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«Tout le monde en parle»: Pierre Lapointe, l’affaire Patrick Bruel et les paradis fiscaux

«C’est très délicat de parler de ça, parce qu'on ne peut pas minimiser ce genre de dénonciations...»
Karine Dufour via Radio-Canada

Pierre Lapointe était de passage à Tout le monde en parle, ce dimanche 20 octobre, pour faire la promotion de son plus récent album, Pour déjouer l’ennui, paru vendredi dernier.

Un nouvel opus parsemé «de petits aveux de défaites, de moments où l’humain se retrouve face à son miroir, et réalise qu’il n’est pas aussi beau, fort et brillant qu’il voudrait l’être».

«Je trouve que c’est là que l’être humain commence à être beau, parce qu’il commence à baisser les armes, puis il n’est plus dans une volonté d’impressionner, il est dans une volonté d’être vrai», a expliqué l’artiste.

Le principal intéressé a poursuivi en mettant le tout en relation avec son rapport aux réseaux sociaux, qu’il n’utilise pas, contrairement à d’autres artistes, pour étaler sa vie personnelle, jugeant qu’il y a «quelque chose de dérangeant dans le fait de montrer que le beau est tout le temps dans la vie privée».

«Si je mettais toute ma vie privée là-dessus, je pourrais moi aussi flasher, et je pense que j’aurais une plus belle image de ma vie. Mais serait-elle vraiment en phase avec ce que je vis? Je ne pense pas», a-t-il renchéri.

«Je m’efforce de continuer de dire que c’est normal de se sentir beau, de se sentir laid, de se sentir fort, de se sentir faible, et il faut embrasser chacun de ces états-là.»

L’affaire Patrick Bruel

Guy A. Lepage a ensuite questionné son invité sur l’affaire Patrick Bruel, qui fait l’objet d’une enquête à la suite d’allégations d’exhibition, de harcèlement et d’agressions sexuelles faites par cinq femmes, Pierre Lapointe ayant récemment composé deux chansons pour ce dernier en plus de chanter avec lui.

«C’est très délicat de parler de ça, parce qu’on ne peut pas minimiser ce genre de dénonciations. Il n’y a pas encore eu de procès, mais ça n’a pas d’importance», a-t-il déclaré.

«C’est aussi délicat, parce que j’ai rencontré Patrick par l’entremise de son frère, David-François Moreau, qui a réalisé La science du coeur, et qui est un de mes très grands amis. Je ne peux pas vraiment me prononcer là-dessus, je ne sais pas trop comment aborder la question, mais je ne peux en aucun cas minimiser les accusations, les allégations.»

L’argent qui ne revient pas

Pierre Lapointe est également revenu sur son aventure à titre de metteur en scène du spectacle Bôcca du Cirque du Soleil, qui fut présenté à Monaco.

Bien qu’il ait adoré travailler avec l’équipe du Cirque du Soleil, il admet avoir eu une relation plutôt étrange avec Monaco.

«Ce qui m’a fatigué, c’est que la mafia russe est venue voir le show. Les Hell’s Angels passent dans les rues en motos. Tous ces gens font partie de la société, c’est juste qu’il y a quelque chose de très dérangeant dans le fait d’être dans un des paradis fiscaux les plus flashy de la planète», a-t-il admis.

L’auteur-compositeur-interprète a renchéri en expliquant que, pour lui, notre société faisait face à deux gros problèmes : les changements climatiques et l’évasion fiscale.

«À partir du moment où on enraie le problème de l’évasion fiscale, on en a de l’argent [...] L’argent est un moyen d’aller plus loin extraordinaire, et j’ai beaucoup d’estime pour les gens qui en ont et qui sont dans cette dynamique de partage et de conscience sociale. Mais je dois avouer que je ne l’ai pas vu souvent durant mes trois semaines à Monaco.»

Le citoyen avant l’artiste

Pierre Lapointe a pu poursuivre sur sa lancée en revenant sur la lettre ouverte publiée dans La Presse qu’il a cosignée pour dénoncer l’inertie des gouvernements face aux géants du web en matière de fiscalité.

«Normalement, si vous et moi on fait de l’argent, et là, ce n’est pas l’artiste qui parle, c’est le citoyen canadien - et j’insiste là-dessus -, on redistribue une partie de notre argent dans un fond commun au gouvernement sous forme d’impôts. Moi, je suis fier de participer à une société où on aide les plus démunis, les gens qui arrivent d’ailleurs, les gens qui, pendant six mois, ont été en dépression. C’est important, cette solidarité-là.»

Ce dernier a poursuivi en soulignant du même souffle l’importance de la diversité d’opinions dans les médias, tout en s’inquiétant de la fragilité de la structure sur laquelle repose notre société.

«Tout est en train de s’effondrer. C’est la même chose avec les compagnies qui font des pubs, les chauffeurs de taxi, les commerces de détail, l’hôtellerie. Ce n’est plus juste la musique, c’est toute la structure du Canada.»

«Il faut que le gouvernement s’assure au plus vite d’aller chercher l’argent, parce que les GAFAs [Google, Amazon, Facebook et Apple] ne paient pas d’impôts chez nous [...] On se fait tous voler, et je ne comprends pas qu’il n’y ait personne dans les rues en ce moment pour réclamer ça, et que durant les élections ça n’a pas été un plus gros enjeux.»

Pierre Lapointe est convaincu que si le gouvernement passait les lois nécessaires, les compagnies finiraient par plier, citant ce qui s’est produit dans pareil dossier ailleurs dans le monde.

«Je me demande si les gouvernements ne sont pas du bord de ces grandes compagnies. Je ne sais pas si les lobbys sont si forts que ça. Je me pose des questions. Je suis, je crois, en droit d’avoir des doutes sur l’intégrité de ces chefs de gouvernements-là.»

«Il faut en parler en tant que citoyens. On est tous dans la merde. Un citoyen pauvre, c’est payant pour personne. Il faut garder ce niveau de vie-là, général, parce qu’avoir de l’argent, c’est l’éducation, c’est l’entrepreneuriat, c’est hyper important», a-t-il conclu.

Tout le monde en parle est diffusée les dimanches à 20h, sur les ondes d’ICI Télé.

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