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Élections 2018: Le comté de Vachon et le 450 dans la mire de Ian Lafrenière et la CAQ

L'ex-policier caquiste tente de ravir la circonscription de l'ex-péquiste Martine Ouellet.
Olivier Robichaud

La Rive-Sud de Montréal a tendance à prendre une teinte de bleu un peu plus pâle qu'à son habitude, à en croire les nombreux sondages diffusés depuis un an. La Coalition avenir Québec (CAQ) y mène une attaque de front, attirant notamment un candidat vedette en la personne de Ian Lafrenière pour ravir le bastion péquiste qui était détenu par Martine Ouellet, devenue indépendante.

La circonscription de Vachon a été au centre de nombreux regards depuis deux ans. Sa députée Martine Ouellet s'est présentée pour une seconde fois à la chefferie du Parti québécois (PQ) en 2016, avant de prendre la tête du Bloc québécois au palier fédéral. S'en est suivi tout un feuilleton de conflits internes qui ont mené à l'éjection de Mme Ouellet en juin, après un vote où seulement 32% des membres du Bloc lui ont accordé leur confiance.

Mme Ouellet, qui siège comme indépendante à l'Assemblée nationale depuis 2017, a décidé de ne pas se représenter.

Martine Ouellet a démissionné de son poste de chef du Bloc québécois le 4 juin, au lendemain d'un vote de confiance perdu.
THE CANADIAN PRESS
Martine Ouellet a démissionné de son poste de chef du Bloc québécois le 4 juin, au lendemain d'un vote de confiance perdu.

Un vide à combler

Malgré ce que disent certains anciens collègues à propos de sa personnalité abrasive, Mme Ouellet était bien appréciée des électeurs de Vachon, qu'elle a représentés pour le PQ pendant sept ans. Même ses opposants reconnaissent la valeur de son travail.

«Ça fait une semaine et demie que je fais campagne ici, et c'est déjà ce qui ressort. Les gens aimaient beaucoup Martine Ouellet», affirme Ian Lafrenière, rencontré lors d'une séance de pose d'affiches à la fin du mois d'août.

M. Lafrenière est connu pour un rôle tout à fait autre. Ancien visage public du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), il a été appelé à commenter toutes sortes de dossiers touchant le corps de police montréalais, notamment pendant les manifestations étudiantes de 2012.

Il avait toutefois été tassé de ce rôle par son ancien patron au SPVM, Philippe Pichet, en juin 2016.

«La CAQ m'a approché en 2016, au lendemain du jour où j'ai appris que j'avais "décidé" de quitter les communications», dit-il, à la blague.

M. Lafrenière n'a toutefois accepté qu'à l'automne 2017. Le rapport avec les gens lui manquait depuis son affectation à la section du renseignement, dit-il. Et on le croit: pendant l'entrevue en voiture dans les rues de Saint-Hubert, ce véritable verbomoteur parle de ses enfants, de ses missions en Haïti et en Afrique, de son temps avec les Forces armées canadiennes... et de son «musée des Simpsons», qui prend une pièce complète de sa maison.

«Je me suis acheté, récemment, un gros "El Barto" à une place où ils vendent des trucs usagés. C'est un Bart Simpson de 36 pouces, un peu trop gros, avec une cape rouge. [...] Alors j'ai dit "hey, ça va me porter chance"», affirme-t-il.Ian Lafrenière

Ses plans ont toutefois été retardés après le remplacement de Philippe Pichet par Martin Prud'homme en décembre 2017. M. Prud'homme lui a demandé de réintégrer les communications. La candidature de Ian Lafrenière a finalement été annoncée en août 2018.

Un vieux routier du PQ

M. Lafrenière n'a pas été parachuté de nulle part. Il a grandi dans le secteur Fatima de Longueuil, dans la circonscription voisine de Taillon, et réside actuellement à Mont-Saint-Hilaire. Il a choisi Vachon parce qu'il connaît la base militaire.

Il affrontera toutefois un adversaire péquiste qui connaît encore mieux le secteur. L'ancien attaché politique de Martine Ouellet, Patrick Ney, a repris le flambeau de son ancienne patronne. Militant du PQ dans Vachon depuis 2003, il n'a pas peur des combats serrés.

Patrick Ney, candidat du Parti québécois dans la circonscription de Vachon.
Courtoisie - Parti québécois
Patrick Ney, candidat du Parti québécois dans la circonscription de Vachon.

