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Parti québécois: le décisif moment Louis-Hébert

Les tendances s'étant manifestées lors de la campagne dans Louis-Hébert pourraient être ravageuses pour le PQ le 1er octobre, si elles réapparaissent.
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La caquiste Genevieve Guilbault célèbre sa victoire auprès de son chef François Legault, dans Louis-Hebert, le 2 octobre 2017.
LA PRESSE CANADIENNE / Jacques Boissinot
La caquiste Genevieve Guilbault célèbre sa victoire auprès de son chef François Legault, dans Louis-Hebert, le 2 octobre 2017.

Voilà plus d'un an que le Parti québécois encaisse les coups, sa popularité baissant systématiquement d'une enquête d'opinion à l'autre, allant même jusqu'à atteindre 16,5% dans le dernier Mainstreet.

Si cette triste chute se dessine depuis l'échec des tentatives d'alliance électorale avec Québec solidaire en mai 2017, elle a redoublé d'intensité lors de l'élection partielle de Louis-Hébert, où la Coalition avenir Québec a su envoyer un fort message aux Québécois avec le triomphe de sa candidate, laquelle a amassé plus de 52% des suffrages exprimés le 2 octobre 2017.

Il semblerait que l'élection complémentaire ait cristallisé au moins temporairement la tendance puisque, depuis ce temps, la CAQ plane en tête des sondages alors que le PQ fait, malheureusement pour lui, du rase-mottes.

Rien n'est joué, diront avec raison les optimistes, mais force est d'admettre que les tendances s'étant manifestées lors de la campagne dans Louis-Hébert pourraient être ravageuses pour le Parti québécois le 1er octobre, si elles réapparaissent. Cette éventualité est loin d'être impossible, surtout en considérant l'impact de l'élection partielle sur l'opinion publique québécoise par après.

Des dés pipés d'avance?

En toute bonne foi, il faut reconnaître que certains facteurs purement conjoncturels ont pavé la voie à une victoire caquiste, principalement la circonscription dans laquelle avait lieu l'élection partielle.

Louis-Hébert est située dans la région de la Capitale-Nationale, où le Parti québécois est en sévère difficulté depuis 2003. Dans ce contexte, l'alternative aux libéraux a en quelque sorte atterri sur l'équipe Legault, par défaut. Considérant que, depuis sa création, elle avait toujours coiffé le PQ dans le comté à la deuxième place, derrière le populaire Sam Hamad (PLQ), on pouvait s'attendre à cet état de fait.

Malgré une situation aussi improbable qu'embarrassante, où le PLQ et la CAQ ont dû remplacer leur candidat respectif pour des histoires de harcèlement en milieu de travail, les pronostics n'ont jamais bronché et on les a toujours présentés comme étant nez à nez. À la télé, à la radio, dans les journaux, on parlait d'une course à deux et on incitait les citoyens à faire leur choix entre le Parti libéral et la Coalition avenir Québec.

Dur, dur pour le Parti québécois de s'insérer dans une course où on ne voulait pas l'y voir de toute façon, et ce malgré une candidature fort intéressante.

Dur, dur pour le Parti québécois de s'insérer dans une course où on ne voulait pas l'y voir de toute façon, et ce malgré une candidature fort intéressante. Comme de raison, les électeurs ont tranché parmi les deux choix qu'on leur avait offerts et ont élu la caquiste Geneviève Guilbault, avec 52% du vote pour envoyer un message retentissant à Philippe Couillard et au Québec entier.

L'exode des sympathisants

Le résultat en lui-même n'était pas une renversante surprise pour quiconque, sinon la fermeté de l'appui à la CAQ. Toutefois, ce qui a le plus fait mal au Parti québécois lors de la partielle, c'est l'exode d'un bon nombre de ses sympathisants, ayant choisi le camp des vainqueurs, par simple désir de voir les libéraux perdre la circonscription.

Beaucoup de péquistes de cœur sont sortis voter le soir du 2 octobre, mais ont voté pour Geneviève Guilbault en se bouchant le nez tellement ils désiraient voir le Parti libéral, dominant dans leur comté depuis 14 ans, manger la raclée de sa vie.

