés à l'état de santé mentale.

Bref, l'utilisation quotidienne de cannabis peut, chez certaines personnes, être une partie intégrante d'un mode de vie sain.

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Mai 2017

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