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Trans Mountain: un groupe d'adolescents veut intenter un procès au fédéral

L'impact du projet sur la crise climatique viole le droit à un futur stable, soutient le groupe Youth Stop TMX.
Des tuyaux pour la construction du pipeline Trans Mountain sont déchargés à Edson en Alberta, le 18 juin 2019.
THE CANADIAN PRESS/Jason Franson
Des tuyaux pour la construction du pipeline Trans Mountain sont déchargés à Edson en Alberta, le 18 juin 2019.

Un groupe d’adolescents canadiens milite pour avoir la possibilité d’intenter un procès contre le gouvernement fédéral sur l’approbation et l’achat du projet de pipeline Trans Mountain, après que le gouvernement canadien s’est opposé à leur demande devant la Cour d’appel fédérale plus tôt ce mois-ci.

Au début de juin, 12 contestations juridiques ont été organisées par différents groupes incluant les Premières Nations ainsi que des groupes environnementalistes. Ils contestent le projet sur divers points, dont le droit des Autochtones au territoire et les répercussions écologiques sur les orques du sud.

Le groupe Youth Stop TMX, composé d’Olivier Adkin-Kaya, 18 ans, Nina Tran, 18 ans, Lena Andres, 17 ans et Rebecca Wolf Gage, 13 ans, a protesté contre le projet en évoquant qu’il brimait leur droit à la vie, à la liberté et à la sécurité par sa contribution au réchauffement climatique.

Les quatre jeunes, qui proviennent de quatre villes de partout au pays, expliquent que les émissions de carbone vont contribuer aux changements climatiques du Canada et par le fait même auront des répercussions négatives sur leur santé physique et mentale. Ils soulèvent des impacts négatifs comme l’augmentation de la fumée des feux de forêt, plus fréquent dû à la hausse des températures, et le sentiment d’inquiétude suscité par la crise environnementale.

Exclure la jeunesse

Sur les 12 contestations juridiques, seul le groupe des quatre adolescentes n’a pu avancer dans le processus judiciaire. Olivier Adkin-Kaya dit ne pas comprendre pourquoi seule leur contestation a été bloquée.

«Je ne comprends pas pourquoi, parmi tous les groupes qui ont rempli une demande de révision judiciaire, Trans Mountain Corporation et le gouvernement du Canada ont exclu la jeunesse, le parti qui représente le mieux ceux qui seront le plus affectés par les conséquences du réchauffement climatique», a-t-elle expliqué.

Dans leur réponse, Trans Mountain et le gouvernement fédéral ont indiqué que l’argument des jeunes voulant que leurs droits constitutionnels seraient violés par la construction du projet de pipeline, était «incertain, spéculatif et hypothétique».

Les autres contestations juridiques qui ont été approuvées iront en cour, dans le cadre du processus de contrôle judiciaire de la Cour d’appel fédérale. Le Youth Stop TMX et ses avocats se battent pour convaincre la Cour de permettre à leur contestation juridique d’aller de l’avant. Ils ont présenté une réponse le 29 juillet dans l’espoir de faire avancer le dossier.

La marche des jeunes pour le climat à Edmonton, le 28 juin 2019.
Melanie Woods/HuffPost Canada
La marche des jeunes pour le climat à Edmonton, le 28 juin 2019.

Les avocats du Youth Stop TMX travaillent de façon bénévole avec l’aide du financement de plusieurs subventions en droit de l’environnement. Le groupe a aussi lancé une campagne de financement en ligne afin de soutenir financièrement les honoraires et les frais de justice des déplacements du groupe lorsqu’il conteste le blocage, a expliqué Olivia Adkin-Kaya. Plus de 1800 $ ont déjà été amassés.

L’avocate Erin Gray, basée à Victoria, fait partie de l’équipe légale qui travaille avec les adolescents. Selon elle, la raison évoquée par le gouvernement pour bloquer leur contestation était «incohérente».

