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Pour le retour des cours d'éducation à la sexualité

À l'heure où l'on assiste à l'érotisation de l'image corporelle des filles pré-pubères, que la « culture du viol » se fait encore plus pernicieuse et qu'on enregistre un nombre croissant d'ITS chez les adolescents, il me semble que ce serait une maudine de bonne idée que des cours de sexualité soient à nouveau dispensés à l'école.
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À l'heure où l'on assiste à l'érotisation de l'image corporelle des filles pré-pubères, que la « culture du viol » se fait encore plus pernicieuse et qu'on enregistre un nombre croissant d'ITS (anciennement MTS) chez les adolescents, il me semble que ce serait une maudine de bonne idée que des cours de sexualité soient à nouveau dispensés à l'école.

On ne le dira peut-être jamais assez, mais les jeunes ont besoin d'un lieu et d'un temps pour discuter de sexualité. Mais également de sensualité, d'amour, d'amitié, d'intimité et de respect, le tout de façon encadré. C'est ben beau jaser de Fifty Shades of Grey dans la cour d'école, mais disons que ça limite les perspectives.

Plus que jamais, les jeunes ont «besoin d'images, d'un message et d'un discours qui viennent rivaliser avec le message ambiant, pourri et avilissant », pour reprendre les mots de Jocelyne Robert. Pourtant, ça fait plus de 13 ans qu'on n'enseigne presque rien à nos jeunes! Vers 2010, il y a bien eu un grand plaidoyer en faveur de l'enseignement sexuel, mais le gouvernement s'en est royalement contrefiché.

Actuellement, on va se dire les vraies affaires, l'éducation sexuelle aux jeunes est de l'ordre de la responsabilité de tous. Bref, une façon politically correct de dire que c'est l'affaire de personne en particulier. Et c'est bien là le problème! Qui parle de relations saines et égalitaires à nos jeunes depuis que les cours ont été supprimés en 2001 ? Quelques intervenants scolaires - lorsqu'ils existent -, des intervenants de passage dans les écoles dans le cadre de campagnes de sensibilisations -le gouvernement ne finance que ça, des trucs à la pièce, par projet... -, des travailleurs de rue, et puis c'est tout. L'enseignement sexuel, c'est nada, c'est fuck y'all.

Les cours d'éducation sexuelle doivent ainsi revenir au bercail, et ça presse!

D'abord, parce que l'éducation à la sexualité est une stratégie efficace de prévention de plusieurs problèmes de santé sexuelle. L'OMS recommande d'ailleurs des cours dès 12 ans (voire 10 ans).

Parce qu'il serait pertinent qu'on enseigne l'âge du consentement sexuel à nos jeunes plutôt qu'ils ne l'apprennent en suivant le procès de Gab Roy, tsé.

Parce qu'il serait bienvenu que les jeunes forment leurs valeurs au niveau du couple et de la sexualité autrement qu'en visionnant des sites pornographiques, Occupation double ou la dernière saison de Games of Thrones.

Parce qu'il serait d'intérêt général qu'on dise à nos hommes de demain qu'on ne punit en aucun cas les femmes pour nous avoir manqué d'attention ou pour ne pas avoir été attirées par notre personne.

Par ailleurs, s'il est vrai que les jeunes sont moins débridés qu'on le pense - seulement une minorité le serait et on aurait malheureusement tendance à généraliser à l'ensemble de la génération -, il advient tout de même nécessaire que les jeunes puissent « se raconter », qu'il y ait une place pour poser toutes les questions imaginables en lien avec la sexualité. Bref, on ne doit pas abandonner l'éducation populaire aux mains des faiseurs d'images et des pédagogues autoproclamés des Internets.

Dans le cas du possible futur cours en milieu scolaire - il faut le souhaiter! -, l'intervenant ou l'enseignant aura à jouer un rôle majeur, et de la sorte, il ne faut pas que cette tâche considérable soit assignée à n'importe qui - pas de prof de maths awkward s'il vous plait. Les individus responsables seront, nous l'espérons, dûment formés et qualifiés. Quant à la forme que prendra le cours, souhaitons que celle-ci ne mette pas toute l'emphase sur le système reproductif, la prévention des ITS et le classique enfilage du condom sur morceau de bois, mais s'emploiera à ce que chaque jeune puisse développer une meilleure estime de soi et un sens critique face à la sexualité. Plus encore, l'éducation à la sexualité c'est une formidable occasion de sensibiliser et d'éduquer à la gestion des émotions et des comportements. C'est l'éducation à l'affectivité, à la saine communication, aux notions de respect, à l'empathie, à la dignité humaine, à la considération des besoins de l'autre, à l'affirmation de soi, au consentement, et j'en passe. Les cours pourraient aisément prendre le nom d'Éducation relationnelle, affective et sexuelle.

Si certains avancent que l'éducation sexuelle est une tâche qui incombe aux parents et que la réintroduction de l'éducation sexuelle revient à déresponsabiliser ceux-ci. Je dirais simplement qu'il ne faut pas nier que les parents ont un rôle de premier plan à jouer, mais que l'éducation sexuelle des jeunes peut être considérée comme une entreprise collective avant tout. La réalité est la suivante: il n'est pas toujours aisé pour les parents d'aborder la question de la sexualité avec leur(s) enfant(s). Certains sont mal outillés ou bien sont mal à l'aise devant le sujet. Certains peuvent avoir beaucoup de tact, d'autres peuvent être extrêmement directs (trop?), alors que d'autres sont muets sur la question, pensant à tort que « de toute façon les jeunes d'aujourd'hui ils connaissent ce qu'il y a à savoir ». Tout cela pour dire que l'école est un bon complément à l'éducation sexuelle reçue ou non à la maison. Et pour ceux qui s'en inquiéteraient, non, le fait de parler de sexualité à des jeunes ne tend pas à provoquer des activités sexuelles chez ceux-ci et à augmenter le taux de grossesses adolescentes. Pis, n'ayez crainte, je ne pense pas qu'on se mette à enseigner « la théorie du genre » dans nos écoles.

Pour finir, si vous aussi vous êtes convaincus que l'éducation sexuelle doit revenir à l'école, ne serait-ce que pour combattre le discours sexiste et stéréotypé proposé dans les médias de masse, vous êtes convié à signer la Pétition en faveur de l'instauration des cours d'éducation à la sexualité qui est présentement sur le site de l'Assemblée nationale, et ce, dans le but d'envoyer un message collectif significatif au gouvernement. À noter qu'il s'agit d'une initiative de Mme Cathy Tétrault, directrice générale du Centre Cyber-aide.

Pour signer la pétition, c'est par ici.

On vise 10 000 signatures!

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