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Pour retrouver sa popularité et sa pertinence d'antan, le Parti québécois n'a d'autre choix que de se recentrer sur sa raison d'être: l'indépendance du Québec.
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Depuis le début de la campagne électorale, c'est le PQ qui est devenu «la troisième voie». Il a peiné à se frayer un chemin entre le PLQ et la CAQ.
PierreDesrosiers via Getty Images
Depuis le début de la campagne électorale, c'est le PQ qui est devenu «la troisième voie». Il a peiné à se frayer un chemin entre le PLQ et la CAQ.

Il n'y a pas à dire, les lendemains de l'élection du 1 octobre ont été difficiles pour les péquistes: avec 17% des appuis et 10 élus après recomptage, le parti a atteint les bas fonds avec le pire score de son existence, lequel lui est insuffisant pour constituer un groupe parlementaire aux yeux du règlement de l'Assemblée nationale.

Depuis le début de la campagne électorale, c'est le PQ qui est devenu «la troisième voie». Il a peiné à se frayer un chemin entre le PLQ et la CAQ, alors que le débat s'est éloigné du traditionnel affrontement entre fédéralistes et indépendantistes pour lequel il a été créé.

Comme si ce n'était pas suffisant, le PQ se trouve aussi pris de dos par Québec solidaire, plus radical que lui et n'ayant aucun bilan à défendre. Pour retrouver sa popularité et sa pertinence d'antan, le Parti québécois n'a d'autre choix que de se recentrer sur sa raison d'être: l'indépendance du Québec, sans condition.

Le parti de l'indépendance

Dans la situation où il se trouve présentement, c'est-à-dire écarté de la nouvelle polarisation politique résultant du dernier scrutin et relégué au statut de tiers parti, le PQ doit miser sur ce qui le différencie pour revenir à l'avant-plan: il est l'unique parti actuel qui a été créé dans la seule optique de faire du Québec un pays.

Les Québécois en sont éminemment conscients et, historiquement, lorsque l'appui à la souveraineté a augmenté, l'appui au PQ a fait de même. Néanmoins, depuis l'échec du dernier référendum, le parti semble avoir intériorisé que l'indépendance lui sert de boulet plutôt que de boussole, qu'elle constitue le seul frein à sa prise du pouvoir plutôt que sa raison d'être.

C'est cette mentalité qui a accouché des «conditions gagnantes» sans lesquelles aucune démarche indépendantiste ne sera amorcée, de la «gouvernance souverainiste» sans promesse de référendum et de son évolution ultime: la promesse ferme de ne rien faire du tout pour l'indépendance advenant que le PQ soit élu en 2018, avec laquelle Jean-François Lisée a accédé à la chefferie du parti.

Depuis l'échec du dernier référendum, le parti semble avoir intériorisé que l'indépendance constitue le seul frein à sa prise du pouvoir plutôt que sa raison d'être.

C'est avec cet égarement sans pareil depuis sa fondation en 1968 que le Parti québécois en est venu à sa défaite épique d'octobre 2018, éminemment prévisible dans une élection où la souveraineté n'a pas eu sa place, en grande partie à cause du leadership péquiste, paradoxalement.

En regardant les cendres des 49,48% de OUI éparpillées aux quatre vents, à QS, à la CAQ et même au PLQ, espérons que le PQ s'aperçoive que le mouvement indépendantiste dont il était le catalyseur se retrouve plus démobilisé que jamais et qu'il ne votera plus strictement par loyauté partisane pour un parti souverainiste qui promet de ne pas l'être.

Le pays pour tous

Dans la démarche d'introspection qui surviendra assurément après une pareille dégelée, le Parti québécois et ses militants auront devant eux le défi de taille de coaliser les indépendantistes, qu'ils soient de gauche, de centre ou de droite, une tâche à laquelle le parti devient malheureusement de moins en moins efficace au fil du temps.

À sa fondation, le PQ héritait du Ralliement national de Gilles Grégoire un fort courant centriste, dont Jean Garon est le représentant le plus connu à ce jour. En 1994, il était élu dans Lévis avec 72% des appuis, alors qu'en 2018, le Parti québécois y a fait 10% et n'avait aucun espoir dans la région de Chaudière-Appalaches, où il n'a remporté aucun siège depuis 15 ans.

Le PQ a troqué l'indépendance pour la gouvernance gauchiste et nationaliste, et il était destiné à frapper un mur lorsque des voix plus gauchistes et plus nationalistes émergeraient.

Manifestement, quelque chose s'est produit en cours de route pour en arriver à ce triste état des lieux. Le PQ a troqué l'indépendance pour la gouvernance gauchiste et nationaliste, et il était destiné à frapper un mur lorsque des voix plus gauchistes et plus nationalistes émergeraient. C'est exactement ce qui s'est produit en 2018 avec la montée de QS à sa gauche et de la CAQ à sa droite: le parti s'est retrouvé écartelé et affaibli, avec seulement 17% d'appuis à la grandeur du Québec.

Pourtant, le soir même de la défaite cuisante, on en voyait déjà plaider pour une nouvelle tentative d'alliance, voire une fusion pure et simple, entre le Parti québécois et Québec solidaire, un parti fondé parce que le PQ n'était «plus assez à gauche» depuis les années Bouchard et qui regroupe bon nombre de fédéralistes de gauche.

Si, comme l'ex-ministre péquiste Réjean Hébert le propose, le véritable objectif est de «rebâtir la gauche au Québec», alors cela signerait bel et bien l'arrêt de mort du mouvement indépendantiste.

Si le but de la démarche est de mettre le cap sur l'indépendance, on a tout faux: ce n'est pas en marginalisant davantage l'option à gauche que l'on parviendra à réaliser ce grand projet qui, depuis ses débuts, a su rallier autant à gauche qu'à droite.

Néanmoins, si, comme l'ex-ministre péquiste Réjean Hébert le propose, le véritable objectif est de «rebâtir la gauche au Québec», alors cela signerait bel et bien l'arrêt de mort du mouvement indépendantiste, dont les sympathisants seraient redevenus avant tout des gens de gauche et de droite, mettant de côté leurs affinités politiques.

La direction Bérubé

Seul le temps dira si le Parti québécois a la volonté nécessaire pour redevenir le parti de tous les indépendantistes et pour remettre cet idéal de l'avant après l'avoir dissimulé de toutes les façons possibles depuis des années. À priori, le chef parlementaire Pascal Bérubé semble vouloir renverser la tendance, affirmant qu'il fait de la politique pour l'indépendance du Québec et que c'est ainsi que le PQ se distingue de ces adversaires.

Confronté aux propos de son ex-collègue Réjean Hébert, dont le diagnostic est partagé par nombre de péquistes, le député de Matane-Matapédia a fermé la porte à une fusion avec Québec solidaire, en toute cohérence avec son intention de bâtir l'avenir du Parti québécois sur la souveraineté, plutôt que sur la gauche. En espérant que le parti le suive dans cette direction, puisque c'est là que se trouvent à la fois sa raison d'être et son salut.

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