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Migrants syriens: Il faut voir toujours plus loin

Oui, l'image d'un enfant mort sur le bord de la Méditerranée choque, mais il faut voir derrière, voir plus loin. Il faut voir pourquoi cette image a pu être prise.
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«Je préfère mourir debout que vivre à genoux. »

- Charb

Même dans notre monde sensationnaliste et superficiel, on peut être étonné. Étonné qu'une photo d'un enfant noyé sur le bord d'une plage puisse faire tant de remous... en surface. Le problème des réfugiés syriens est évidemment une tragédie. En tant que père de deux enfants, je n'ose même pas imaginer les conditions ignobles qui auraient pu me forcer à risquer leur vie.

Ce père comme des milliers d'autres a quitté un milieu devenu hostile. Et son environnement n'est pas devenu hostile par sa faute, il était là, tout simplement. Victime des circonstances et surtout, victime de l'immoralité.

Beaucoup de tapage se fait présentement au sujet du sort que l'on doit réserver aux réfugiés.

Que ce soit en Europe ou ici. Que notre gouvernement n'ait accordé asile qu'à 2000 personnes (sur les 60 millions de réfugiés dans le monde selon l'Agence des Nations Unies pour les Réfugiés) nous surprend peu du gouvernement Harper. Ce qui me peine le plus, c'est le manque de vision des Canadiens qui se laissent émouvoir pendant quelques jours par une photo sans s'interroger plus sur la profondeur de cette photo. L'origine de cette photo est celle de la fuite d'une famille pour échapper aux conditions misérables dans lesquelles elle vivait. Ces conditions sont celles imposées par une guerre civile qui fait rage en Syrie (et là je ne parle que de la Syrie, car ces conditions existent ailleurs). Cette guerre civile est celle qui oppose un gouvernement tyrannique, celui de Bachar el-Assad, à sa population. Ce tyran se maintient au pouvoir depuis 2011 par la violence. 220 000 morts officiels. On estime à 250 000 le nombre de morts à Hiroshima. Ça donne une idée de l'ampleur de la tragédie. Pendant ce temps, on se demande si la LNH va permettre le retour des Nordiques à Québec.

Il y a 4 ans et demi, Bachar el-Assad a réprimé les manifestations anti-gouvernementales en faisant 4000 morts. Pour commencer. La situation a dégénéré sous les yeux passifs de la communauté internationale. Les minces (et quand je dis mince...) efforts du conseil de sécurité de l'ONU pour tenter de s'impliquer dans le conflit se sont vus contrés par les vétos russe et chinois avec qui nous faisons des pieds et des mains pour faire des échanges économiques malgré un respect des droits de l'homme honteux.

Russie qui a envahi la Crimée pendant les Jeux olympiques de Sotchi, qui bafoue les droits des homosexuels ouvertement, élimine les contestataires, etc. Et tout ça, ça passe. Ça passe parce que l'on permet aux fous d'être fous, parce que l'on s'intéresse à autre chose, parce qu'on ferme les yeux, que notre seuil d'attention ressemble à celui d'une mouche. 625 000 personnes vont se déplacer pour aller au festival de St-Tite en fin de semaine. On doit avoir l'accord de la Chine pour mettre fin à des injustices et des répressions sanglantes? Il doit y avoir des employés à temps plein chez Amnistie internationale pour faire la liste des horreurs qui se produisent en Chine. Nous, on veut construire le Northern Gateway pipeline pour leur envoyer un des pétroles les plus polluants de la planète, produit ici même en partie grâce à nos impôts.

La guerre civile en Syrie, c'est celle de el-Assad, qui tient désespérément à se tenir au pouvoir.

Qui le fait au mépris de la vie d'autres personnes. Qui le fait sous nos yeux impassibles. Le fouillis actuel en Syrie est celui où cinq factions identifiées s'entretuent, sans égard pour ceux qui ne voudraient qu'y vivre. La Syrie, c'est l'endroit où les casques blancs existent. Les casques blancs sont des Syriens qui, lorsque le gouvernement mène des attaques contre la population, vont porter secours aux blessés et s'occuper des morts. El-Assad l'a compris et lorsqu'il fait exploser des bombes à un endroit, il mène une seconde attaque pour tuer ceux qui viennent en aide. Mais nous, on fête les 10 ans d'Occupation double, on va au Dollorama contribuer à l'économie chinoise. La guerre civile en Syrie est celle où le groupe État Islamique décapite des innocents et détruit des sites archéologiques inestimables au nom de convictions religieuses. Le groupe État islamique a vu le jour suite à l'invasion américaine en Iraq. Invasion qui s'est faite pour des motifs économiques et politiques, pas pour la destruction d'armes de destruction de masse.

Oui, l'image d'un enfant mort sur le bord de la Méditerranée choque, mais il faut voir derrière, voir plus loin. Il faut voir pourquoi cette image a pu être prise. S'intéresser et s'impliquer pour aider la vie des réfugiés est bien, mais quelque part le problème des réfugiés est qu'ils sont forcés de quitter leur pays. Elle est là l'urgence.

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