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Cigarette électronique: le gouvernement doit reculer

Le gouvernement du Québec joue-t-il le jeu du lobby de l'industrie du tabac?
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Depuis l'adoption récente de la Loi 44, la vapoteuse (cigarette électronique, vape, e-cigarette) est devenue un produit du tabac au Québec. On en restreint désormais la publicité, l'affichage en magasin ainsi que la vente (l'achat en ligne n'est plus possible au Québec, par exemple); de même qu'il y a interdiction de vapoter à tous les endroits où la cigarette traditionnelle est déjà proscrite.

Une des conséquences les plus fâcheuses de cette loi est que comme il n'est plus possible d'utiliser de vapoteuse dans les lieux publics, les boutiques et autres détaillants de cigarettes électroniques et d'e-liquides ne peuvent plus faire essayer les saveurs à leur clientèle. Même les liquides sans nicotine sont bannis, puisqu'il va sans dire que, comme chacun le sait, un mélange de propylène glycol, de glycérine végétale et de saveur de framboise est évidemment un produit du tabac !

Alors que les fumeurs qui pensaient faire le saut de la cigarette traditionnelle à la vapoteuse ne peuvent désormais plus en faire l'essai en boutique, on peut s'inquiéter que de telles mesures ne freinent leur l'élan, la perspective de devoir acheter des liquides à l'aveuglette étant peu alléchante.

De plus, en obligeant les vapoteurs à se retrancher à l'extérieur d'un rayon de neuf mètres des commerces, des restaurants, des bars, ne nuit-on pas à leurs chances de réussir à se sevrer du tabac ? Qui plus est, cette interdiction est «matériellement impossible à appliquer sur les rues commerciales où l'espace est restreint», de soutenir la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI).

Alors que le gouvernement avait une occasion en or de considérer la vapoteuse comme un formidable bienfait pour la santé publique, voici qu'il a confondu le remède avec le poison, jouant ainsi le jeu du lobby de l'industrie du tabac et celui de l'industrie pharmaceutique.

Faut-il rappeler que les puissantes compagnies de tabac, ces dernières ayant merveilleusement orchestré une campagne de peur et de désinformation envers la vapoteuse (en France, c'est plus ou moins la même chose ; ici et voir ici), sont ébranlées à l'idée que le commerce de celle-ci mine leur rentabilité . L'industrie pharmaceutique, quant à elle, bénéficie notamment de la vente des timbres et gommes à la nicotine, mais également des médicaments traitant les maladies produites par le tabagisme. Ces deux industries ont tout à gagner à voir l'industrie de la cigarette électronique stigmatisée et marginalisée.

Ajoutons que le gouvernement du Québec est lui aussi concerné, puisqu'il devra bientôt compenser les taxes perdues sur la vente de tabac. Et que dire de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDP), une société d'État, qui détient 16 millions d'actions dans différentes compagnies de tabac (pour une valeur totale de 538 millions $), et ce, alors que le Québec a pourtant adopté un décret le liant à la Convention-cadre de l'Organisation mondiale de la santé pour la lutte antitabac.

D'un côté de la bouche, on nomme sa volonté de se défaire de sa dépendance au tabac, et de l'autre côté, on ne se gêne pas pour investir sans complexe dans les cigarettiers...

Quand en plus, vous avez la ministre déléguée à la Santé publique, Lucie Charlebois, qui affirme qu'il «faut rendre l'accès de ces produits moins facile et empêcher toute forme d'incitation», puis le directeur général du Conseil québécois sur le tabac et la santé, Mario Bujold, avançant que «la cigarette électronique présente un risque réel de faire augmenter la consommation de tabac au Québec», de même que, plus récemment, le ministère de la Santé du Québec par le biais de sa porte-parole qui dit que «la cigarette électronique n'est pas considérée comme un moyen efficace pour cesser de fumer. En fait, ce n'est pas un moyen tout court.»

Par ailleurs, il est désolant de constater autant de titres dans les médias qui désavouent l'utilisation de la vapoteuse tel que «Les cigarettes électroniques parfois plus cancérigènes que le tabac», «Les cigarettes électroniques dangereuses pour la santé», la petite propagande s'opère. Pour mieux comprendre la désinformation sur la cigarette électronique, il y a ceci à consulter.

Bien que le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, ait vanté les vertus de la cigarette électronique, il demeure que le gouvernement continue de traiter les utilisateurs de vapoteuse en parias, ce qui n'a d'autre conséquence que celle, fâcheuse, de garder les fumeurs loin de la vapoteuse.

Le gouvernement semble malheureusement résolu à vouloir tuer dans l'œuf la révolution de la cigarette électronique, condamnant ainsi un grand nombre de fumeurs, d'ex-fumeurs et de futurs fumeurs à demeurer esclaves du tabac.

Il va sans dire que la vapoteuse n'est pas totalement dénuée de risques, mais les bénéfices sont largement supérieurs aux risques qu'elle peut engendrer. C'est le jour et la nuit si on la compare à la cigarette traditionnelle, cette dernière contenant environ 50 agents carcinogènes. Selon les autorités sanitaires britanniques, la cigarette électronique serait 95 % moins nocive que le tabac.

À l'heure où la Grande-Bretagne engage une lutte antitabagique historique qui l'amène à faire de la cigarette électronique un outil et un levier de premier choix pour lutter contre l'addiction au tabac - en donnant par ailleurs le droit aux médecins généralistes de la prescrire -, Québec se plie quant à lui aux intérêts des compagnies de tabac, ce alors que plus de 10 000 personnes meurent chaque année au Québec d'une maladie associée au tabagisme.

Nous invitons le gouvernement à reconsidérer sa position quant à la vapoteuse, et donc à cesser de l'assimiler maladroitement au tabac et de lui faire subir une réglementation aussi restrictive que nuisible pour la santé publique.

Si l'encadrement des produits de la cigarette électronique s'avère nécessaire, il advient qu'une gestion adaptée de la vapoteuse, soit qui ne lui accole pas une image négative et qui encourage son utilisation chez les personnes concernées, existe bel et bien.

Texte co-écrit avec Martin Ouellet.

Signataires:

Valérie Gallant, Vape Classique

François Laroche, Vapurete

Jean-Marcel Picard, Vapoze

Karyn Laverdière, Quebec Vape

Dominique Poulin, Vape de l'Est

Emmanue Vandal, Brume Expérience

Maxime Sincerny, Vapenova

Armand Vadnais, Brume Expérience

Michel Perreault, Fou de la Vape

Marc-André Loupret, Vapeking

Steve Dupuis, Vapetronic

Tristan Robichaud, Savapeur

Pierre Gagné, Royal Vape Canada

Josée Deschênes, La vapoteuse

Christine Beaudoin, Lava8p

Nancy Vincent, Vape H2o

Francis Labonté, VapeKing Québec

Mederic Mazel, Le Vapologue

Mélanie Cabana, Vapeurs Gourmandes

Valerie Hubert, g2vape

Monique Thibault, Vape Vizion

Jonathan St-Pierre, VapeKing

Guillaume Côté, Hava Vape Lounge

Hugo Devin, E-vap

Laurent Benchetrit, vaplab.ca

Jonathan Hallé, Vape Xtreme

Cathie Lévesque, Vape Xtreme

Jonathan Nass, spécialiste de la vente en équipement de la vape

Valérie Lacerte, Vape sublime

Jonathan St-Pierre, Vapeking

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