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La thérapie sur application, ça marche?

Les thérapeutes vous reçoivent chez vous, au bureau ou à l’aéroport. À votre guise.
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Trouver un psychologue n’est pas si compliqué que ça. Trouver le temps pour le voir, par contre, s’avère un défi pour certains. Bingo! On peut maintenant suivre une thérapie via une application. Mais le soutien virtuel est-il la réponse à tous nos maux?

La Dr. Khush Amaria, psychologue pour l’application de thérapie digitale bilingue Beacon, est persuadée que oui. Elle dit parfois même pouvoir mieux guérir ses patients que lors d’une séance de thérapie régulière en bureau. «On a souvent des résultats après huit semaines», affirme-t-elle.

Elle évalue le cas de ses clients après que ceux-ci aient rempli un questionnaire, elle établit un plan d’action sur 12 semaines, peut prévoir ou non une rencontre téléphonique si besoin il y a, donne des exercices et lectures et assure des suivis par clavardage et courriels jusqu’à la fin du programme choisi par le client sur Beacon.

Elle reconnaît cependant qu’il y a certaines limites à ses interventions. La méthode virtuelle ne fonctionne qu’avec l’approche thérapeutique cognitivo-comportementale (TCC) qui mise sur un changement conscient des pensées et comportements, sur le «ici et maintenant». La démarche serait particulièrement efficace pour traiter dépression, trouble anxieux, anxiété généralisée ou trouble de stress post-traumatique.

«On personnalise tous les plans de traitement. C’est basé sur la conversation, ce n’est pas un manuel scolaire, insiste Dr. Amaria, qui pratique en Ontario. Et si le diagnostic est trop sévère ou hors de notre champ d’expertise, on ne traite pas. On réfère au service adéquat.»

Les patients ne manquent pas

Seulement 37 % des Canadiens qui souffrent de troubles mentaux font appel des professionnels de la santé, selon Santé Canada.

Le président de l’Association des psychologues du Québec, Charles Roy, n’est cependant pas convaincu de l’efficacité de la télépsychologie au stade actuel. «Si ces formats de thérapie peuvent être utiles pour une certaine catégorie de personnes, c’est loin d’être une panacée et bon nombre de patients décrochent, souhaitant une approche personnalisée où ils peuvent s’exprimer sans être coincés dans un cadre formaté, fait-il valoir. La véritable psychothérapie en face à face demeure le traitement privilégié.»

Si les bienfaits des applications visant le bien-être mental comme les populaires Headspace, Calm ou RespiRelax sont vantés, les études prouvant l’impact positif des thérapies virtuelles demeurent rarissimes.

Dr. Roy pointe une autre lacune. Ces thérapies sont, selon lui, un peu trop expéditives et dans certains cas mériteraient d’être approfondies, ce qu’un thérapeute pourrait constater lors d’un face-à-face.

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Il avoue de plus ne pas être fan des interventions associées au cognitivo-comportemental. «On assiste à une certaine dérive par rapport à l’engouement pour la TCC. La TCC a l’avantage d’être plus facilement abordable pour les protocoles de recherche, d’où sa plus grande présence [NDLR : dans la littérature scientifique]. Mais toutes les approches se valent et c’est la qualité de la personne du thérapeute et la qualité de la relation thérapeutique qui font la différence, et non pas l’approche par elle-même.»

Sauver quelques dollars

La télépsychologie permet aux jeunes parents occupés, aux habitants des régions rurales, aux gens d’affaires qui voyagent beaucoup de pouvoir planifier leur thérapie assistée selon leur horaire, n’importe où. Elle s’avère aussi plus économique.

Selon l’Ordre des psychologues du Québec, une séance de 50 minutes de psychothérapie coûte en moyenne entre 80$ et 130$. Un plan de traitement standard de 12 semaines avec Beacon s’élève à 595$ (soit 50$ par semaine), tandis avec Meetual offre des séances thérapeutiques via vidéoconférences ou clavardage de 20, 40 ou 60 minutes pour une somme allant de 33$ à 99$. Chaque service diffère toutefois beaucoup, et reste tout de même remboursable par la plupart des régimes d’avantages sociaux au Canada.

Son petit jardin secret

L’Ordre des psychologues du Québec a émis un guide pratique pour encadrer la pratique. Elle y incite notamment les professionnels membres à bien connaître les moyens technologiques «en particulier leurs limites» lors de leurs interventions.

Elle rappelle que les mêmes règles de déontologie s’appliquent, qu’un consentement éclairé écrit est nécessaire, puis invite ses membres à faire preuve de vigilance en matière d’administration des tests ou évaluations, dont les résultats peuvent varier lorsque remis en personne ou virtuellement.

Plus important encore, elle avertit de prendre des mesures particulières «raisonnables» pour garantir la confidentialité des patients. L’Ordre reconnaît que l’utilisation de technologies présente des risques potentiels pour la sécurité et la transmission de données.

«Ces menaces à l’intégrité des données et de l’information comprennent les virus informatiques, les pirates informatiques, le vol d’applications technologiques, les dommages aux disques durs et aux disques amovibles, l’échec des systèmes de sécurité, les dysfonctionnements des logiciels, la facilité avec laquelle il est possible d’accéder à des fichiers électroniques non sécurisés, et les dispositifs défectueux ou périmés, stipule notamment le guide. D’autres menaces sont les politiques et les pratiques des entreprises technologiques et celles des vendeurs qui font du cyber marketing à partir de courriels.»

De son côté, Dr. Khush Amaria ne s’inquiète pas trop de la menace à la vie privée associée à la télépsychologie. «On fait tout en notre pouvoir pour garantir la confidentialité et évaluer comment améliorer la sécurité des données. Surtout qu’on [NDLR : chez Beacon] veut être reconnu pour notre professionnalisme, dit-elle. Et de toute façon, en tant que professionnels de la santé, on se doit de la respecter. Sinon, on perd notre droit de pratiquer.»

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