Sur le terrain, il n'était pas rare d'entendre des électeurs péquistes dire qu'ils appuieraient la Coalition au moins pour la durée de l'élection parce qu'ils n'avaient plus confiance dans le PQ pour remporter Louis-Hébert. Plus douloureux encore étaient ceux qui affirmaient ne plus faire confiance au parti après l'avoir longuement appuyé pour des raisons autres, notamment le report de l'indépendance et l'incapacité du parti à obtenir une victoire majoritaire depuis 1998.

C'est donc une crise de confiance que l'on peut déceler dans certaines franges de l'électorat traditionnellement péquiste, qui ne croient malheureusement plus que leur parti soit apte à gagner des élections, surtout pas dans des régions plus difficiles où ses appuis menacent de s'effondrer.

Après s'être servi du vote stratégique comme argument massue contre ses adversaires durant des années, voilà que le Parti québécois s'est retrouvé du mauvais côté de cette rhétorique et en a fait les frais lors du scrutin dans Louis-Hébert.

Cette position en est une extrêmement difficile et il n'est pas exclu qu'elle le soit encore le 1er octobre.

Le 1er octobre, un Louis-Hébert à grande échelle?

La victoire convaincante de la candidate caquiste le 2 octobre 2017 a laissé des traces dans l'opinion publique, du moins peut-on le sentir avec la montée de la CAQ, qui depuis dépasse le PLQ dans pratiquement toutes les enquêtes d'opinion.

Sans doute que bon nombre d'électeurs y ont vu un message clair, selon lequel seul le parti de François Legault aurait les reins assez solides pour évincer Philippe Couillard du pouvoir le premier octobre. C'est ce que doit à tout prix éviter le PQ s'il veut rester en vie.

Pourtant, même en dehors d'une région ne lui réussissant pas comme Québec, le Parti québécois s'expose encore aux mêmes facteurs l'ayant marginalisé dans Louis-Hébert. S'il ne réussit pas à se réveiller de sa torpeur bientôt, la perception de la «course à deux» entre François Legault et Philippe Couillard sera bien ancrée dans l'opinion publique et ce sera infiniment plus difficile pour Jean-François Lisée de se présenter comme un candidat crédible au poste de premier ministre.

C'est ainsi que des électeurs péquistes de toujours, souverainistes et/ou sociaux-démocrates, pourraient être tentés d'appuyer la CAQ simplement pour appuyer le cheval gagnant pour une fois et enfin faire élire un gouvernement majoritaire qui ne soit pas libéral.

Regagner les partisans

À minuit moins une, Jean-François Lisée et ses troupes sont en bien mauvaise posture, puisqu'en plus de devoir rallier de nouveaux électeurs dans le but de faire des gains, ils écopent de la lourde tâche de travailler à regagner leurs partisans.

Ceux-ci, de plus en plus désillusionnés, voient de moins en moins en le Parti québécois un parti capable de gagner et souhaitent plus que tout mettre les libéraux dehors après tant d'années. Leur choix se porte donc sur la CAQ, pas tant par amour pour François Legault que par animosité envers Philippe Couillard.

Le défi du PQ d'ici l'élection n'est donc plus seulement de montrer qu'il a les meilleures idées pour le Québec, mais bien de convaincre le public qu'il est encore capable de se faire élire pour mettre en œuvre son programme.

Heureusement pour les péquistes, il n'est pas encore trop tard. Aucun vote n'étant dans l'urne, Lisée et son équipe ont encore le temps de séduire l'électorat d'une façon ou d'une autre pour éviter l'hécatombe que tous leur prédisent.

Après tout, ce n'est pas la première fois qu'une situation semblable arrive: l'épisode Louis-Hébert rappelle drôlement les quatre victoires de l'Action démocratique du Québec aux élections partielles de Saguenay, Joliette, Vimont et Berthier en 2002, lesquelles ont catapulté le parti de Mario Dumont à la tête des sondages avant que celui-ci ne s'écrase juste à temps pour l'élection générale de 2003.

Par contre, on aurait tort de se baser là-dessus pour espérer un crash inattendu de la CAQ, qui semble bel et bien en route vers un gouvernement majoritaire le premier octobre...

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