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Trump le narcisse abject ne veut pas gagner et ne sera pas élu

Chaque jour qui passe, il fait la preuve que sa pensée politique est celle d'un pilier de bar qui éructe sa haine et étale son ignorance.
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Trump aligne les déclarations abjectes, de l'appel au meurtre à peine déguisé de sa rivale, aux allusions racistes en sous-entendus que les Américains appellent "dog whistle", c'est à dire inaudibles pour les humains, mais audibles par les chiens, il en appelle à la violence contre un manifestant ou propose de botter le cul de l'État islamique comme s'il s'agissait d'être encore plus violent pour régler un problème complexe.

Chaque jour qui passe, il fait la preuve que sa pensée politique est celle d'un pilier de bar qui éructe sa haine et étale son ignorance. Il dit vouloir se rapprocher de la Russie et ne pas respecter la charte de l'OTAN, ce que d'aucuns prennent au sérieux, mais il le fait au nom d'un nationalisme isolationniste qui n'est pas pensé et est aux antipodes des idées habituellement défendues par son parti, le GOP (Grand Old Party), qu'il s'évertue à faire exploser en factions opposées.

S'il est vrai que toute publicité est de la bonne publicité, on peut croire que Trump en faisant parler de lui tous les jours par une outrance, un mensonge, une manifestation de cruauté ou d'ignorance crasse réussit à dynamiser sa campagne. Pourtant, on s'aperçoit que l'accumulation de ses abominations ne sert qu'une fonction: flatter son narcissisme et plaire à son auditoire qui est loin d'être majoritaire aux États-Unis. Comme homme d'affaires, il n'est pas particulièrement doué, ses tentatives d'implantation en Russie se sont toutes soldées par des échecs, mais comme publicitaire de sa propre petite personne narcissique, il réussit plutôt bien.

«Trump jouit de sa notoriété, du fait que l'on parle de lui et que sa campagne booste ses affaires. Il fait le mariole et ne se soucie aucunement des gens déclassés.»

Chaque jour, il s'aliène des groupes ou des individus qu'il devrait conquérir ou fidéliser, comme les anciens combattants ou les militaires. Les sondages montrent qu'il dévisse et, à moins d'une surprise d'octobre qui pourrait venir de révélations compromettantes pour Clinton, il a déjà perdu l'élection. Il souffre d'un syndrome d'échec.

Trump le bouffon a pu facilement défaire les 16 autres prétendants à l'investiture républicaine qui étaient tous plus réactionnaires les uns que les autres, mais son public, celui des déçus ou victimes de la mondialisation, souvent blancs et de sexe masculin, n'est pas la majorité des électeurs. Sa stratégie du bouffon fou qui plait à ceux qui veulent casser le système ou cracher dans la soupe rencontre ses limites. Les puissances d'argent ont clairement choisi Clinton qui a toujours donné des gages à l'État profond, c'est-à-dire à l'establishment ou au complexe militaro-industriel. La plupart des supporters de Sanders vont voter pour elle alors même qu'elle représente tout ce qu'ils détestent chez les démocrates, par peur des dérives fascistes de Trump. Leurs idées sont pourtant plus proches de celles de Jill Stein, la candidate des Verts.

Trump le bouffon fidélise une minorité qu'il exhorte à la violence et que, par ailleurs, il méprise. Contrairement à Sanders, il n'a aucun plan de redistribution pour lutter contre l'inégalité, il n'a aucun plan pour apaiser les relations internationales et choisir la diplomatie au lieu de la guerre, il a peu de soutien institutionnel, à part la NRA, et même le Wall Street Journal ne le soutient pas.

Comme Jean-Marie Le Pen ou Dieudonné dans sa phase sinistre, Trump adore la provocation et joue fort bien avec les médias (une abomination vaut des heures de pub gratuite), il sent ses auditoires et quête leur vénération, mais l'accumulation de ses fausses bourdes, qui sont les formes de ses abjections, lui donne certes une jouissance narcissique, mais l'éloigne de l'élection.

