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Trudeau et Trump: contraste majeur dans la lutte contre le coronavirus

Le président américain a indiqué qu'il souhaitait réduire les mesures de distanciation sociale pour stimuler l'économie.

Le président américain Donald Trump dit vouloir se concentrer sur la relance de l’économie américaine. Le premier ministre Justin Trudeau, quant à lui, a déclaré que l’objectif de son gouvernement était de maintenir les gens en vie et en bonne santé.

Dans son point de presse quotidien de l’extérieur de son domicile où il demeure isolé après que sa femme, Sophie Grégoire Trudeau, a contracté la COVID-19, le premier ministre a laissé entendre que les deux pays voisins tracent des parcours différents.

«Nous continuons, au Canada, à fonder nos décisions, nos recommandations et nos lignes directrices à l’intention des Canadiens en nous basant sur la science», a déclaré M. Trudeau.

«Notre priorité est de maintenir les Canadiens en vie et en bonne santé et c’est ce sur quoi nous continuerons à nous concentrer au Canada.»

Les paroles de M. Trudeau contrastent fortement avec les propos de M. Trump, qui, plus tôt cette semaine, a tweeté qu’il prenait des mesures de distanciation sociale et d’isolement, entraînant la fermeture des entreprises à travers le pays. Il se donnait alors 15 jours avant de réévaluer leur impact.

«NOUS NE POUVONS PAS LAISSER LA SOLUTION ÊTRE PIRE QUE LE PROBLÈME LUI-MÊME. À LA FIN DE CETTE PÉRIODE DE 15 JOURS, NOUS PRENDRONS UNE DÉCISION SUR LA MARCHE À SUIVRE!», a déclaré le président dimanche.

Mardi, lors d’une intervention sur Fox News, M. Trump a déclaré qu’il pensait que «beaucoup moins d’un pour cent» des Américains contracteraient la COVID-19.

L’Organisation mondiale de la santé a déclaré mardi que les États-Unis pouvaient devenir le nouvel épicentre de la pandémie en raison d’une forte accélération du nombre d’infections de ce virus respiratoire fortement contagieux. Mardi, quarante pour cent des nouveaux cas signalés dans le monde au cours des 24 heures précédentes provenaient des États-Unis.

Certaines personnes vont tomber malades, a reconnu le président lors de son entrevue télévisée, mais la situation actuelle est pire, a-t-il affirmé.

Le premier ministre Justin Trudeau et le président américain Donald Trump.
La Presse canadienne
Le premier ministre Justin Trudeau et le président américain Donald Trump.

«Vous allez avoir des suicides par milliers», a déclaré M. Trump. «Vous allez avoir de l’instabilité.»

Les Américains seront déprimés et cela «cause la mort» et d’autres problèmes, a expliqué le président. Les propriétaires de petites entreprises ne veulent pas être enfermés à la maison, ils veulent sauver leur entreprise, a-t-il déclaré.

M. Trump, pour la deuxième fois en deux jours, a comparé le nouveau coronavirus à la grippe et a déclaré que davantage de personnes mourraient du naufrage des États-Unis dans une «récession ou une dépression majeure».

Il a dit à Fox qu’il était sûr qu’il y avait des médecins qui souhaiteraient que les États-Unis demeurent fermés pendant deux ans, mais il espérait rouvrir le pays aux affaires d’ici Pâques, le 12 avril.

«Nous devons remettre notre pays au travail.»

De nombreux experts ont appelé les dirigeants politiques à accroître les tests, le traçage et l’isolement pour arriver à freiner la propagation de la COVID-19. Un professeur de l’Université de Yale a cependant mentionné dans le New York Times qu’après deux semaines d’isolement, ceux qui sont malades devraient rester à la maison, tandis que ceux qui n’ont développé aucun symptôme devraient être autorisés à retourner au travail.

Dans un éditorial publié vendredi, David L. Katz a suggéré que les efforts de santé publique devraient se concentrer sur les plus vulnérables pendant que d’autres Américains pourraient attraper et se remettre des infections généralement bénignes du virus.

Tom Inglesby, directeur du John Hopkins Center for Health Security, a tweeté cette semaine que quiconque appelant à la fin de la distanciation sociale devait comprendre pleinement ce qui arriverait aux États-Unis si une telle mesure était prise.

«COVID se répandrait largement, rapidement, terriblement, pourrait tuer potentiellement des millions de personnes dans [l’année] à venir avec un énorme impact social et économique à travers le pays», écrit-il.

Lors d’une conférence de presse lundi soir, Trump a déclaré que la grippe allait probablement tuer 50 000 Américains cette année. «Et regardez les accidents d’automobiles, qui sont bien plus importants que tous les chiffres dont nous parlons. Ça ne signifie pas que nous allons dire à tout le monde: «Plus aucune conduite de voitures.»