«En dépit de l’affirmation de la défenderesse, selon laquelle la question en litige est hypothétique, ce sont les jeunes qui subissent actuellement les torts», a expliqué l’avocate.

En août 2016, la jeune activiste suédoise de 16 ans, Greta Thunberg, qui a récemment été proposée pour le prix Nobel de la paix, a déclenché une grève pour inciter les politiciens à agir face a la crise climatique.

«Les adultes répètent: nous le devons aux jeunes, afin de leur donner de l’espoir. Mais, je ne veux pas de l’espoir. Je ne veux pas être optimiste. Je veux que vous paniquiez. Je veux que vous ressentiez la peur que j’éprouve chaque jour. Puis, je veux que vous agissiez», a exprimé la jeune activiste lors d’un discours tenu en janvier 2019. «Je veux que vous agissiez comme vous le feriez en temps de crise. Je veux que vous agissiez comme si votre maison était en flammes, parce qu’elle l’est.»

Depuis, Greta Thunberg a inspiré des centaines de milliers de gens à suivre ses pas, en créant le mouvement #FridaysForFuture (les vendredis pour le futur). Celui-ci a motivé des milliers de jeunes à quitter l’école, chaque vendredi, pour aller marcher dans les rues afin de revendiquer des actions politiques de la part des gouvernements face à la crise environnementale.

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(Suite de l’article sous la vidéo)


Chacun des membres du groupe Youth Stop TMX milite dans sa communauté. Olivier Adkin-Kaya vit à Edmonton, Nina Tran vit à Hamilton, Lena Andres vit à Winniped et Rebecca Wolf Gage vit à Victoria. Ils citent le travail de Thunberg comme source d’inspiration pour l’organisation dans leur communauté locale et le défi que pose le pipeline Trans Mountain.

Ils ont aussi mentionné avoir tous été affectés par le réchauffement climatique.

«Pour ma part, en Alberta, il y a de la fumée dans l’air en raison des feux de forêt, ce qui accentue le réchauffement, en plus de polluer l’air», a mentionné Olivier Adkin-Kaya alors qu’il expliquait ce qui l’a motivé à participer à la contestation judiciaire.

Le centre-ville d'Edmonton est envahi par la fumée, le 22 août 2018.
NurPhoto via Getty Images
Le centre-ville d'Edmonton est envahi par la fumée, le 22 août 2018.

Rebecca Wolf Gage, également fondatrice de la grève des jeunes pour le climat à Victoria, a expliqué que la fumée des feux de forêt a eu des répercussions négatives sur sa santé et sur sa vie.

Elle a aussi pris la décision de ne pas avoir d’enfant.

«Je ne veux pas d’enfant parce que je ne veux pas donner naissance dans monde sens dessus dessous», a-t-elle expliqué.

Les membres du groupe affirment que l’anxiété climatique a un grand impact sur leur vie. Selon un rapport récent des Nations unies, nous aurions environ 11 ans pour changer radicalement notre empreinte environnementale avant que les changements climatiques n’atteignent un point de non-retour.

L’année dernière, l’Association américaine de la psychologie a publié un rapport sur les répercussions négatives du réchauffement climatique sur la santé mentale. Le rapport a révélé qu’à long terme la crise climatique peut aussi engendrer différentes émotions telles que la peur, la colère, le sentiment d’impuissance et l’épuisement.

Erin Gray, pour sa part, a expliqué qu’elle a accepté de défendre ce dossier parce qu’elle croit fondamentalement en ce que le groupe soutient.

«Je suis très inspirée par les jeunes qui militent contre le réchauffement climatique. Et je crois que [la décision du gouvernement d’acheter le pipeline de Trans Mountain] n’a pas tenu compte de la charte des droits et libertés», a-t-elle soutenu.

Le groupe attend une décision dans les prochains mois, a mentionné Erin Gray.

Ce texte initialement publié sur le HuffPost Canada a été traduit de l’anglais.

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