En tant que PDG, il fait faire, mais ne fait pas lui-même. On pourrait dire que Reagan faisait la même chose et ne comprenait pas plus les affaires du monde, mais Reagan suivait une ligne réactionnaire cohérente, était en phase avec l'establishment et son verbe était tout miel.

Aujourd'hui c'est Clinton qui est l'héritière de Reagan, que les démocrates, Obama en tête, ne cessent d'évoquer. Trump, en bon pilier de bar, peut-être après quelques excès, passe du coq à l'âne et ressemble à un éléphant dans un magasin de porcelaine. Il dégomme le commerce et les accords de libre-échange, mais sa rhétorique n'a rien à voir avec celle des opposants de gauche comme Lori Wallach de Global Trade Watch qui sait de quoi elle parle. Son racisme est certes l'héritier de celui d'un Nixon inventeur de la stratégie sudiste ou d'un George H W Bush qui en 1988 s'était servi du cas Willie Horton pour dégommer son adversaire Dukakis. Mais Trump l'énonce sans filtre alors que ses prédécesseurs le pratiquaient en catimini. Un tel comportement laisse penser que ce n'est pas l'élection et encore moins la responsabilité de la fonction qui le motivent. Il amuse la galerie, mais fait tout pour perdre.

Trump jouit de sa notoriété du fait que l'on parle de lui et que sa campagne booste ses affaires. Il fait le mariole et ne se soucie aucunement des gens déclassés qui n'ont pas leur place dans le système politique et économique américain. Son populisme est une pure arnaque. Sa pensée est aussi hésitante que sa grammaire. Il dénonce le système tordu dont il est pourtant l'un des produits et ceux qui le suivent sont bernés par un beau parleur, un joueur de flûte de Hamelin.

«Trump ne sera pas élu, il le sait, mais il restera le chouchou de tous ceux qu'il a su berner avec un discours anti-système auquel il ne croit pas lui-même.»

Clinton sera donc élue dans un fauteuil, à moins que d'autres révélations de Wikileaks ne détruisent sa crédibilité. Elle pourra continuer à se déplacer vers la droite en ignorant les supporters de Sanders et récoltera les voix des Républicains dits modérés, c'est-à-dire du monde des affaires. Trump le bouffon sert d'épouvantail et il est facile de voir pourquoi, tant cet homme est abominable. Clinton ne pouvait rêver de meilleur opposant, l'épouvantail sert à masquer ses propres failles, mensonges ou turpitudes, comme, selon Julian Assange de Wikileaks, ses affaires avec Lafarge, le cimentier qui finance Daech et la fondation Clinton, ses propres aventures avec des intermédiaires russes, sa propension à lancer des interventions militaires catastrophiques comme en Libye en 2011, sa proximité avec Wall Street, cette proximité même que Sanders attaquait.

Trump n'est pas un candidat sérieux, il veut faire le malin comme Jean-Marie Le Pen, mais ne veut pas diriger les États-Unis. Il est donc vrai qu'il n'a pas les capacités pour être président, mais cela ne l'intéresse pas. En faisant apparaître Clinton comme raisonnable, rassurante et donc éligible, il lui rend le plus grand service imaginable.

Les abjections de Jean-Marie Le Pen en faisaient le chouchou (involontaire?) des médias qui adoraient dénoncer ses infamies et donc le rendre célèbre. Le narcisse de New York ne veut pas se mettre une grosse responsabilité sur le dos. Il ne sera pas élu, il le sait, mais il restera le chouchou de tous ceux qu'il a su berner avec un discours anti-système auquel il ne croit pas lui-même et qui ne correspond à aucune proposition politique viable.

La non-élection de Trump n'est une bonne nouvelle que partielle, car le bouffon menteur aura encouragé des ferments fascistes et accru la prédominance du simplisme. Par la suite, Clinton mettra en œuvre son agenda néolibéral et guerrier. De toute façon, rien de bon ne sortira de cette élection qui montre la dégradation du débat politique américain et préfigure peut-être un phénomène semblable en France. La question sociale qui a resurgi durant la campagne, y compris de façon caricaturale avec Trump, va s'éteindre au moment de l'élection pour réapparaitre ensuite.

Ce billet de blogue a initialement été publié sur le Huffington Post France.

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