Trump: «Notre pays n’a pas été bâti pour être fermé»

Lors d’une conférence de presse lundi soir, M.Trump a prédit que les «difficultés» se «termineraient bientôt».

«La vie normale reviendra», a-t-il dit. «Notre pays n’a pas été bâti pour être fermé. Ce n’est pas un pays qui a été bâti pour ça. Il n’a pas été bâti pour être fermé.»

Les responsables de la santé publique utiliseront des données provenant de l’ensemble des États-Unis pour recommander des moyens pour que les économies locales puissent reprendre prudemment leurs activités «à un moment approprié», a déclaré M. Trump, en lisant des phrases préparées.

Le vice-président Mike Pence a déclaré aux journalistes lundi que les Américains étaient au huitième jour des 15 jours du président pour ralentir la propagation du nouveau coronavirus. À la fin de la semaine prochaine, Trump a déclaré qu’il prendrait une décision sur «la direction dans laquelle nous voulons aller, où nous voulons aller, le timing».

«Nous faisons référence au moment de l’ouverture - essentiellement, l’ouverture de notre pays, car nous l’avons assez bien fermé afin de se débarrasser de cet ennemi invisible», a-t-il déclaré.

Ce sera «beaucoup plus tôt», a déclaré M. Trump, «que les trois ou quatre mois auxquels quelqu’un faisait référence. Beaucoup plus tôt.»

M. Trudeau a déclaré aux journalistes qu’on lui demandait chaque jour combien de temps les restrictions canadiennes en matière de distanciation sociale resteraient en place.

«La vérité est que nous ne savons pas», a-t-il dit. Ce qu’il sait, c’est que la durée de la crise sera déterminée par les choix que font actuellement les Canadiens. «Donc, si vous voulez que les choses reviennent à la normale, faites votre part, restez à la maison», a-t-il dit.

«Nous reconnaissons que le besoin de distanciation sociale - ce qui signifie de garder deux mètres de distance et de ne pas se rassembler en groupes - va durer encore plusieurs semaines», a-t-il déclaré.

Entre temps, M. Trudeau a souligné que son gouvernement libéral présentait mardi une loi visant à donner aux Canadiens qui ont perdu leur emploi ou qui sont obligés de rester à la maison pour s’occuper de leurs enfants non scolarisés ou de leurs proches malades au moins 1800 $ par mois.

«Nous veillerons à apporter du soutien aux Canadiens et aux petites entreprises afin que, au fur et à mesure, nous soyons en mesure de rétablir l’activité économique qui nous maintient tous prospères lorsque ce sera sécuritaire de le faire», a-t-il déclaré.

Fermeture de la frontière Canada-États-Unis aux voyages non essentiels

Des responsables au Canada ont soutenu que des mesures d’auto-isolement sont nécessaires pour arrêter la propagation de la maladie, pour protéger les médecins et les infirmières et pour s’assurer que le système de santé n’est pas submergé en essayant de prendre soin des personnes âgées et des personnes les plus vulnérables à la COVID-19.

Un document de planification préparé pour la Saskatchewan Health Authority et obtenu par La Presse Canadienne, par exemple, notait que «même dans des hypothèses prudentes», COVID-19 mettrait à rude épreuve les ressources.

«Il y aura probablement des pertes de vie et de santé importantes», indique le document, selon la PC.

L’administratrice en chef de la santé publique du Canada, Theresa Tam, a déclaré qu’elle espérait avoir une idée dans une semaine ou deux de l’efficacité des mesures de distanciation sociale - éviter les groupes et rester chez soi -.

«Notre principale stratégie est de veiller à ce que les gens s’isolent d’eux-mêmes quand ils le doivent et que tout le monde respecte la distanciation sociale», a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse à Ottawa. «Cela en soi réduira la chaîne de transmission, si tout le monde le respecte. Je ne peux donc pas insister suffisamment sur à quel point c’est important. Si nous voulons maîtriser la propagation communautaire, tout le monde doit respecter ces mesures.»

Le Canada et les États-Unis ont fermé leur frontière commune à tous les voyages non essentiels samedi. La nourriture, les médicaments et les fournitures industrielles continueront de circuler sans entrave, au moins jusqu’à la fin avril, lorsque les deux pays réévalueront leur accord frontalier.

Les deux pays ont également conclu un accord mutuel pour renvoyer les demandeurs d’asile traversant irrégulièrement en dehors des points d’entrée officiels.

Mercredi matin, près de 3000 cas confirmés et présumés de COVID-19 ont été signalés au Canada, dont 28 décès. Aux États-Unis, au moins 55 000 cas ont été signalés et 785 décès. De nombreux cas au Canada ont été attribués à des voyageurs en provenance des États-Unis.

Ce texte, initialement publié sur le site du HuffPost Canada, a été traduit de l’anglais.

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