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«Transparent»: l’urgence de vérité de Mario Tessier

«Je suis tout sauf confiant dans la vie, je suis une bibitte d’insécurité...»
Julien Faugère

Mario Tessier n’a rien du «vieux grincheux dépassé par son époque». Au contraire, l’humoriste de 48 ans a pris bien soin de passer du temps et d’écouter ce que les jeunes humoristes avaient à dire au cours de la dernière année et demie. Un exercice qui a fait de lui un meilleur humoriste, croit-il. Après une première rentrée à Québec - dont les critiques furent élogieuses -, il s’apprête à faire sa grande rentrée montréalaise ce mardi 12 novembre, à L’Olympia, avec son spectacle Transparent, dans lequel il promet d’être totalement lui-même pendant 90 minutes.

Complètement transparent

Mario Tessier porte toujours en lui bien des rêves. Jouer un rôle dramatique à l’écran et animer un vrai talk-show de fin de soirée, par exemple. Voyager davantage afin de se frotter à encore plus de cultures inconnues. Se rendre au camp de base de l’Everest et vivre jusqu’à 100 ans aussi. Pourquoi pas?

Par contre, ce qu’il souhaite le plus pour le moment est plutôt simple: s’amuser sur scène et le faire avec ses tripes et tout son cœur. Le tout devant des gens venus pour rire, discuter et réfléchir avec lui. Car, explique-t-il, le titre Transparent ne se trouve pas uniquement sur l’affiche «pour être cute». L’humoriste l’a choisi comme thématique et fil conducteur de ce spectacle dans lequel il avait envie de raconter une histoire à travers le stand-up, tout en y installant une courbe dramatique.

«On amène les gens dans ma tête et dans cette proposition-là pendant 90 minutes sans entracte, dit-il. J’y fais des révélations, tout est fait dans un esprit d’autodérision, de vérité et d’urgence de te raconter des affaires, de se dire entre nous les vraies affaires.»

L’humoriste parle ici d’une thérapie collective et d’un «show d’autodérision ceinture noire» aux propos transparents venus plutôt avec l’humilité qu’avec l’âge.

«Transparent est né d’une espèce de besoin, en vieillissant, de vouloir qu’il y ait moins de bullshit. On dit qu’on connaît quelqu’un, mais on connaît plutôt ce que la personne veut bien nous montrer. On est toujours en train de photoshopper la réalité, surtout dans notre travail, où tout le monde est donc beau et fin. C’est rare que tu parles de tes travers sur une scène. Je trouvais intéressant, au contraire, de dire que ça ne va pas tout le temps bien, de révéler des choses sur moi et de partager mes travers.»

Quête de la jeunesse éternelle, chirurgie pour hommes, confiance fragile, impatience chronique en vieillissant, peur de la mort, thérapie, pièges des réseaux sociaux, acceptation de nos petits travers, religion; les thèmes qu’il aborde reflètent l’ère dans laquelle nous évoluons.

«Il n’y a pas un moment dans le show où tu te dis : ″OK, lui, il est au-dessus de moi″, ajoute l’artiste. S’il y a un cave dans la pièce, il est sur la scène. (rires) Je pense qu’il y a une écoeurantite de tout ça avec les réseaux sociaux, dont Instagram et ses filtres. Je trouvais ça le fun de dire que ce que je vais raconter sur scène, c’est la vérité. D’ailleurs, le sous-titre du spectacle est «toute vérité est bonne à rire». Elle est bonne à rire, car elle n’est pas toujours bonne à entendre. Les gens disent qu’ils veulent entendre la vérité, mais pourvu qu’on leur dise ce qu’ils veulent bien entendre.

Du bon vieux/nouveau stand-up

S’il a tenu à prendre part au circuit des jeunes humoristes (et à reprendre le chemin des petits bars) pour écrire et roder ce nouveau bébé, c’est que Mario Tessier voulait baigner dans la nouvelle et mouvante réalité de l’humour pour rendre son spectacle actuel.

Une nouvelle réalité revenant ironiquement à la base de l’humour avec le stand-up, composé d’histoires livrées dans la simplicité avec un micro, un tabouret, un public et des gags.

«Je suis le même gars qu’avant, mais dans le nouveau monde qui m’est proposé. Le monde change et tu as deux manières de réagir à cela : en disant que c’était mieux dans mon temps (ce qui est souvent notre premier réflexe et qui fait que tu te plantes) ou en allant voir ce qu’il y a de bon à découvrir dans ce qu’on ne connaît pas encore, même si plein de choses te font suer.»

Se décrivant comme un humoriste et un artiste étant à l’aise avec tout sauf la controverse, il assure que ce spectacle n’abordera aucun sujet choquant ou suscitant les débats profonds. Son unique désir étant de s’amuser et de livrer un spectacle léger qui fera tout de même réfléchir, mais de façon positive. «Je pense que sur scène, dans un stand-up, c’est la seule place où on peut encore être vrai.»

Encore nerveux malgré ses années d’expérience (la faute de cette satanée peur de décevoir), l’humoriste explique avoir l’habitude de tout prendre de façon bien personnelle.

«Je fais ce métier, car j’aime foncièrement ça, avoue-t-il. Je prends ça à cœur, pas juste pour moi, je veux que l’équipe autour soit fière (dont mon metteur en scène Serge Postigo). Tu te mets une pression qui est malade. Parfois, tu veux tout arrêter, puis quand ça va bien, tu veux juste continuer.»

«Il y a des journées où tout ce que tu penses de toi n’est pas super top, confie-t-il. Alors quand tu arrives sur une scène et que tu sais que tu as fait rire 400, 500, 800 personnes, cette énergie que les gens t’ont donnée pendant 90 minutes, tu l’emmagasines. Dans le fond, je suis un siphonneur d’énergie.»

Transparent de Mario Tessier sera présenté en première montréalaise le 12 novembre à L’Olympia puis à travers le Québec. Cliquez ici pour tous les détails.

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