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La réalité derrière l'image

Le vieillissement de la population aura inévitablement des conséquences sur les finances publiques. Il y aura de moins en moins de contribuables et de plus en plus de besoins.
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Le 6 janvier dernier, La Presse+ titrait en une «Le dossier qu'il n'a pas vu venir». Il y est question des conséquences que le vieillissement de la population aura inévitablement sur les finances publiques au pays. Et la réalité est insensible à l'image que nos politiciens et leurs stratèges choisissent soigneusement de nous présenter en campagne électorale pour se faire élire.

Selon les prévisions démographiques, la proportion de personnes âgées de 65 ans et plus devrait passer de 15% aujourd'hui à 24% dans vingt ans (2035). Donc, de moins en moins de personnes actives sur le marché du travail devront financer les services publics par le biais des impôts, taxes et droits qu'elles paient, alors que le nombre de personnes âgées - qui statistiquement requièrent plus de services et coûtent donc plus cher à l'État - enregistrera un bond important.

Déjà, on prévoit que Québec devra trouver 800 milliards de dollars d'ici 2064 pour amortir l'impact du vieillissement de la population sur le financement des programmes sociaux. 800 milliards de dollars, c'est près de quatre fois l'actuelle dette de la province !

Pour mettre cet effort en perspective, rappelons-nous les compressions imposées par le gouvernement de Philippe Couillard depuis 2014 simplement pour atteindre l'équilibre budgétaire l'année prochaine (si ce que les libéraux provinciaux nous racontent est la vérité) et les perturbations sociales ayant résulté de ces compressions. Maintenant, pensons à comment l'État québécois réussira à dégager 800 milliards sur 50 ans dans un contexte de vieillissement de la population où la population active est en décroissance, et alors que la province traîne déjà une dette qui s'approche dangereusement des 300 milliards de dollars. La dette provinciale par contribuable s'établit aujourd'hui à près de 70 000 $. À combien s'élèvera-t-elle dans 5, 10, 20 ans ? Tout laisse entrevoir de douloureuses années à venir pour le sacro-saint modèle québécois et ceux qui le défendent bec et ongles.

Il est vrai que les retombées liées au vieillissement de la population canadienne n'ont pas été abordées durant la dernière campagne électorale fédérale, qui a pourtant été la plus longue dans l'histoire moderne du pays (78 jours). On a beaucoup parlé de niqab, de marijuana, de la vente de «Jeeps» à l'Arabie saoudite, de l'usure du gouvernement Harper, des réfugiés syriens et des plans des différents prétendants au poste de premier ministre (rappelons-nous combien de fois Justin Trudeau a affirmé sur toutes les tribunes qu'il avait «un plan»).

Il est donc très étonnant, et inquiétant, d'apprendre que celui qui a réussi à se faire élire à la tête du pays le 19 octobre dernier n'a pas vu venir le dossier du vieillissement de la population, un dossier qui sera inévitablement lourd de conséquences sur la croissance future de l'économie canadienne et sur la pérennité des services publics au pays. Justin Trudeau s'est fait élire en promettant notamment de faire des déficits au cours des prochaines années pour tirer profit des faibles taux d'intérêt et investir davantage dans les infrastructures. Dans son cadre financier, le retour à l'équilibre budgétaire était prévu en 2019-2020. Or, ce cadre financier ne tient déjà plus la route et il est déjà établi que les déficits seront plus élevés au cours des prochaines années que prévu/promis par les libéraux.

Si les libéraux de Justin Trudeau n'ont pas tenu compte de l'incidence du vieillissement de la population lorsqu'ils ont monté leur cadre financier, il faut espérer qu'ils ne pensent pas que l'argent tombe du ciel. Il y a des limites à utiliser la carte de crédit pour payer l'épicerie, et ça ne règle en rien le nœud du problème : au cours des prochaines décennies, il y aura de moins en moins de contribuables et de plus en plus de besoins, notamment à l'échelle des provinces (pensons simplement à la santé, qui accapare déjà le tiers du budget déposé par Québec chaque année, près de 50% si on y greffe tous les services sociaux).

La lune de miel est terminée. Il est temps pour Justin Trudeau de lâcher les selfies et d'arrêter de se prendre pour une vedette, et de plutôt se mettre à exercer les fonctions auxquelles il a été élu : celles de premier ministre du Canada. Et il y a fort à parier que le Canada de Justin Trudeau n'ait rien à voir avec la belle image qu'il a présentée à la population en campagne électorale pour se faire élire au poste qu'il occupe maintenant. Car, au-delà de l'image, il y a la réalité, et elle est implacable.

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