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Vers un réseau canadien de transport haute-tension?

Le moment n’est-il pas venu voir plus loin que ces quelques liens entre certaines provinces ?
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La situation serait plus prometteuse encore si ce gouvernement voyait assez grand pour comprendre enfin l’intérêt d’un projet dument articulé qui couvrirait cette fois l’ensemble du Canada.
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La situation serait plus prometteuse encore si ce gouvernement voyait assez grand pour comprendre enfin l’intérêt d’un projet dument articulé qui couvrirait cette fois l’ensemble du Canada.

Le 11 octobre dernier, James Carr, ministre des Richesses naturelles du Canada, déclarait l'intérêt du gouvernement pour l'addition de liens énergétiques entre les provinces, projets tout indiqués pour le programme des infrastructures du Gouvernement du Canada. Le moment n'est-il pas venu voir plus loin que ces quelques liens entre certaines provinces ?

Depuis des décennies, une solution pour répondre efficacement aux besoins en énergie de l'ensemble du Canada a été maintes fois présentée : la réalisation d'un réseau de transport haute tension pancanadien, proposé, encore et encore, notamment par l'Institut C D Howe, l'Institut Fraser, l'Académie canadienne des Ingénieurs et la Société canadienne des Ingénieurs séniors ?

Quelques caractéristiques du réseau pancanadien proposé

Le potentiel hydroélectrique encore disponible au Canada est suffisant pour ajouter encore environ 75 000 MW aux quelques 175 000 MW d'installations hydroélectriques en service. Ce potentiel disponible se situe principalement au Labrador, au Québec, au Manitoba, en Colombie-Britannique et dans les Territoires du Nord-Ouest.

À lui seul, par exemple, sans inondations notables, et presque déjà régularisé, le fleuve Mackenzie pourrait générer 14 000 MW 80 % du temps, soit autant que le Complexe La Grande et ce, avec seulement six centrales de 20 à 30 mètres de hauteur. Au Québec, un potentiel hydroélectrique de 20 à 24 000 MW est encore disponible au coût actuel de l'énergie et le deviendra énormément plus dès l'année 2022, alors que s'appliquera la pénalité de 50 $/tonne de GES émises.

En résumé, comme hypothèse de base, le projet comprendrait la construction d'un réseau de quelques 14 000 Kilomètres de lignes 735 000 KV (Hydro-Québec en opère actuellement 12 000 Km), au coût de quelques 60 milliards de dollars, projet réparti sur une période d'environ deux décennies, délais requis pour réaliser les nouveaux équipements de production hydroélectrique, solaire et éolienne nécessaires, d'un coût supérieur à celui du réseau. Ajoutons que ce projet de réseau était déjà intéressant et qu'il serait désormais bonifié davantage par le nouveau programme des infrastructures !

Un tel réseau, à cause de son étendue de l'Atlantique au Pacifique, permettrait d'exploiter à fond les énergies solaires et éoliennes, énergies intermittentes, mais que les réservoirs des grands aménagements hydroélectriques peuvent de mettre en réserve pour un autre moment. Lorsque coordonnées ensemble, sur un vaste de réseau, ces trois sources d'énergie renouvelables constituent en effet un ensemble imbattable d'énergies propres, renouvelables et durables. (Shawinigan-2 opère depuis 1911)

La géographie du Canada fait que ce nouveau réseau pancanadien serait à 60 % implanté au Québec.

La géographie du Canada fait que ce nouveau réseau pancanadien serait à 60 % implanté au Québec. Puisqu'en plus, Hydro-Québec a développé chèrement depuis 1965 le savoir-faire unique requis pour l'exploitation de longs réseaux en termes de commande, de protection et d'entretien, il va de soi que le Québec serait la province la plus impliquée dans la réalisation du projet.

Environnement

Ce projet de trois milliards de dollars d'investissements annuels, donc très abordables, permettrait de remplacer et/ou de mettre partiellement en réserve de pointe, le parc de centrales thermiques (charbon, gaz naturel, diésel et fuel) de 30 000 MW encore opérationnels au Canada. Les émissions de gaz à effets de serres (GES) du Canada seraient réduites d'environ 200 à 225 millions de tonnes par année, soit d'un tiers environs.

Il faut compter en effet que pour produire une puissance de un MW de source thermique sur une base continue, il faut consommer environ 2 500 tonnes de fuel par année et émettre ainsi 10 000 tonnes de gaz à effets de serre. La pénalité s'élèvera donc alors à quelque 500 000 $/an/MW, ce qui triplera le coût actuel de l'énergie. Plusieurs projets reportés actuellement deviendront également très rentables.

La province de l'Alberta est la seule province à ne jamais avoir mis sur pied son entreprise provinciale type Hydro-Alberta, d'où la situation difficile actuelle.

Les réseaux les plus polluants se situent actuellement dans les provinces maritimes, qui opèrent environ à 60 % de sources thermiques, et dans l'Ouest canadien où, à elle seule, l'Alberta est desservie par quelques 110 centrales thermiques polluantes, réparties entre une quarantaine de producteurs privés, pour une capacité de l'ordre de 10 000 MW de son réseau total de 13 000 MW. La province de l'Alberta est la seule province à ne jamais avoir mis sur pied son entreprise provinciale type Hydro-Alberta, d'où la situation difficile actuelle.

Avantages apportés aux provinces

En ce qui concerne l'Ontario, le 17 octobre dernier, l'Institut Fraser publiait une étude qui soulignait le fait que les tarifs élevés de l'électricité sur l'activité industrielle de l'Ontario y avaient entrainé la perte de quelques 75 000 emplois. Dans la même journée, la vérificatrice générale de la province déplorait la présentation discutable des comptes et prévoyait des hausses importantes des tarifs dans un court terme. Or, l'existence de ce réseau pancanadien permettrait à l'Ontario de profiter des bas tarifs des provinces voisines.

En Colombie-Britannique, la construction du « site C », de 1 100 MW, sur la rivière de la Paix, pourrait être abandonnée très prochainement après y avoir pourtant investi quatre milliards de dollars et ce, parce que la demande d'énergie pourrait être insuffisante. Or, à proximité immédiate du site C, se trouve en Alberta un ensemble de 10 000 MW de centrales thermiques polluantes et dispendieuses qu'il faudrait remplacer.

À Terre-Neuve, en 2011, le gouvernement Williams s'est lancé tête baissée dans la construction du projet de Muskrat Falls, le plus petit des deux projets étudiés, mais aussi le moins rentable. L'estimation de huit milliards de dollars est maintenant révisée à plus de treize milliards, une dette énorme pour une petite population de 530 000 personnes, de l'ordre de 30 000 dollars par citoyens ou de quelque 70 000 dollars par payeur de taxes. Quel sera bientôt le prix de l'énergie pour les ménages ? De plus, à qui les entreprises devront-elles refiler leurs coûts additionnels d'énergie ? Que fera le gouvernement fédéral qui s'est permis de garantir pour neuf milliards de la dette ? Cette situation fait la une des journaux locaux presque à plein temps. Or, même ce projet, intégré à un réseau pancanadien, pourrait encore être supportable financièrement.

En conclusion, il est très intéressant de voir le Gouvernement du Canada s'intéresser enfin aux échanges d'énergies entre certaines provinces et d'offrir une participation financière par l'entremise du programme des infrastructures. La situation serait plus prometteuse encore si ce gouvernement voyait assez grand pour comprendre enfin l'intérêt d'un projet dument articulé qui couvrirait cette fois l'ensemble du Canada.

Avril 2018

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