«Des vagues, on en a vu. En 2007, Mario Dumont est arrivé avec l'ADQ et Camil Bouchard a réussi à garder son siège. On est toujours entré avec des majorités assez faibles dans Vachon. Nous, notre force dans le comté, c'est que c'est toujours les mêmes militants qui sont avec nous. La machine, elle fonctionne, elle est rodée», dit-il.Patrick Ney

Selon le site du Directeur général des élections (DGEQ), les victoires péquistes dans Vachon ont été arrachées avec plus ou moins 200 voix de majorité en 2007 et 2014. Mais les autres élections récentes ont été remportées par le PQ avec des marges beaucoup plus confortables.

Tendance lourde vers la CAQ dans le 450

Pour M. Ney, la CAQ est un «mirage» qui «joue avec de l'argent Monopoly».

N'empêche, la Rive-Sud semble vouloir suivre la direction prise par la Rive-Nord de Montréal, qui est plutôt caquiste depuis quelque temps. Selon les projections de Qc125.com, Vachon est désormais solidement dans le camp de Ian Lafrenière et François Legault, tout comme Taillon et Montarville (cette dernière circonscription étant déjà détenue par la CAQ). Dans la circonscription de Marie-Victorin, à Longueuil, la jeune vedette du PQ, Catherine Fournier, fait face à une lutte serrée.

Si la tendance se maintient, tout le sud-ouest du Québec pourrait devenir un océan presque ininterrompu de bleu pâle. Avec en son centre un îlot de rouge à Montréal et Laval, tirant un peu sur l'orangé dans un coin.

Dans une entrevue récente concernant une tendance semblable à Pointe-aux-Trembles, la professeure Catherine Côté de l'École de politique appliquée de l'Université de Sherbrooke soulignait que les électeurs ne sont plus aussi fidèles aux partis qu'autrefois. Et les électeurs péquistes sont une cible de choix pour la CAQ.

Le changement ne serait pas anodin pour le PQ. Taillon, actuellement représentée par la porte-parole péquiste en santé Diane Lamarre, est l'ancienne circonscription de René Lévesque. À cette époque, Taillon comprenait Vachon et la majeure partie de Marie-Victorin.

La candidate libérale dans Vachon, Linda Caron, estime que Mme Ouellet a failli à sa tâche de députée en siégeant à l'Assemblée nationale alors qu'elle dirigeait le Bloc québécois à Ottawa.

«Le travail le plus important d'un député, c'est justement d'être député. Quand on est ailleurs, on ne peut pas remplir notre rôle correctement», dit-elle.Catherine Côté

Du côté de Québec solidaire, le candidat André Vincent, qui réside dans le comté, est plus tendre envers sa députée. Il est toutefois plus critique du Parti québécois, pour lequel il a pourtant milité dans les années 1970.

«Le PQ a démontré qu'il n'est pas le véritable parti du changement. [...] Depuis les années 1980, il n'a pas donné la chance aux Québécois de rêver leur société», dit-il.André Vincent

Le transport, un sujet incontournable

La question du transport est un incontournable de cette élection, notamment à cause de la construction du REM et des nombreuses demandes de prolongement de métro. Mais elle prend une importance particulière sur la Rive-Sud à cause de l'arrivée prochaine de plusieurs très gros joueurs industriels.

Molson déménagera notamment près de l'aéroport de Saint-Hubert, situé dans Vachon. Ce secteur a d'ailleurs reçu des investissements majeurs pour attirer non seulement des industries, mais également des vols commerciaux de plus grande envergure.

Les nouveaux développements auront un impact majeur sur le carrefour des routes 112 et 116, déjà massivement congestionné, à cause des milliers de déplacements additionnels de camions, de travailleurs et de voyageurs. Sans parler de l'autoroute 30, dont les problèmes sont bien connus.

DGEQ

En 2013, le gouvernement Marois a acheté un corridor ferroviaire reliant Saint-Hubert et Chambly le long de la route 112. Dans le cadre du Grand Déblocage proposé par le PQ, ce corridor deviendrait éventuellement le prolongement d'un tramway qui relierait l'aéroport au métro de Longueuil. Entre-temps, un chemin de bus express pourrait y être aménagé selon M. Ney.

Du côté de la CAQ, M. Lafrenière se dit en faveur d'une offre accrue de transport en commun, «sans pénaliser les automobilistes». Son parti prévoit prolonger le REM vers Chambly, le long de l'autoroute 10, ainsi que vers l'autoroute 20 en suivant la 30.

Québec solidaire a déjà promis de réduire de moitié le tarif du transport collectif. Le parti propose aussi de racheter le Réseau express métropolitain à la Caisse de dépôt et placement du Québec et de construire la ligne rose promise par la mairesse Valérie Plante.

Selon Mme Caron, le PLQ prévoit aussi de nouvelles annonces. Le ministre André Fortin a déjà annoncé que l'accotement de l'autoroute 30 pourra bientôt être utilisé comme voie réservée aux autobus.

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