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Peut-être que la campagne de 2018 en sera une marquée par un nombre record de candidats retirés, à défaut de l'être par la vivacité de ses joutes d'idées.
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La population ne s'emballe pas outre mesure, comment faire autrement pour une élection dont l'enjeu n'est pas défini, sinon de remplacer le Parti libéral, un bien triste projet de société en tant que tel.
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La population ne s'emballe pas outre mesure, comment faire autrement pour une élection dont l'enjeu n'est pas défini, sinon de remplacer le Parti libéral, un bien triste projet de société en tant que tel.

On apprenait jeudi le retrait du candidat du Parti québécois dans la circonscription de Beauharnois et député de celle-ci depuis 2008, Guy Leclair, pour de nombreuses infractions au Code de la route, la plus récente étant de conduire avec les facultés affaiblies. Seulement deux jours avant, c'était la CAQ qui se voyait forcée d'écarter son candidat dans Saint-Jean, Stéphane Laroche, puisque celui-ci possède un bar où on laisserait librement entrer les mineurs, en plus d'un non-respect de l'équité salariale.

Quelques jours plus tôt, Stéphane Le Bouyonnec abandonnait sa candidature pour la CAQ dans La Prairie, après la révélation de son engagement dans une compagnie offrant des prêts usuraires et Pierre Marcotte quittait son poste de candidat du Parti québécois pour des propos haineux ayant été retrouvés sur sa page Facebook.

Ça fait beaucoup de retraits et de mini-scandales en une semaine.

Une campagne sans histoire

Le plus incroyable là-dedans, c'est que ces histoires ont entièrement pris le devant de la campagne électorale, qui est jusqu'ici farouchement monotone. Les partis y enchaînent les annoncent ciblées pour les clientèles «payantes» électoralement, débitent leur programme à un rythme régulier en espérant qu'il y ait là une ou deux mesures capables de capter l'intérêt du public.

Jusqu'à présent, on a droit à une compétition de gestionnaires souhaitant prouver à la population qu'ils sont les meilleurs pour s'occuper de l'État d'ici à la prochaine élection. Adieu, les grands débats, les idées clivantes et les enjeux mobilisateurs, les quatre partis ont décidé de commencer la campagne dans le plus grand clientélisme politique.

On en est presque à se demander si le débat des chefs sera un débat digne de ce nom ou une simple suite décousue de propositions sans grand fil directeur, comme on peut le voir depuis le début de la présente campagne.

Faute de débats, on creuse sur les candidats

Comme de raison, la population ne s'emballe pas outre mesure, comment faire autrement pour une élection dont l'enjeu n'est pas défini, sinon de remplacer le Parti libéral, un bien triste projet de société en tant que tel, faut-il le répéter.

Pendant ce temps, les médias disposent de tout le temps nécessaire pour scruter minutieusement les candidatures de tous les partis, et de «mettre du piquant» dans la campagne avec des «scandales» suffisamment gros pour vendre des copies et faire retirer des candidatures.

Le résultat est sans équivoque: pas moins de quatre candidats se sont retirés en moins d'une semaine et rien ne nous dit que ce rythme ne se maintiendra pas. Qui sait, peut-être que la campagne de 2018 en sera une marquée par un nombre record de candidats retirés, à défaut de l'être par la vivacité de ses joutes d'idées.

Tout pour alimenter le cynisme

L'effet pervers de cette campagne, jusqu'ici marquée par ses «scandales», est qu'elle encourage considérablement le cynisme de trop de citoyens qui se disent que la politique est «sale» et qui ne se sentent pas rejoints par eux.

Non seulement les visions à long terme sont dangereusement difficiles à cerner chez les principaux partis jusqu'à maintenant, mais l'espace politique se retrouve presque exclusivement occupé par de tristes affaires renforçant la perception voulant que les politiciens soient des «tous croches».

En fin de compte, ce moment où tous sont censés s'intéresser à la chose politique devient celui qui donne raison à tous ces gens autant par sa monotonie que par son abondance de «scandales».

Capter l'intérêt

D'ici au premier octobre, les quatre principaux partis politiques n'auront d'autre choix que de passer au niveau supérieur pour stimuler le débat et ravir les manchettes aux faits divers qui prennent soudainement de l'importance en l'absence de grandes idées pour dynamiser cette campagne électorale.

Autrement, ce scrutin risque de consacrer l'apogée du cynisme qui monte chez les Québécois depuis des années de désintérêt croissant pour la politique, ce qui serait fort fâcheux pour la santé démocratique du Québec. Espérons qu'ils en soient capables, car, après tout, il leur reste un mois...

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