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L'argent ne vaut même plus son pesant d'or

L'époque est révolutionnaire: aventures attendues dans le bionique, l'IA, l'imprimerie 3D, la fusion froide sans compter les robots qui arrivent et nous inquiètent. Tout ce qui paraissait à l'endroit passe à l'envers.
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L'époque est révolutionnaire: aventures attendues dans le bionique, l'IA, l'imprimerie 3D, la fusion froide sans compter les robots qui arrivent et nous inquiètent. Tout ce qui paraissait à l'endroit passe à l'envers. Les prix eux-mêmes dont la progression non maitrisée était la caractéristique première ne parviennent plus à monter. Le prix du pétrole dégringole à des niveaux que la morale d'autrefois aurait réprouvés. La BCE devait empêcher le taux d'inflation de dépasser le seuil diabolique de 2%. C'est pire: il s'est installé bien en dessous et n'en bouge plus.

La révolution suit son chemin et s'installe triomphalement dans les endroits les moins attendus: la banque, la finance, l'Argent en d'autres termes. La révolution? L'argent qui ne vaut plus rien. Les flots de monnaie qui dévalent et ne s'arrêtent pas même dans les poches. La foule des prêteurs qui erre, have et déguenillée, pareille à un migrant de base et qui tend sa sébile suppliant les emprunteurs de prendre l'argent qui dégouline de ses poches.

La révolution de l'argent? Le marché qui assure la rencontre de l'offre et de la demande ne connaît pas les territoires négatifs pour les services, les biens et les marchandises, c'est-à-dire tout ce qui a un coût de production. Or, justement, la monnaie ne coûte rien à fabriquer. Regardez comme font les banques centrales. Elles disent "je vais vous en passer pour 60 milliards par mois" et "en avant, vous avez vos 60 milliards!". Pas de souci pour le rythme de production, pas de tensions sur les capacités productives.

La révolution de la monnaie renvoie au grenier dans les vieilles malles napthalinisées toutes les théories monétaires. L'argent islamique qui a "pompé" les vieux préceptes de la sagesse grecque et vous regarde de haut en baragouinant "l'argent ne fait pas de petits" est ringardisé. Le débiteur n'est pas la victime d'une injustice sociale. On n'a plus besoin de convoquer les dieux de l'Olympe et de l'Islam pour condamner ceux qui prétendent lui faire suer de l'or.

Révolutionner, c'est mettre à l'envers. De nos jours ceux qui souffrent de l'argent sont ceux qui le produisent. Qu'en faire, une fois fabriqué? Le poser sur des étals devant leurs boutiques, saignant et bien à point. Comment faire boire tous ces ânes qui n'ont pas soif et déambulent sans emprunter. Le seul moyen: le taux négatif. L'équivalent capitaliste du "pain et des jeux" de l'Empire Romain. Le cadeau publicitaire institutionnalisé. La démarque qui se perpétue. Le temps ne fait plus rien à l'affaire: il s'est arrêté, il a suspendu son vol.

Autrefois, l'argent de demain ne valait pas celui d'aujourd'hui. Il fallait payer pour convaincre son propriétaire de ne le retrouver qu'après "quelque temps". Avec les taux d'intérêt négatifs, l'argent de demain ne vaut plus rien du tout. Plus personne ne veut payer pour en avoir, c'est tout l'inverse: il faut payer le débiteur pour qu'il en prenne. Révolution...

Pascal Ordonneau - Le retour de l'Empire Allemand ou le Modèle Imaginaire chez JFE éditions.

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