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Si on sait compter, c'est 20, 23... 24

Pour résumer les problèmes des finances publiques du Québec, le gouvernement utilise un nouveau mantra: le 20-23-27. «Le Québec représente 20 % du produit intérieur brut (PIB) du pays, 23 % de sa population et 27 % des dépenses publiques». Si la formule est simple, efficace et pédagogique, elle est erronée!
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Pour résumer les problèmes des finances publiques du Québec, le gouvernement utilise un nouveau mantra : le 20-23-27. «Le Québec représente 20 % du produit intérieur brut (PIB) du pays, 23 % de sa population et 27 % des dépenses publiques». Par ce triptyque, on cherche à imposer la perception que, bien que les Québécoises et Québécois soient plus pauvres que le reste du Canada, ils s'offriraient la Cadillac des services publics en dépensant plus qu'ailleurs au pays. On nous a servi ce mantra en cours de campagne électorale, lors de grandes rencontres économiques, à l'Assemblée nationale lors de l'étude des crédits et, encore cette semaine, dans les interventions du premier ministre. Si la formule est simple, efficace et pédagogique, elle est erronée! L'examen des données récentes confirme les deux premiers chiffres du trio, mais démontre que la part québécoise des dépenses publiques de l'ensemble du Canada s'élève non pas à 27 %, mais plutôt à 24 %.

Évidemment, si l'on isole les dépenses des gouvernements provinciaux, le Québec semble plus dépensier que ses voisins. Le fédéralisme asymétrique implique que le Québec assume plusieurs responsabilités normalement assumées par le palier fédéral, notamment le Régime public de retraite, l'immigration, la formation de la main-d'œuvre et la perception des impôts. Le simple fait que le Régime des rentes soit géré par le Québec vient ajouter 6,4 milliards de dollars aux comptes de la province. Pour nos voisins qui dépendent du Régime de pension du Canada, cette dépense est comptabilisée au niveau fédéral.

On constate d'ailleurs que la part des dépenses fédérales au Québec n'est que de 21 %, soit une portion moins importante que notre poids démographique (23 %). Ainsi, en tenant compte de l'ensemble des paliers de gouvernements, les dépenses publiques du Québec dépassent très légèrement la moyenne canadienne (24 % des dépenses publiques pour 23 % de la population). La faiblesse de cet écart a de quoi ébranler tous ceux et celles qui aiment vanter le « modèle québécois ».

S'il y a une vérité que le trio de chiffres mis de l'avant par le gouvernement libéral révèle clairement, c'est le retard économique persistant de la province malgré l'indéniable progrès des dernières décennies. Si notre fiscalité et nos services publics semblent lourds, c'est avant tout parce que nous générons moins de revenus que la moyenne des provinces canadiennes.

La priorité à laquelle le gouvernement libéral devrait s'attarder, c'est de stimuler la relance économique et non en coupant dans les services publics. À l'avenir, si le gouvernement souhaite nous servir sa pédagogie économique, il devra utiliser les chiffres 20, 23 et 24, plus fidèles à la réalité. Le véritable défi du Québec n'est pas de réduire ses dépenses publiques, mais bien de stimuler son économie.

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