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Sans l'aura charismatique de Justin Trudeau, le PLC perd sa longueur d'avance sur tous les autres partis au Canada, alors qu'aucun autre chef de parti n'avait une image de marque aussi forte que celle du chef libéral.
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Le Parti libéral du Canada, qui affichait sur ses pancartes le nom «Équipe Trudeau» lors des dernières élections, est-il vraiment prêt à se départir de son joueur vedette?
Patrick Doyle / Reuters
Le Parti libéral du Canada, qui affichait sur ses pancartes le nom «Équipe Trudeau» lors des dernières élections, est-il vraiment prêt à se départir de son joueur vedette?

Depuis des semaines, l'affaire SNC-Lavalin domine la scène politique canadienne et met le premier ministre Trudeau dans l'embarras. Après la démission de la ministre Jody Wilson-Raybould qui disait avoir été victime de pressions illégales de la part du cabinet Trudeau, sa collègue ministre Jane Philpott lui a emboîté le pas, affirmant ne plus avoir confiance en Justin Trudeau.

Cependant, les deux femmes n'ont jamais mentionné vouloir quitter la politique, bien au contraire: Jane Philpott et Jody Wilson-Raybould ont manifesté leur intention non seulement de rester au sein du caucus libéral, mais d'être à nouveau candidates à l'élection canadienne du 22 octobre prochain.

En parallèle, Mme Wilson-Raybould a livré un témoignage dévastateur contre le premier ministre à la Chambre des communes, ce qui alimente les rumeurs et en pousse certains à penser que les ex-ministres Philpott et Wilson-Raybould seraient en train d'orchestrer un putsch à ciel ouvert contre le chef libéral.

Trudeau, mascotte libérale

Pourtant, les libéraux convaincus ne devraient pas du tout se réjouir de ces tentatives de pousser Justin Trudeau vers la sortie. Depuis qu'il dirige le parti, cet homme a réussi à le faire renaître alors que tous le croyaient mort et enterré après les désastreux leaderships de Stéphane Dion et de Michael Ignatieff. Si le PLC est parvenu à doubler le Parti conservateur et le Nouveau Parti démocratique à l'élection fédérale de 2015, c'est principalement grâce au polarisant charisme de Justin Trudeau, qu'on le veuille ou non.

Le Parti libéral du Canada, qui affichait sur ses pancartes le nom «Équipe Trudeau» lors des dernières élections, est-il vraiment prêt à se départir de son joueur vedette?

Comme son père avant lui, Justin Trudeau a été capable de se forger une image forte qui polarise énormément: soit on adore son personnage de millénial vivant d'égoportraits et d'excuses larmoyantes aux groupes minoritaires, soit on le déteste à s'en confesser.

L'entre-deux est excessivement rare lorsqu'il est question du premier ministre canadien et c'est sa force: même les couches de la population largement réfractaire à la chose politique le connaissent et savent globalement ce qu'il représente. Le Parti libéral du Canada, qui affichait sur ses pancartes le nom «Équipe Trudeau» lors des dernières élections, est-il vraiment prêt à se départir de son joueur vedette?

Un parti comme les autres

Certes, l'étoile du chef libéral a pâli depuis sa flamboyante arrivée au pouvoir: l'achat de l'oléoduc Trans Mountain, les déficits massifs et le manque flagrant d'éthique dont il a fait preuve concernant SNC-Lavalin, entre autres, peuvent tout à fait être retenus contre lui. Toutefois, les députés libéraux devraient se demander si une démission à moins d'un an des élections ferait vraiment oublier tout cela aux électeurs. Bien au contraire, le départ de l'enfant chéri du Canada pourrait très bien nuire monumentalement à l'équipe ministérielle.

Sans l'aura charismatique de Justin Trudeau, le PLC perd sa longueur d'avance sur tous les autres partis au Canada, alors qu'aucun autre chef de parti n'avait une image de marque aussi forte que celle du chef libéral. Face à Andrew Scheer et Jagmeet Singh, il pouvait facilement se démarquer du lot, mais qui dit qu'un éventuel successeur parviendrait à en faire autant?

Au fond, privé de son gourou de la politique-selfie, le Parti libéral du Canada redeviendrait un parti comme les autres.

Également, si les analystes rappellent constamment que la prochaine élection fédérale se jouera au Québec, où l'électorat volage déterminera le gagnant, les libéraux seraient complètement fous de vouloir larguer son chef, qui parle français sans accent, pour le remplacer par un anglophone bilingue ou par un unilingue anglophone.

C'est bien connu, les chefs anglophones ne gagnent pratiquement jamais une majorité de sièges au Québec et le PLC ne dispose pas de personnalités francophones assez connues pour remplacer Justin Trudeau, à l'exception de Mélanie Joly, la risée des médias depuis l'affaire Netflix.

Alors que le Québec s'annonce le centre névralgique du prochain scrutin, le PLC se tirerait dans le pied en montrant la porte à un chef qui mène les sondages au Québec depuis 2015.

Au fond, privé de son gourou de la politique-selfie, le Parti libéral du Canada redeviendrait un parti comme les autres: critiqué d'abord pour son bilan, incapable de connecter avec les Québécois et dépourvu de la marque de commerce distincte qu'était «Équipe Trudeau».

C'est dans leur meilleur intérêt; les libéraux auraient avantage à continuer d'endurer Justin (et le pouvoir) quatre années de plus au moins. Par contre, Andrew Scheer, Jagmeet Singh et Yves-François Blanchet doivent saliver à l'idée d'affronter un PLC affaibli et en déroute à l'automne prochain...

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