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La dépendance affective: une conséquence «normale» à l'amour

L'amour romantique ressemble à une dépendance.
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«Mature love says: "I need you because I love you". Mature love is union under the condition of preserving one's integrity, one's individuality (...) In love the paradox occurs that two beings become one and yet remain two» (Erick Fromm).

«In a very real sense, we may be addicted to the ones we love»

(James P. Burkett and Larry J. Young).

Selon Marry Ann Glendon, professeure à la faculté de droit à l'Université Harvard, l'idéalisation dans notre société du concept d'autonomie individuelle a des effets pervers importants, dont celui de rendre la dépendance méprisable aux yeux de tous. D'ailleurs, la dépendance a trouvé son chemin en psychiatrie. En effet, le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM V), la bible de la psychiatrie, érige la dépendance en trouble de la personnalité. Ce trouble est marqué par la dépendance à d'autres personnes pour répondre à ses besoins affectifs et physiques.

Considérant que dans le passé certains comportements furent à tort considérés comme anormaux et comme des maladies mentales alors qu'ils n'en étaient pas, que ce fut le cas de l'homosexualité, car les psychiatres et la société à cette époque avaient, selon l'Association américaine de psychiatrie, une information biaisée sur le sujet alors il n'est pas déraisonnable, selon moi, de penser que le Dependent personality disorder serait, comme le fut l'homosexualité, possiblement fondé, à tout le moins dans la sphère amoureuse, sur une information biaisée. En d'autres termes, il n'est pas déraisonnable de penser que, dans une relation amoureuse, l'état pathologique est, non pas la dépendance affective, mais la recherche et le maintien d'un amour «fissionnel» et d'une indépendance absolue.

Le fait que traditionnellement la société voue un culte à l'indépendance absolue dans toutes les sphères de la vie humaine (incluant la sphère amoureuse) et l'érige en norme est-il une raison suffisante pour y adhérer et pour classifier la dépendance comme un état anormal et pathologique? Personnellement, je ne le crois pas pour les trois raisons suivantes:

Premièrement, l'argument de l'autorité de la tradition n'est pas un véritable argument, car la tradition n'est pas un gage de vérité. Au contraire, il est parfois important, au nom de la vérité, de remettre en doute les fausses certitudes et les dogmes lorsqu'ils sont faux. À ce sujet, le philosophe John Stuart Mill affirmait que «le despotisme de la coutume est partout l'obstacle qui défie le progrès humain». De même, le fait qu'une majorité de personnes ou une société partagent une idée ou une opinion en matière de santé mentale (comme celle qui veut que la dépendance soit un trouble de la personnalité) ne prouve pas la validité de cette idée ou de cette opinion. À ce sujet, le psychologue et psychanalyste Erick Fromm affirmait:

«What is so deceptive about the state of mind of the members of a society is the "consensual validation" of their concepts. It is naively assumed that the fact that the majority of people share certains ideas or feelings proves the validity of these ideas and feelings. Nothing is further from the truth. Consensual validation as such has no bearing whatsoever on reason or mental health. Just as there is a "folie à deux" there is a "folie à millions". The fact that millions of people share the same vices does not make these vices virtues, the fact that they share so many errors does not make the errors to be truths, and the fact that millions of people share the same forms of mental pathology does not make these people sane».

Deuxièmement, comme l'ont reconnu Sigmund Freud et Erick Fromm, une société peut également, à l'instar d'un individu, souffrir de pathologies. Par exemple, un des mythes très populaires de nos jours est, selon Erick Fromm, que la société occidentale contemporaine et plus particulièrement le mode de vie américain (qui voue un culte à l'indépendance absolue) répond aux exigences de la nature humaine et que l'ajustement à ce mode de vie est sain.

Troisièmement, le concept de santé mentale ne doit pas être défini en terme d'adaptation à la société, car comme le mentionne le psychologue et psychanalyste Erick Fromm, l'adaptation à une société malsaine (par exemple, qui voue un culte à l'indépendance absolue) n'est pas souhaitable. En effet, comme le disait Gandhi, «l'interdépendance est et doit être, tout autant que l'autonomie, l'idéal de l'homme (...) C'est en dépendant de la société qu'il apprend à être humain».

D'ailleurs, la dépendance affective est souhaitable selon plusieurs psychiatres et psychologues. Par exemple, les propos du psychologue Yves Dalpé sont éloquents :

«Je suis devenu allergique à l'idée de «dépendance affective» dans le couple. Comme si c'était anormal de trop sentir la force du lien amoureux et conjugal. On a peur d'accorder tellement d'importance au conjoint, qu'on en perdrait son autonomie, croit-on. Cette méfiance de la dépendance m'apparaît depuis longtemps comme une simple rationalisation de la peur inconsciente d'aimer. Ou de la difficulté de prendre adéquatement sa place dans une relation intime. Ou encore d'un besoin indu de distance dans le couple. Ou de la difficulté d'admettre son besoin de dépendance des autres, ce qui est le cas des narcissiques».

On pourrait également citer la psychologue et Présidente de l'Ordre des psychologues du Québec, Rose-Marie Charest, la psychologue et professeure émérite à la faculté de psychologie à l'Université d'Ottawa, Susan Johnson-Douglas, le psychiatre Glen O. Gabbard, le psychiatre Heinz Kohut, les psychologues Linda et Charlie Bloom, le psychothérapeute Russell Collins et la sexologue Jocelyne Robert.

De plus, il est aussi désormais scientifiquement démontré en neurobiologie que la dépendance affective est une conséquence naturelle à l'amour. En effet, sur le site de l'Université McGill, il est affirmé, sur la base d'études d'imagerie cérébrale, que «l'amour romantique ressemble à une dépendance». De même, les auteurs James P. Burkett and Larry J. Young affirment que l'amour et la dépendance à une drogue partagent de nombreux points en communs non seulement en psychologie, mais également en neurobiologie.

Ce qui nuit véritablement à l'amour ce n'est pas de la dépendance affective, mais la consommation grandissante d'antidépresseurs ISRS (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine). En effet, selon le psychiatre J. Anderson Thomson et l'anthropologue Helen Fischer, la consommation d'antidépresseur ISRS est un véritable tue-amour. En augmentant le niveau de sérotonine, ces antidépresseurs entraînent une diminution de dopamine associée à l'amour romantique.

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