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Retour des divisions et des dilemmes en Grèce

Ce que j'écris n'a rien de nouveau. La Grèce est rongée par les dilemmes qui divisent sa société et sa politique. Les origines historiques de ce phénomène me sont inconnues, mais les résultats sont évidents.
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Ce que j'écris n'a rien de nouveau. La Grèce est rongée par les dilemmes qui divisent sa société et sa politique. Les origines historiques de ce phénomène me sont inconnues, mais les résultats sont évidents.

C'est après 1974, durant la plus longue période de paix et de prospérité de son histoire moderne, que les dilemmes ont commencé à submerger la vie politique du pays. Ces controverses sont toujours plus intenses quand il s'agit de choix cruciaux : l'appartenance à l'Europe, « pour ou contre le mémorandum », l'euro ou la drachme... Et elles sont omniprésentes, même dans les moments critiques où la Grèce a fait le choix le plus juste, comme celui de continuer à croire à l'Europe.

On a bien cru qu'elles avaient disparu dans les années 2000, mais c'était pour mieux revenir en 2010, avec la crise actuelle. Tel un animal sortant d'hibernation, le dilemme actuel du « pour ou contre le mémorandum du FMI » apparaît dans toute sa férocité, anéantissant les avancées sociales apportées par les réformes politiques qui ont suivi la fin de la dictature. La division de la société est toujours aussi marquée, ce qui explique le climat actuel.

Cette controverse n'a eu aucun mal à submerger la vie publique dans son ensemble : les politiciens, trop habitués à ce genre d'opposition, n'ont pas essayé d'y faire obstacle et l'ont laissée prendre de l'ampleur. La société en porte désormais les stigmates : des camps opposés et des doctrines extrémistes qui évoquent les souvenirs les plus sombres de l'histoire grecque.

Avant même sa tenue, le référendum a fait resurgir les pires caractéristiques du discours politique : une arène publique tiraillée par les divisions et une société séparée en deux camps, sans compromis ou discussion possibles.

C'est d'ailleurs la polémique autour du mémorandum qui a conduit à l'arrivée au pouvoir de Syriza. Toujours changeant, le discours antimémorandum a involontairement donné le jour à un nouvel élément dans la société grecque : la réhabilitation du concept de lutte des classes comme moyen d'expression politique et sociale, au détriment de la complexité des relations entre les différentes franges de la société, héritée de l'ère post-dictatoriale, dans les années 1980.

Syriza a au moins « accompli » une chose : surpolitiser les citoyens pour la première fois depuis la fin de la dictature. Si c'était déjà le cas dans les années 1970, cette dynamique politique puise aujourd'hui sa force dans la colère et l'indignation.

Mais le pire, c'est que les dirigeants de Syriza n'ont jamais posé de limites à leur discours et à l'expression de leurs frustrations. Leur légitimité, ils l'ont gagnée par hasard grâce à leurs propos extrémistes et revanchards.

Le pire, c'est que nos partis politiques, et les hommes et les femmes qui les composent, sont les responsables et les instigateurs de ce désastre depuis des décennies. L'exemple le plus flagrant en est le « bipartisme », qui reflète bien la prédisposition du système politique à faire imploser une société dont la stabilité reposait sur une prospérité artificielle.

Si quelqu'un observait la Grèce au microscope, il en conclurait sans doute que la passivité des citoyens, des politiciens, des partis et des médias a permis aux dilemmes parasites de ramener la discorde dans le pays.

Ce blogue, publié à l'origine sur l'édition grecque du Huffington Post, a été traduit de l'anglais par Maëlle Gouret pour Fast for Word.

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