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Notre génération politique peut mettre fin à l'intolérance

Nous ne pouvons pas permettre à l'indifférence ou au silence de banaliser le langage de l'intolérance dans le discours politique. Et je refuse que la prochaine génération de politiciens ait à s'excuser des injustices qu'il est en mon pouvoir d'empêcher.
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Peu de temps avant mon élection au Parlement, j'ai assisté au dévoilement d'une plaque commémorative de l'internement des Canadiens d'origine ukrainienne pendant la Première Guerre mondiale. Bien que ces derniers soient venus au Canada pour aider à bâtir notre pays, ils furent considérés comme des « sujets d'un pays ennemi » et des milliers d'entre eux furent internés dans des camps dans tout le pays.

Juste avant la guerre, un navire entra dans le port de Vancouver avec à son bord des centaines de passagers espérant trouver une vie nouvelle au Canada. Bien que les passagers principalement Sikhs fussent tous des sujets britanniques, le Komagata Maru fut frappé d'interdiction d'entrée à Vancouver et ses passagers durent subir un long voyage de retour au terme duquel certains furent emprisonnés et d'autres furent tués.

Une génération plus tard, un autre navire fut interdit d'entrée à Halifax, quelques mois avant le début de la Seconde Guerre mondiale. Le paquebot Saint-Louis, avec à son bord 900 réfugiés juifs cherchant à échapper aux persécutions des Nazis, se fit refouler à Cuba et aux États-Unis. L'asile leur fut également refusé au Canada et ce fut le début d'une politique des portes fermées pour l'immigration juive. Les passagers furent contraints de retourner en Europe où un quart d'entre eux perdit la vie de façon tragique dans les camps de la mort.

Tout comme lors de la précédente guerre, le Canada avait une fois de plus déclaré que certains d'entre nous étaient « sujets d'un pays ennemi », en raison de leur ascendance. Des milliers de Canadiens d'origine japonaise furent internés et nombre d'entre eux virent leurs biens saisis à cause de la peur, des tensions et des préjugés en vigueur au pays à cette époque.

Le Canada n'a pas toujours tenu la promesse d'être une société libre, juste et plurielle.

Des panneaux « No Irish Need Apply » à la taxe d'entrée imposée aux Chinois ou aux avanies qu'endurèrent des générations d'immigrants venus de Hollande, d'Italie ou d'Europe de l'Est, le Canada n'a pas toujours tenu la promesse d'être une société libre, juste et plurielle. Chaque vague d'immigrants qui a touché nos rivages a provoqué des tensions et parfois de l'intolérance.

Dans les dernières décennies, les premiers ministres canadiens, de Brian Mulroney à Justin Trudeau, se sont excusés de ces transgressions passées. Nos côtes Est et Ouest, qui refoulèrent autrefois des navires de réfugiés, sont aujourd'hui ornées de monuments les commémorant et rappelant la disgrâce que leur refus représente dans notre histoire. Ces excuses officielles, ces gestes et ces monuments commémoratifs à travers le pays visent à montrer que nous avons tiré des leçons du passé.

Mais quelles leçons en avons-nous vraiment tiré ?

L'attaque terroriste de la mosquée de la région de Québec, au cours de laquelle ont péri des innocents qui étaient en train de prier, est l'un des crimes les plus méprisables jamais commis au pays. Des innocents priant leur Dieu apparemment frappés en raison de leur origine. Ce crime a été perpétré par une personne pleine d'ignorance et de haine, et lorsque sa haine s'est muée en violence, elle a déchiré des familles, une communauté et notre pays.

Bien que cet acte extrême soit isolé et doive être considéré comme tel, je ne pense pas qu'un observateur sérieux puisse ne pas y voir la manifestation de l'intolérance sous-jacente qui sévit depuis ces derniers mois et ces dernières années. Malgré les décennies pendant lesquelles nous nous sommes excusés pour les événements passés et malgré les monuments érigés pour prouver que nous avons retenu ces leçons, nous permettons collectivement qu'une nouvelle vague d'immigrants soient victimes des mêmes tensions et de la même intolérance que les précédentes. Cette fois, les immigrants viennent du Moyen-Orient ou d'Afrique du Nord et sont principalement musulmans.

Nous ne pouvons pas permettre à l'indifférence ou au silence de banaliser le langage de l'intolérance dans le discours politique.

Bien heureusement l'État ne peut plus déclarer personne « sujet d'un pays ennemi » en raison de son ascendance ou de ses croyances, mais il suffit de jeter un coup d'œil aux médias sociaux ou fleurissent des déclarations d'intolérance en ligne pour s'apercevoir qu'on leur applique malgré tout cette étiquette. J'ai moi-même tenté de lutter contre ces tensions et cette intolérance à travers mon rôle de député, mais je ne pense pas en avoir fait assez.

Je m'engage à m'y consacrer avec énergie au travers de mon rôle public. Je crois également qu'il incombe à tous les leaders publics d'adopter la même approche lorsqu'il s'agit de lutter contre l'intolérance que l'on constate en ligne. Vous pouvez défendre les intérêts canadiens et avoir une position forte sur des sujets comme la défense, la sécurité, l'immigration et les affaires étrangères tout en montrant une tolérance zéro pour l'intolérance.

Nous ne pouvons pas permettre à l'indifférence ou au silence de banaliser le langage de l'intolérance dans le discours politique. Et je refuse que la prochaine génération de politiciens ait à s'excuser des injustices qu'il est en mon pouvoir d'empêcher.

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