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Hypersacralisation de la liberté de religion

Il semble de plus en plus que la liberté de religion est surprotégée au détriment de la liberté de non-religion.
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Le voile islamique n'est pas obligatoire selon les lois québécoises et canadiennes puisque, heureusement, nous vivons en démocratie et non en théocratie. Cependant, il est protégé par nos chartes des droits. Il peut être porté partout, sans entrave, même dans ses versions les plus obscurantistes (niqab), comme on l'a vu récemment dans l'affaire de la cérémonie d'assermentation pour devenir Canadienne.

De ce fait, il est impossible de l'interdire dans nos institutions publiques, les juges de la Cour suprême ayant d'ailleurs statué récemment dans leur jugement concernant la prière à Saguenay que la neutralité de l'État ne passe pas par la neutralité des individus qui y travaillent, jetant ainsi par terre une partie importante de l'argumentaire des défenseurs de la laïcité d'interdiction au Québec.

Au moment où des musulmanes devraient à certains moments, par solidarité, ici, dans notre démocratie, retirer librement et publiquement leur voile pour protester contre l'obligation en théocratie (Arabie saoudite, Iran, groupe État islamique et autres) de le porter sous peine de sanctions sévères, du fouet et même de la mort, se pourrait-il qu'elles s'obligent à ne pas le faire au nom de la liberté de religion hyperprotégée par nos chartes, et que leurs défenseurs les confortent dans l'idée qu'aucun compromis ne peut être fait au détriment de la liberté de religion?

Si c'est le cas, nous avons un problème.

D'abord, rappelons-nous que la liberté de religion telle que protégée par la Déclaration universelle des droits de l'homme des Nations unies en 1948, qui est la déclaration mère de toutes les chartes des droits qui ont été adoptées par la suite dans plusieurs pays, dont le Canada, visait essentiellement à protéger le droit au culte religieux et, en particulier, le libre accès à des espaces cultuels : l'église, la synagogue, la mosquée, etc.

Mais ici, la liberté de religion a pris une très large extension. Nos juges de la Cour suprême ont de fait statué, il y a déjà quelques années, non seulement que le couteau sikh pouvait être porté dans une école, mais aussi qu'une femme citée à témoin pourrait garder son niqab en Cour, pourvu que le juge impliqué constate chez l'accusée «une croyance religieuse sincère» et que l'équité du procès soit sauvegardé.

La «croyance religieuse sincère» pour appuyer l'exercice d'un droit ou d'une liberté ne pose-t-elle pas le problème de l'errance possible de la raison, occultant ainsi ce qui devrait apparaître comme simplement raisonnable en termes vestimentaires pour favoriser des rapports tout simplement humains dans une société?

Je crois qu'au Québec et au Canada, nous sommes rendus avec les jugements des tribunaux à l'égard de la liberté de religion dans cette zone trouble, celle de sa sacralisation outre mesure, au nom même de la liberté.

Cette sacralisation de la liberté de religion outrancière empêche peut-être, et on peut le comprendre, nos femmes voilées d'agir, alors que les islamistes terrorisent les femmes et le monde au nom, justement, d'une sacralisation démente de l'islam.

La question qui se pose avec acuité n'est-elle pas, alors, la suivante : est-ce que l'inaction de nos femmes voilées (compréhensible par ailleurs, car un fou d'Allah peut surgir) ne cautionne pas, par défaut, le terrorisme du groupe État islamique, en particulier grâce à la protection de nos chartes, à la complicité de Justin Trudeau et de nos multiculturalistes québécois et canadiens, faisant en sorte qu'ainsi le terrorisme islamiste arrive même à se nourrir de notre démocratie?

La solution n'est pas simple. C'est toute la question de l'équilibre entre les libertés qui est en cause. Il semble de plus en plus que la liberté de religion est surprotégée au détriment de la liberté de non-religion, qui n'apparaît d'ailleurs pas comme telle dans nos chartes, mais qui est implicite.

Et la solution à cela?

D'abord, abandonner l'idée que l'interdiction des signes religieux dans les espaces institutionnels serait la solution. Il s'agit d'une solution de facilité, inadaptée à notre époque, et qui d'ailleurs a échoué au Québec en avril 2014, face au PLQ et au multiculturalisme.

Ne faudrait-il pas plutôt opter pour une laïcité d'invitation? Inviter le personnel des institutions publiques à s'abstenir de porter un signe religieux à certain(s) jour(s) de l'année (j'ai détaillé cette proposition dans des textes antérieurs).

Ainsi, si des femmes musulmanes, dans ce nouveau contexte, osaient enlever le voile, non seulement elles ne seraient pas seules, mais elles seraient appuyées par toute la société québécoise au nom de la liberté de non-religion, dorénavant officialisée par un régime légal de laïcité qui pourrait même prendre la forme d'une déclaration de laïcité inscrite dans notre Charte des droits et libertés.

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