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Une visite - en feu et en images - d’une des dernières forges du Québec

À un an de la fin de son bail, l'organisation Les Forges de Montréal demande l'implication des autorités publiques pour préserver ce patrimoine culturel immatériel montréalais.

Ivan Savchev dépose fièrement dans la braise un couteau pratiquement arrivé à sa forme finale. Il y a à peine une heure, ce couteau était encore une vieille chaîne de vélo rouillée. Ce forgeron aurai ainsi donner une deuxième vie à cette pièce initialement vouée aux ordures.

Voyez les forgerons à l’oeuvre dans la vidéo ci-haut.

La forge traditionnelle n’est pas la discipline la plus contemporaine, mais bien le type de pratique artisanale qu’on associe davantage à «époque médiévale» qu’à «réseaux sociaux».

Pourtant, dans un monde où l’on prend de plus en plus conscience de notre empreinte écologique, la forge traditionnelle prend tout son sens. Plutôt que de tomber dans la production de masse d’un objet de basse qualité qui finira aux poubelles, le forgeron peut quant à lui produire un outil unique et durable.

Une question de patrimoine

«Comme société, peut-on se permettre de perdre le savoir-faire de la forge traditionnelle, qui est le patrimoine mondial de l’humanité?» C’est ainsi que Mathieu Collette, le fondateur et codirecteur des Forges de Montréal - organisme fondé en 2000 - insiste sur l’importance de cette pratique qui lui est chère.

C’est lui qui est à l’origine de cet organisme indépendant qui défend l’héritage de la forge traditionnelle à bout de bras. Situé dans la vieille station de pompage Riverside, à l’ombre du fameux signe de Farine Five Roses, Les Forges de Montréal est le dernier centre de formation de la forge traditionnelle au Canada.

Ce sont eux qui soutiennent la mission de conservation de ce «patrimoine matériel et immatériel» de ce savoir-faire ancestral. Selon Mathieu Collette, dernier taillandier* au Canada, il en va de l’importance du patrimoine de Montréal. «En 1642, on a fait venir des taillandiers de France pour construire notamment le fort Ville-Marie.»

À un an de la fin du bail, la Ville n’intervient toujours pas

L’organisme à but non lucratif attend toujours des nouvelles pour le renouvellement du bail de l’organisme, qui sera échu à la fin février 2021. En 2015, l’ancienne administration de la Ville avait émis un avis d’éviction qui avait finalement été annulé.

Aujourd’hui, les locataires de la station Riverside attendent d’en savoir plus sur leur sort pour pouvoir faire des plans à long terme. À noter qu’ils prennent aussi en charge le rôle de la maintenance de l’édifice depuis l’an 2000.

«On est en train de devenir un Économusée et on compte beaucoup là-dessus pour financer les rénovations du bâtiment pour nos activités», explique Mathieu Colette.

«On va injecter 1,5 M$ dans la bâtisse de la Ville. On est cinq personnes à travailler à temps plein là dessus, à pomper de l’argent, du temps et de l’espoir et la Ville tarde à nous répondre. C’est un peu choquant!»

*Taillandier: personne qui fabrique les outils et fers tranchants utilisés par les cultivateurs et certains artisans.

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