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À qui profite une formation universitaire?

L'État comme le citoyen, la société comme l'individu, sortent gagnants d'une formation universitaire.
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S vous pensez que, pour trouver une formule équitable de financement du système d'enseignement supérieur, il faut avoir les idées claires sur les bénéfices respectifs d'une formation universitaire pour la société ET pour l'individu, je vous invite à vous rendre au bout de ce billet.

C'est un débat larvé, qui ressurgit périodiquement dès qu'il est question d'évaluer les parts du financement public et privé des universités: à qui profite le plus une formation universitaire ?

Les tenants de la gratuité répondent invariablement : la société, et c'est pourquoi il faut non seulement financer notre système d'enseignement supérieur à même les deniers publics, mais en garantir l'accès gratuit.

Les tenants de la tarification à l'entrée répliquent : non, c'est l'individu, dont les revenus et le bien-être général augmentent mécaniquement après un passage sur les bancs de l'université.

La vérité, comme souvent, se situe à mi-chemin - ou plutôt sur les deux chemins. Et c'est pourquoi la lecture de la dernière édition de Regards sur l'éducation, publiée par l'OCDE, est si éclairante. L'organisme consacre un chapitre complet à ce qu'il appelle le «taux de rendement interne» de l'investissement, privé et public, en éducation. Ne prenez pas peur, restez avec moi encore un peu.

Sans entrer dans les détails de la méthodologie, disons que ce taux de rendement est établi en mettant dans la balance tous les aspects des coûts et des bénéfices, aussi bien publics que privés, des études postsecondaires. Tout cela pour en arriver à une évaluation par pays du retour net sur tout investissement en éducation.

Les conclusions du rapport? Le rendement public de l'investissement dans l'enseignement supérieur est significatif dans tous les pays de l'OCDE : on parle d'un retour moyen sur investissement de 10 % pour les hommes et de 8,6 % pour les femmes. Mais le rendement privé, lui, est encore plus élevé, de quatre points de pourcentage de plus pour les hommes et de trois points de pourcentage de plus pour les femmes.

Trop abstrait ? Alors, prenons le Canada comme un exemple. Et limitons nous aux femmes, qui constituent plus de 60 % de l'effectif étudiant universitaire.

Pour former une citoyenne au niveau postsecondaire, l'État canadien - y compris les provinces, bien entendu - doit débourser, en moyenne, 48 600 $. Il ne s'agit pas uniquement des subventions qui sont versées aux établissements, mais aussi des recettes fiscales auxquelles l'État renonce temporairement en envoyant cette femme aux études. Mais l'État se rattrape plus tard : la diplômée lui versera au cours de sa vie professionnelle, sous diverses formes fiscales, 96 900 $ de plus qu'un diplômé du secondaire. Rendement net pour l'État : 6,7 % !

Pour se former, la citoyenne doit, elle aussi, délier les cordons de la bourse : 55 600 $ en moyenne au Canada. Encore là, cela inclut non seulement les droits de scolarité, mais aussi le salaire auquel elle doit renoncer pendant ses années d'études et un certain nombre d'autres postes de dépenses liés aux études. Mais son diplôme lui «rapportera» au cours de sa vie 227 600 $ de plus après impôts et cotisations sociales. La différence, 171 900 $, équivaut à un rendement de 13,5 % ! Cherchez un indice boursier qui batte ça. Bonne chance !

On le voit : tout le monde - l'État comme le citoyen, la société comme l'individu - sort gagnant d'une formation universitaire. Le citoyen ou l'individu, un peu plus que l'État ou la société. Ce qui pourrait permettre de poser la question : pour être un bon citoyen, combien doit-on payer pour aller à l'université ?

C'est une question à laquelle nous n'avons pas vraiment répondu collectivement.

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