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Trump change de ton sur le coronavirus, le «canular» est maintenant «un fléau»

Donald Trump ne voyait pas la différence entre la Covid-19 et la grippe ou les accidents de voiture. Désormais, «c’est une question de vie ou de mort».

ÉTATS-UNIS - Le grand écart est flagrant. Donald Trump a radicalement changé de ton lors de sa conférence quotidienne sur le coronavirus ce mardi 31 mars après avoir régulièrement minimisé l’ampleur de la pandémie et les conséquences de la Covid-19 sur la population.

Le président américain, qui se réjouissait il y a à peine 48h des audiences de ses conférences de presse, a basculé dans un registre plus grave et prévenu ses compatriotes que les deux semaines à venir allaient être “très très douloureuses” alors que le nombre de morts et de malades ne cesse de s’alourdir outre-Atlantique.

“Je veux que chaque Américain soit prêt pour les jours difficiles qui nous attendent”, a-t-il ajouté en assurant qu’une fois cette épreuve passée, il serait possible de “commencer à voir une vraie lumière au bout du tunnel”.

“Il faut que les Américains suivent les consignes (de distanciation sociale, ndlr) pendant les 30 prochains jours, c’est une question de vie ou de mort très honnêtement. (...) Quand vous voyez chaque soirée (quand les chiffres du jour sont annoncés, ndlr) le nombre de morts causées par cet ennemi invisible, c’est incroyable”, a continué Trump en parlant du coronavirus comme d’“un fléau”.

Selon le décompte de l’université Johns Hopkins qui fait référence, plus de 184 000 cas de contamination par la Covid-19 ont été enregistrés dans le pays et plus de 3 700 personnes sont maintenant décédées. Un nombre qui continue de s’accélérer, notamment à New York.

La Maison Blanche a estimé que la maladie fera entre 100.000 et 240.000 morts si les restrictions actuelles prolongées jusqu’au 30 avril sont respectées, contre 1,5 à 2,2 millions sans aucune mesure. Elle avait évoqué dimanche une fourchette de 100 000 à 200 000.

“Les accidents de la route font plus de morts”

Un discours sombre qui tranche avec les semaines passées. Un mois plus tôt, Donald Trump lançait à ses partisans pendant un meeting en Caroline du Sud que “les démocrates se servent du coronavirus comme d’une arme politique”. Ils ont essayé de me battre avec le canular qu’était la destitution, ils n’ont pas réussi. Ils ont tout essayé, et ça c’est leur nouveau canular”, s’amusait-il le 28 février à Charleston. Le lendemain, le premier décès de la Covid-19 aux États-Unis était annoncé.

Alors que les frontières du pays étaient quasiment fermées et que plusieurs États dont New York et la Californie avaient décrété unilatéralement un confinement de leur population avec la fermeture de tous les commerces non essentiels, Donald Trump n’avait ensuite eu de cesse de s’inquiéter pour l’économie.

“On peut détruire un pays en le fermant de cette façon”, avait-il estimé sur la chaîne ultra conservatrice Fox News, ajoutant qu’une “grave récession ou une dépression” pourrait faire plus de morts que l’épidémie.

Il s’était aussi laissé aller à comparer le drame actuel aux accidents de la route que personne ne propose de combattre en paralysant le pays. “Les accidents de voiture font beaucoup plus de morts que ce dont nous parlons en ce moment, on ne va pas pour autant interdire aux gens de conduire.” (vidéo ci-dessous).

“Ce n’est pas la grippe, c’est vicieux”

Donald Trump avait pourtant semblé accepter la gravité de la situation mi-mars, en se disant “en guerre” contre cet “ennemi invisible” qui commençait à faire des ravages aux États-Unis. Mais cela n’a pas duré.

Comme il l’avait fait le 9 mars dans un tweet partagé et liké plus de 375.000 fois, le président avait recommencé pas plus tard que le 23 mars à minimiser la menace en comparant notamment la pandémie actuelle à la grippe saisonnière. “L’an dernier 37.000 Américains sont morts de la grippe. On ne ferme rien, la vie et l’économie continuent. Pensez à ça!”, s’agaçait-il au début du mois.

Revirement total ce mardi 31 mars en conférence de presse. “Beaucoup de gens disent qu’il faut prendre son mal en patience et attendre que ça passe comme une grippe. Mais ça n’est pas une grippe, c’est vicieux”, a déclaré le président.

Autre changement de taille, le discours sur les efforts du pays pour fournir le matériel nécessaire aux hôpitaux pour affronter l’afflux de malades. Pas plus tard que le 29 mars, Donald Trump demandait aux journalistes d’enquêter sur les quantités de masques réclamées par New York, épicentre de la pandémie.

“Comment est-ce que l’on passe d’utiliser habituellement 10, 20, 30 000 masqueà 300 000? Certes la situation est différente, mais il se passe quelque chose. En tant que journalistes vous devriez regarder ça. Où vont les masques, ils sortent par la porte de derrière?”, s’étonnait le président alors que la ville compte désormais plus de 76 000 malades et plus de 1 500 morts, et en est rendue à dresser des tentes dans Central Park, convertir un centre de conférences en centre de soins et utiliser un navire-hôpital pour gérer l’explosion des cas.

Ce mardi, il a eu des mots bien différents pour le personnel qui se bat au quotidien pour sauver des vies. “Je regarde les soignants se rendre à l’hôpital, tels des soldats qui vont à la guerre. Leur courage est incroyable. Si j’avais un chapeau, je leur tirerais mon chapeau sur le champ. Ils rentrent (dans l’hôpital), il y a plein de choses qui flottent dans l’air, vous ne savez pas si ce que vous touchez est propre”, a déclaré Trump.

Alors que la crise du coronavirus a franchi un cap symbolique ce mardi en faisant désormais plus de morts que le 11-Septembre, le président semble donc enfin prendre davantage la mesure de la situation, pour le moment en tout cas. “Vous voyez des gens qui vont à l’hôpital et deux jours plus tard ils sont dans le coma, on n’a jamais vu ça”, a-t-il reconnu, deux mois après l’apparition du premier cas sur le sol américain.

Ce texte a été publié originalement dans le HuffPost France.

À voir aussi: Un navire-hôpital de 1000 lits arrive à New York

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