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«Comment je suis devenu musulman»: l'art de bien marier les cultures

La pièce est inspirée d’un événement marquant survenu dans la vie de l’auteur et metteur en scène, Simon Boudreault: celui de son mariage «forcé».
La pièce «Comment je suis devenu musulman» est écrite et mise en scène par Simon Boudreault.
Patrick Lamarche
La pièce «Comment je suis devenu musulman» est écrite et mise en scène par Simon Boudreault.

Jean-François est Québécois, catholique, mais athée; Mariam est d’origine marocaine, de confession musulmane. Leurs différences culturelles ne causent pas trop de problèmes dans leur relation... tant qu’il ne rencontre pas ses beaux-parents! Mais l’arrivée imminente d’un bébé compliquera un peu les choses.

Comment je suis devenu musulman est inspirée d’un événement marquant survenu dans la vie de l’auteur et metteur en scène, Simon Boudreault: celui de son mariage «forcé». La pièce avait d’abord été montée à La Licorne, l’an dernier.

Jean-François (l’excellent Jean-François Pronovost, toujours juste) n’a jamais voulu se marier. Mariam (Sounia Balha, un peu plus inégale) non plus, d’ailleurs: «mes parents seraient ben trop contents!». Mais quand elle tombe enceinte, tout est remis en question. Les parents de Mariam (Belkacem Lahbaïri et Nabila Ben Youssef) sont horrifiés que leur fille puisse avoir un enfant sans être mariée... mais ils ne supportent pas l’idée que l’union puisse être officialisée dans un mariage catholique. Quant aux parents de Jean-François (Michel Laperrière et Marie Michaud, hilarante), ils sont un peu déroutés par ce mélange des cultures.

Mais le plus dérouté, c’est sans doute le personnage de Jean-François, qui se retrouve bousculé dans ses croyances et ses valeurs (le comédien renoue d’ailleurs, d’une certaine manière, avec la belle candeur de Passe-Montagne). Puisqu’il «ne croit en rien», Jean-François devrait-il se convertir à l’islam, auprès de cet «imam de la rue Bellechasse», pour faire plaisir à sa belle-mère? Cela ne serait-il pas un peu hypocrite? Et en même temps, ne croire en rien, «ce n’est pas rien, c’est quelque chose!», se sent-il en droit de revendiquer.

Le personnage de Jean-François (Jean-François Pronovost) se retrouve chez «l'imam de la rue Bellechasse» (interprété par Belkacem Lahbaïri) pour se faire convertir à l'islam.
Patrick Lamarche
Le personnage de Jean-François (Jean-François Pronovost) se retrouve chez «l'imam de la rue Bellechasse» (interprété par Belkacem Lahbaïri) pour se faire convertir à l'islam.

Simon Boudreault, qui nous a déjà donné les pièces Sauce brune et As Is (Tel quel), entre autres, a choisi le ton de l’humour (fidèle à lui-même) et de la légèreté pour s’attaquer de manière intelligente à ce sujet épineux qu’est le mariage des cultures. Un ton qui fait du bien, et qui nous a fait rigoler à plusieurs reprises.

Une bonne partie de cette pièce s’articule autour de la question des compromis, un sujet assez brûlant d’actualité en cette première rentrée sous le signe de la loi sur la laïcité. Il s’agit aussi d’une réflexion sur les religions, et sur tous les a priori que nous pouvons entretenir à leur égard.

Des échanges savoureux

Le ton léger permet d’aborder les préjugés que chacune des familles a sur la culture de l’autre, ce qui laisse place à des échanges assez savoureux. Les négociations sur la tangente que prendra le mariage donnent lieu à des affrontements plutôt cocasses. Les parents de Mariam insistent par exemple pour que ce soit de la musique traditionnelle marocaine qui agrémente la noce, ce à quoi le père de Jean-François se sent obligé de répliquer, pour tirer la couverture de son bord, que ce sera de la musique traditionnelle québécoise.

«C’est un mariage, pas une cabane à sucre!» rétorque son ancienne femme.

Le fameux quiz sur la façon dont les femmes sont perçues et traitées dans les différentes religions, qui dynamise la pièce (un poil trop longue), est aussi très réussi. Les énoncés (et les réponses) sont assez surprenants!

Toutefois, certaines répliques de la pièce, particulièrement lors de ces sympathiques affrontements, ont sonné un peu «mononcle» à nos oreilles et nous donnaient parfois l’impression d’assister à du théâtre d’été. Mais ça ne semblait pas déranger la majorité des spectateurs, qui s’esclaffaient de bon coeur. Le rythme n’était pas non plus toujours au rendez-vous lors de la représentation de mardi, à laquelle le HuffPost Québec a assisté... mais c’était tout de même un soir de première.

Malgré ces quelques bémols, Comment je suis devenu musulman vous fera passer une belle soirée. D’ailleurs, la pièce semble connaître un vif succès, puisqu’elle sera en tournée un peu partout au Québec dans les prochains mois.

Comment je suis devenu musulman, une pièce et une mise en scène de Simon Boudreault, est présentée au Théâtre du Rideau-Vert jusqu’au 7 septembre 2019.

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