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Le gouvernement Trudeau est-il le valet de la mondialisation?

Plutôt que de défendre les intérêts des citoyens, le premier ministre file doux avec les grandes entreprises et se contente d'être «déçu» lorsqu'elles se servent de l'argent public pour prospérer aux dépens des gens.
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Cette nouvelle arrive un mois après que le gouvernement Trudeau a fait un cadeau de 2,8 milliards de dollars à GM en radiant un prêt qui avait été fait à la compagnie dans l'intention qu'elle le rembourse.
Cole Burston/Bloomberg via Getty Images
Cette nouvelle arrive un mois après que le gouvernement Trudeau a fait un cadeau de 2,8 milliards de dollars à GM en radiant un prêt qui avait été fait à la compagnie dans l'intention qu'elle le rembourse.

Lundi dernier, General Motorsa annoncé la fermeture de son usine à Oshawa en Ontario, prétextant qu'elle s'inscrivait dans un cadre de restructuration globale de l'entreprise. Plus de 2500 emplois seront perdus. En réaction, le ministre fédéral de l'Innovation, Navdeep Bains, a affirmé que son gouvernement et lui étaient «très déçus» et que leurs pensées étaient avec les travailleurs.

Pourtant, l'industrie automobile canadienne baigne dans les subventions, justement octroyées aux multinationales à coups de milliards pour créer de l'emploi. Il suffit de penser au titanesque prêt de 2,8 milliards fait à Chrysler par le gouvernement fédéral, radié le mois dernier. Un cadeau de milliards de dollars en argent public pour une compagne qui a enregistré des profits de 4,3 milliards de dollars américains l'an dernier.

Tout pour plaire aux multinationales

Dans toutes les déclarations ministérielles qui ont suivi, le premier ministre et ses troupes ont parlé de déception à l'endroit de GM, de leur empathie pour les travailleurs, sans hausser le ton un instant pour s'adresser au géant automobile.

Pourtant, lorsque nos gouvernements donnent des milliards en argent public à des multinationales, ils disent le faire au nom de la création d'emploi. Ce n'est manifestement pas le cas lorsque les géants de l'industrie automobile coupent des postes, alors qu'ils étaient lourdement subventionnés et qu'ils ne seront pas pénalisés, puisqu'ils continueront de vendre autant de voitures qu'avant au pays sans la moindre contrainte.

Plutôt que de défendre les intérêts des citoyens, mission première d'un gouvernement, le premier ministre préfère filer doux avec les grandes entreprises et se contenter d'être «déçu» et d'essuyer quelques larmes lorsqu'elles se servent de l'argent public pour prospérer aux dépens des gens.

À tout coup, on feindra la déception, mais sans riposter, prétextant que la mondialisation est ce qu'elle est et qu'on ne pourrait tenter de l'enrayer de quelque façon que ce soit.

Tout cela est bien sûr justifié par la sacro-sainte «compétitivité», soit la grande compétition internationale pour déterminer quel pays saura être le plus accommodant avec les multinationales pour qu'elles viennent s'installer temporairement chez lui, pomper les subventions à coup de milliards et repartir aussitôt, laissant des milliers de travailleurs sans emploi.

À tout coup, on feindra la déception, mais sans riposter, prétextant que la mondialisation est ce qu'elle est et qu'on ne pourrait tenter de l'enrayer de quelque façon que ce soit. C'est ce qui se produit en ce moment avec General Motors et c'est ce qui est arrivé avec Bombardier, qui a supprimé plus d'une dizaine de milliers d'emplois depuis que le gouvernement Couillard lui a accordé un milliard et demi en subventions pour... créer de l'emploi.

«Pensées et prières»

Tout ce cirque ressemble énormément à la logique absurde des Américains, lorsqu'il est question des fusillades par armes à feu. Lorsqu'on apprend l'avènement d'un nouveau drame, le gouvernement, la NRA et compagnie envoient leurs pensées et leurs prières («thoughts and prayers») et se disent qu'il n'y avait rien à faire pour éviter la tragédie, puisqu'il serait absolument insensé de baliser l'usage généralisé des armes à feu pour enrayer le problème.

Les gouvernements font pareil et envoient leurs pensées aux travailleurs lorsqu'ils sont coupés, tout en continuant de tout faire pour être «compétitifs» dans le climat de mondialisation en gâtant les grosses entreprises pour qu'elles viennent abuser de l'argent public.

Volonté politique

Cependant, le mythe qu'ils colportent au sujet de l'inévitable compétitivité de l'économie mondialisée n'est pas obligé d'être un dogme politique. On pourrait davantage taxer les entreprises, les forcer à contribuer à la collectivité et surtout ne pas leur consentir de prêts faramineux si c'est pour les radier quelques années après alors qu'ils suppriment ces mêmes emplois que l'on disait vouloir protéger.

Tout ce qu'il faut, c'est un peu de volonté politique et des priorités à la bonne place, soit avec les gens qui les ont élus plutôt qu'avec les élites économiques mondialisées.

On pourrait, mais pour cela il faudrait des gouvernements qui sont autre chose que les valets de chambre des multinationales, qui répondent à chaque gifle faite aux citoyens qu'ils sont censés protéger par des larmes de crocodile. Tout ce qu'il faut, c'est un peu de volonté politique et des priorités à la bonne place, soit avec les gens qui les ont élus plutôt qu'avec les élites économiques mondialisées.

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