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Un plan d'action regroupe une variété d'acteurs tels que les personnes sinistrées, les intervenants, l'équipe de coordination, les bénévoles, les centres hospitaliers et CLSC, l'armée, la police, les ambulanciers et les autorités gouvernementales. Pour chacun d'eux sont déterminés des besoins, des objectifs, des interventions, des moyens et un échéancier particulier.
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Pour ceux que cela intéresse, voici, dans les grandes lignes, à quoi peut ressembler le plan d'action des intervenants amenés à intervenir en cas de sinistre. Un événement traumatisant tel que celui qui s'abat présentement sur la communauté du Lac-Mégantic.

Un plan d'action regroupe une variété d'acteurs tels que les personnes sinistrées, les intervenants, l'équipe de coordination, les bénévoles, les centres hospitaliers et CLSC, les pompiers, l'armée, la police, les ambulanciers et les autorités gouvernementales. Pour chacun d'eux sont déterminés des besoins, des objectifs, des interventions, des moyens et un échéancier particulier.

Nous nous pencherons ici, sans trop aller dans le détail, sur le cas des personnes sinistrées, des intervenants et des bénévoles.

Les personnes sinistrées

(soit toute personne touchée directement ou indirectement par l'événement traumatisant)

Leurs besoins sont variés:

  • Besoin de soutien émotionnel: verbaliser et normaliser les émotions vécues, entraide entre pairs, solidarité communautaire.
  • Besoin de services psychosociaux offerts par des intervenants.
  • Besoin d'hébergement, de nourriture et d'habillement.
  • Besoin d'information sur la situation: faits à jour, services offerts, accès à des moyens de communication.
  • Besoin de soins de santé physique.
  • Besoin de soins de santé psychologique: particulièrement pour les personnes plus vulnérables/population à risque.

Les intervenants

Qui sont-ils d'abord?

Les intervenants regroupent des travailleurs sociaux, intervenants de crise, psychologues, intervenants de milieu, etc. Leur objectif premier est d'offrir du support et de l'aide psycho-sociale aux personnes touchées par le sinistre. En premier lieu aux sinistrés de niveau primaire, puis secondaire et tertiaire

Voici quelques interventions et moyens des intervenants:

1. Accueillir la détresse, créer un lien thérapeutique, aider les personnes sinistrées à retrouver leur sentiment de sécurité.

Moyens:

  • Animer des séances collectives (petits groupes et grands groupes) de verbalisation dites de débriefing, soutenir et réconforter, faciliter la création de comités de soutien aux victimes.
  • Permettre aux sentiments et réactions de s'extérioriser librement. Normaliser, reconnaitre le vécu, valider le ressenti.
  • Les personnes présentant de la détresse psychologique doivent être immédiatement soutenues émotionnellement via de l'aide psychologique.
  • L'intervenant doit démontrer de la flexibilité, une capacité d'adaptation en fonction des besoins des personnes sinistrés, et offrir du soutien émotionnel par l'écoute active et une présence chaleureuse.

2. Dépister les personnes sinistrées les plus vulnérables

Moyens:

  • Les services et l'aide apportée doivent être desservis dans des lieux variés (abris d'urgence, lieux de travail, domicile). Également, procéder à la consultation des dossiers des Centres de santé et de services sociaux (CSSS).

3. Promulguer des interventions psycho-éducatives

Moyens:

-Normaliser les réactions, expliquer les étapes par lesquelles ils peuvent passer (choc, agitation, désorientation, etc.). Informer sur les facteurs de risques et de protections. Il importe particulièrement d'offrir des réponses proactives aux groupes cumulant plusieurs facteurs d'exposition et de vulnérabilité.

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Lac-Mégantic après la tragédie

4. Favoriser l'«empowerment» et la résilience des personnes sinistrés

Moyens:

  • Déléguer aux personnes sinistrées des responsabilités, en leur donnant un rôle actif tant au niveau du soutien aux pairs qu'au niveau plus technique. Considérant la théorie de crise voulant que chaque personne possède la capacité de faire face à une situation stressante et traumatisante, les interventions doivent s'appuyer sur la résilience comme réponse normative. On ne traite pas les individus en victime, mais comme des personnes pouvant avoir un pouvoir sur la suite des choses. D'où par exemple l'utilisation terminologique de sinistrés et non victimes.
  • Dans un délai raisonnable, permettre aux victimes de se remémorer l'évènement traumatisant et axer le soutien sur leur capacité dans une perspective d'«empowerment».

5. Proaction dans les interventions

Moyens:

  • Ne pas attendre que les personnes vulnérables viennent au point d'urgence, se rendre dans des résidences, cogner aux portes, passer des appels, etc.

6. Offrir une aide afin de s'assurer que les besoins de base (nourriture, hébergement, habillement) soient comblés

Moyens:

  • Évaluer les besoins de base des personnes sinistrées.
  • Diriger les personnes sinistrées vers les lieux de ravitaillements et de secours établis par l'armée.

