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Bien s'entendre avec son chien

Le chien est complètement soumis à l'humain sur le plan du choix et de la qualité de la relation et nous pouvons déjà définir que, sauf dans de très rares exceptions, c'est le maître qui détient les clés de l'harmonie relationnelle.
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Tout le monde le souhaite, et ceci paraît une évidence puisqu'après tout, il ne s'agit que de vivre heureux avec un chien. Pourtant, c'est loin d'être le cas pour de nombreux maîtres et leur chien. Cela devient même parfois un enfer malgré tout l'amour et les attentions dont le chien peut faire l'objet.

Pour éclairer sur les motifs qui peuvent conduire à ce désenchantement, commençons par nous arrêter un instant sur ce qui permet de bien s'entendre entre humains.

"Bien s'entendre" avec ses amis, ses collègues, ses enfants ou avec son chien répond à la même condition d'"être bien ensemble".

Entre humains, lorsque nous nous sentons bien c'est que la relation est vécue comme agréable par les deux personnes. Ceci repose sur le libre choix de chacun de ressentir et de définir ce qui est bon pour lui dans cette relation, et, dans le cas contraire, de pouvoir soit l'interrompre, soit proposer à l'autre les éléments d'adaptation qui permettront l'amélioration. Autrement dit, entre Paul et Claire, si la relation est agréable, elle se maintient et peut même se transformer en amitié, voire en amour. De même, lorsque la relation accroche un peu, ils peuvent se proposer mutuellement d'apporter les éléments de changement nécessaires pour que la relation s'apaise. C'est la capacité humaine au raisonnement et à l'écoute de chacun qui permet l'adaptation aux besoins exprimés par l'autre. Ainsi, entre humains, doués d'une intelligence supérieure notamment au sens de l'accès au langage, à l'imaginaire et à la spiritualité, nous pouvons vivre des relations comme nous le souhaitons au gré de nos envies et de nos besoins, en prenant plus ou moins en compte les besoins de ceux qui partagent la relation. Si Paul et Claire décident un jour de ne plus s'écouter et de ne plus s'adapter aux attentes de l'autre, alors la relation s'interrompra et nous les entendrons dire : "on ne s'entendait plus".

"Bien s'entendre" repose sur la prise en compte de ses propres besoins et l'attention portée aux besoins et attentes de l'autre. Autrement dit, pas de relation de bonheur et de bien être sans une bonne communication, une compréhension et une adaptation à l'autre.

Dans la relation homme-chien il y a une différence essentielle par rapport au modèle inter humain, qu'il ne faut jamais oublier. Le chien, lui, n'a pas le choix de ses relations et de fait si celle ci ne lui convient pas il n'a que trois alternatives, soit il la subit, soit il se sauve, soit il se rebelle. Si l'on exclue la fugue, les deux éléments marqueurs d'une relation qui ne convient pas au chien s'affichent par l'anxiété et le stress ainsi que par des comportements de rébellion pouvant aller jusqu'à l'agression.

Le chien est donc complètement soumis à l'humain sur le plan du choix et de la qualité de la relation et nous pouvons déjà définir que, sauf dans de très rares exceptions, c'est le maître qui détient les clés de l'harmonie relationnelle.

Quelles sont ces clés ?

La première repose sur l'impérative connaissance de ce qu'est le chien afin de pouvoir comprendre ce qu'il nous dit de la relation avec son langage codé canin. Si Paul peut modifier ses comportements pour répondre aux attentes de Claire, c'est parce qu'il est lui aussi un humain et qu'il peut comprendre ce qui va ou ne va pas. Pour que cela fonctionne entre le maître et son chien il faut donc le connaître pour le comprendre et ainsi nous adapter, nous les maîtres, à ses besoins relationnels très spécifiques. C'est parce que nous savons qu'il doit manger tous les jours que nous nous adaptons et le nourrissons. Il doit en être de même avec tous ses autres besoins et notamment ses besoins sociaux.

Ensuite, il faut adapter notre forme relationnelle à celle nécessaire au chien. Si nous savons que le chien est un être sensible capable d'une relation affective avec son maître, ses besoins relationnels ne sont pas identiques aux nôtres. Le chien a besoin de se sentir dans une relation sociale structurée ou chacun a une place - un système clair, fiable et constant. Comme nous ne sommes pas capables de suivre ce qu'imposerait un statut social élevé du chien, nous devons lui montrer par notre charisme et notre fiabilité, qu'il peut, lui, nous suivre et ainsi se reposer sur notre leadership.

Cette structuration et ces repères sociaux sont vitaux pour le chien, car ils reposent sur des fondements qui remontent à l'origine et à la question de pérennité des espèces sociales.

Mais comprendre les enjeux fondamentaux pour le chien ne suffit pas. Il reste une difficulté majeur à la construction d'une relation harmonieuse, et paradoxalement, c'est l'amour porté au chien qui rend cette relation complexe.

C'est la troisième clé, celle qui vous parle de vous et de vos attentes. Celle qui va vous demander de prendre conscience de vos besoins relationnels et affectifs mais surtout de maîtriser leur forme d'expression. Vous savez aimer votre chien, pas besoin de l'apprendre, mais l'aimez-vous comme il en a besoin lui ? Il ne s'agit pas de quantité d'amour, mais de qualité. Nous pouvons chérir notre animal, le câliner, l'appeler mon bébé, ceci n'est pas un problème et doit être vécu sans retenue. Ce qui nécessite par contre d'être maitrisé, c'est notre soumission à notre schéma psychoaffectif. Quand votre chien pose sa patte sur votre jambe sans que vous ne lui ayez rien demandé, vous devriez ne pas en tenir compte et totalement l'ignorer. Pourtant vous craquez, vous répondez à sa sollicitation, car sinon vous culpabilisez de ne pas être un bon maître. La boucle est bouclée, car dans ce schéma, c'est votre chien qui maîtrise l'interaction, les câlins, les jeux etc. Par peur de ne pas l'aimer en ne répondant pas à ses demandes et de ne pas être un bon maître, vous l'aimez mal. De votre besoin d'estime de vous même à travers vos comportements, vous distillez des messages paradoxaux qui conduisent à sa perte de repères et donc à sa souffrance.

De cette souffrance pourra naître une anxiété importante, mais aussi, dans le même temps, le besoin de modifier par lui même le "désordre" social très anxiogène. Ainsi, pour faire baisser son anxiété, il tentera de prendre les commandes de cet avion relationnel sans pilote.

Bien s'entendre avec son chien n'est donc pas aussi simple qu'on peut nous le faire croire, la relation homme-chien étant en quelque sorte une anomalie de la nature qui combine la question du statut social entre individus d'espèces différentes avec la construction de liens d'affect et même d'amour.

Pour réussir cette merveilleuse aventure d'une relation apaisée et du plaisir partagé avec son chien, il est essentiel d'apprendre qui il est mais aussi qui vous êtes. C'est ainsi que vous pourrez associer vos besoins aux siens sur la base du respect fondamental de sa différence.

Bien s'entendre avec son chien c'est chercher à penser comme lui mais, surtout, jamais à sa place.

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