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Troubles alimentaires et anxiété: les confessions percutantes de Joanie Gonthier

«Je regarde mon parcours depuis un an et, premièrement, je n’en reviens pas d’être encore en vie, confie-t-elle. Je suis là et je vais bien. Et je ne pensais jamais dire ça.»
Joanie Gonthier
Facebook/Joanie Gonthier
Joanie Gonthier

«Chaque matin, sourire aux lèvres, micro à la main, je vous mentais. Je me mentais.»

Pendant des années, Joanie Gonthier a souffert de troubles alimentaires, de troubles de santé mentale et de problèmes de consommation. L’ancienne présentatrice météo à Salut Bonjour!, à TVA, a publié un texte coup de poing dans Urbania, jeudi le 19 décembre, dans lequel elle détaille sa descente aux enfers et son long parcours vers la guérison.

Alors qu’elle se faisait complimenter et qualifier de «soleil matinal» par de nombreux Québécois, la jeune femme broyait du noir, en cachette.

«Pendant longtemps, je me disais que je n’allais pas partager cette histoire-là, a confié l’animatrice au HuffPost Québec. C’était bien trop embarrassant. Et surtout, je ne pensais pas que j’allais m’en sortir. Je pensais que j’allais être pognée avec ça toute ma vie.»

Mais depuis quelques mois, elle émerge. Elle apprend à prendre soin d’elle. Et elle a envie de partager son histoire, si cela peut aider ne serait-ce qu’une personne qui est à son plus bas, en ce moment, parce que c’est ce qui l’a aidée, elle. Maintenant, elle a envie d’en parler. Elle a compris qu’il était temps qu’elle partage publiquement ce qu’elle a vécu quand elle a commencé à raconter son parcours à la pauvre caissière, à l’épicerie, raconte-t-elle à la blague.

«Je regarde mon parcours depuis un an et, premièrement, je n’en reviens pas d’être encore en vie, affirme-t-elle. Je suis là et je vais bien. Et je ne pensais jamais dire ça.»

Et visiblement, les gens sont effectivement touchés par sa troublante histoire. Depuis ce matin, les messages virtuels affluent par centaines, alors que les réelles accolades par des inconnus, les yeux plein d’eau, se multiplient, assure-t-elle.

Hyperphagie, anorexie, boulimie et alcool

Tout a commencé par un régime trop contraignant qu’elle a suivi lorsqu’elle était plus jeune, confie Joanie. Cela lui a fait développer un trouble d’hyperphagie, c’est-à-dire des épisodes de gavage alimentaire. Au début de la vingtaine, alors qu’elle commençait l’université, elle a alors décidé d’arrêter de manger, pour arriver à «vaincre» ce trouble. Cela l’a finalement menée vers la boulimie, après un épisode où elle a mangé tout, absolument tout ce qui se trouvait chez elle.

Rapidement, l’alcool est arrivé dans ces épisodes de boulimie: elle avait lu quelque part que si elle ingérait de l’alcool avant ses «orgies de bouffe», cela empêcherait toutes les calories qu’elle avalait de se métaboliser dans son système («de la bullshit», admet-elle aujourd’hui).

Souvent, elle a tenté d’aller chercher de l’aide, mais elle remettait cela à plus tard, ne voulant pas mettre sa carrière de côté.

«J’avais 22 ans… je n’avais pas le temps de prendre une pause pour aller à hôpital, raconte-t-elle. Je mettais toujours ma guérison sur le back burner

Toute cette pression pour être parfaite lui faisait également vivre beaucoup d’anxiété.

«Tout le long, pendant Salut Bonjour!, mes problèmes s’aggravaient constamment, au fil des années, explique-t-elle. Je ne mangeais presque pas, je voulais être maigre en ondes. Et j’étais tellement fière d’avoir survécu et de m’être retenue par rapport à la bouffe, que le weekend, c’était le gros party. Je mangeais tout.»

Ensuite, Joanie a commencé à vouloir se récompenser le soir, en rentrant chez elle.

«C’est devenu plus fréquent. J’ai frappé le bas fond. Le soir, j’étais boulimique et alcoolique.»

Et le matin – la nuit, en fait –, elle rentrait au travail en espérant que personne ne remarque qu’elle était enflée à force de s’être trop fait vomir ou qu’elle sentait le fond de tonne. Les photos que la jeune femme a intégrées à son texte sont d’ailleurs troublantes.

En octobre 2018, elle a finalement quitté Salut Bonjour! pour s’occuper d’elle, malgré le stress de manquer d’argent (elle confie qu’elle dépensait à l’époque environ 600$ par semaine en alcool et en nourriture). Elle est retournée chercher de l’aide professionnelle. C’est son amoureux (avec qui elle partage sa vie depuis neuf ans) qui lui a fait comprendre que sa guérison était prioritaire. Encore aujourd’hui, d’ailleurs, elle confie, très émotive, qu’elle ne comprend pas pourquoi son amoureux est resté.

“Le monde m’arrêtait dans la rue et me demandait: “c’est quoi ton prochain move?” Mais je n’avais rien à annoncer. Je ne pouvais pas dire que mon prochain projet était de me sortir de ce qui allait me tuer si je continuais comme ça.”

- Joanie Gonthier

Les premiers temps ont été durs. En plus de devoir changer ses habitudes alimentaires, elle devait accepter de ne pas avoir de projet professionnel.

«Le monde m’arrêtait dans la rue et me demandait: “c’est quoi ton prochain move?” Mais je n’avais rien à annoncer. Je n’avais rien à leur dire. Je ne pouvais pas dire que mon prochain projet était de me sortir de ce qui allait me tuer si je continuais comme ça.»

«J’étais embarrassée, ajoute-t-elle. Je me sentais comme un échec monumental.»

Et tranquillement, les choses se sont mises à mieux aller. Joanie a accepté de ne pas avoir d’autres projets que de manger ses trois repas par jour et de s’écouter.

«Jour après jour, je me vois sous un oeil différent», dit-elle.

L’été dernier, elle a recommencé à se sentir plus forte. Elle a participé à Sucré Salé, à TVA, en plus de coanimer une émission à QUB radio. Elle assure qu’elle va beaucoup mieux. Et même si le temps des Fêtes peut être une période difficile, remplie de tentations, elle a hâte de se rendre à son réveillon en famille et d’accompagner son copain chez sa mère. Parce que l’an dernier, elle a passé Noël toute seule, rejetant sa famille.

Enfin, elle a l’impression de redevenir la petite Joanie enjouée qu’elle était. Celle qui, à cinq ans, se promenait avec une brosse à cheveux en guise de micro. Et elle est confiante que 2020 lui réservera de belles surprises.

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