7. Offrir un soutien en lien avec les pertes humaines et matérielles

Moyens

  • Accompagnement à l'hôpital et soutien au deuil.
  • Estimation de la dangerosité et des idées suicidaires.
  • Écoute.
  • Soutenir pendant tout le processus, informer de la présence des services psychosociaux et de la disponibilité des intervenants sociaux (court, moyen et long terme).

8. Voir au respect des droits fondamentaux et civils; faire de la défense des droits

Moyens:

  • Aider à remplir les formulaires d'indemnisation, recenser les pertes, jouer un rôle de défenseur des droits des personnes sinistrés auprès des autorités municipales et gouvernementales.

Les bénévoles

N'oublions pas les précieux bénévoles, ceux-ci viennent compléter le travail des professionnels et sont tout aussi essentiels. Leurs objectifs sont de l'ordre du soutien moral et psychologique auprès des personnes sinistrées. Ils peuvent aussi veiller à l'aspect technique et matériel.

Leurs interventions principales sont les suivantes:

  • Référer aux services appropriés, aux ressources pouvant répondent aux besoins des personnes sinistrés.
  • Prêter main-forte aux différents acteurs et offrir de l'information et de l'orientation aux personnes sur place.
  • Participer à la distribution de matériel de base.
  • Les bénévoles dûment formés peuvent décliner certaines interventions psycho-éducatives.
  • De l'écoute, beaucoup d'écoute. Laisser place au silence. Assurer une présence.
  • Ils peuvent également effectuer des visites à domicile et dans les différents centres de relocalisation afin de déceler les besoins primaires des personnes sinistrés ou d'agir en prévention.

Voilà. Nous venons de voir très sommairement quelques éléments d'un plan d'intervention en cas de sinistre. J'espère que cela a pu vu éclairer un peu sur les interventions qui sont sûrement présentement en cours au Lac-Mégantic.

En terminant, j'ajouterais quelques mots si vous me le permettez.

Cri du cœur

Quand je regarde et écoute ce qui se déroule au Lac-Mégantic, je me sens mal. Un peu comme lorsque, tout petit, j'écoutais Vision Mondiale et que je réalisais la chance que j'avais d'être là, dans mon salon. Un mélange d'impuissance, de tristesse et de révolte intérieure. Lac-Mégantic, c'est exactement ça. La tragédie, malgré l'écran, est bien là, insoutenable, presque irréelle. Le plus désarmant est peut-être la difficulté, voir l'impossibilité, de ressentir et même d'imaginer ce qui est vécu par les gens là-bas. Et, peut-être est-ce mieux ainsi.

L'homme tendant à se comparer, j'ai mal de vivre aussi «simplement» que je le fais, avec mes petits tiraillements intérieurs, du type est-ce que je vais pouvoir payer mes comptes ce mois-ci?, alors qu'une communauté entière d'hommes et de femmes est présentement attaquée en plein cœur. Devant l'intimité et la vulnérabilité, mais également la solidarité absolument renversante et belle!, de cette communauté, nos petits tracas de la vie quotidienne ne valent pas grand-chose. Le boulot, les projets de rénovations, les passe-temps du week-end, ne sont qu'illusions, carton pate; ce n'est rien, absolument rien, en comparaison avec ces vies humaines, brisées, qui s'annoncent par dizaines. Surtout quand celles-ci quittent aussi froidement, sans mot, sans avertissement. Coup de poignard au cœur; l'esprit vacille, et les mécanismes de défense s'agitent en vain. Quand je vois cet homme qui a perdu ses proches et qui, nous mettant en garde, dit à la caméra de ne pas avoir d'enfant, car la douleur de les perdre est trop foudroyante, j'ai le souffle court, très court. Que dire à cet homme qui devra enterrer (et encore) son fils, sa bru et continuer à vivre avec ses petits enfants? Comment le réconforter? Est-ce seulement possible?

Que nous nous sentions mal, attristés, altérés, peinés, renversés par la tragédie, tant mieux!, c'est signe que l'humanité a encore de la vigueur, que la banalisation du quotidien et de ses drames ne nous a pas encore totalement égarés. C'est signe qu'un cri du cœur devant la négligence crasse et criminelle est possible. Que celui-ci invite à la solidarité, à la mobilisation, et force nos gouvernements à mettre de l'avant de nouvelles mesures de sécurité pour éviter à tout prix qu'une tragédie comme celle-là ne se reproduise.

Quelques liens utiles en lien avec la situation du Lac-Mégantic:

- La ligne info-citoyen: 819 583-2441

- Soutien psychologique: 811

- Pour les dons à la Croix rouge

- Groupe facebook pour retrouver des proches et pour du soutien

- Les centres de crise

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