Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Temps des fêtes: comment parler à un enfant autiste

Contrairement à la croyance populaire, la majorité des enfants souffrant d'autisme ne sont pas antisociaux.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Pour la majorité d'entre nous, la période des Fêtes est synonyme de rencontres avec les collègues et les voisins, les amis et la parenté. Il y a alors de grandes chances que nous côtoyions dans notre cercle de connaissances et de proches un enfant qui souffre d'autisme.

La raison? Ce trouble neurologique toucherait aujourd'hui un enfant sur 68 ; la prévalence serait quatre fois plus élevée chez les garçons. Entre autres problèmes, les enfants autistes ont souvent de la difficulté à communiquer (que ce soit verbalement ou au moyen d'une aide technique), ce qui peut compliquer les échanges. Toutefois, cela ne signifie pas qu'ils doivent rester à l'écart.

Contrairement à la croyance populaire, la majorité des enfants souffrant d'autisme ne sont pas antisociaux. Malgré tout, un grand nombre de « neurotypiques » ignorent comment s'y prendre pour les intégrer à la conversation ; leurs tentatives se soldent souvent par un échec. Voici donc quelques règles élémentaires à suivre pour faciliter le contact.

1. Évitez d'amorcer la conversation par une question ; optez plutôt pour une affirmation

Une question toute simple comme « Comment ça va? » ou « Quelle est ta couleur préférée? » peut ressembler à un examen pour certains enfants autistes. S'ils échouent à la première question, la conversation se terminera avant même d'avoir commencé.

Bien souvent, cela ne signifie pas que l'enfant n'a pas compris la question ou qu'il ne sait pas comment y répondre. Dans certains cas, c'est comme si la réponse restait « figée » quelque part entre l'idée qui a surgi dans son esprit et l'expression verbale de celle-ci. De plus, la moindre perturbation dans son environnement (bruit de fond, vitesse d'élocution, accent) peut grandement compliquer la tâche de répondre à une question, même banale, sans parler de l'anxiété que suscitent un nouveau contexte ou la présence d'inconnus.

Voilà pourquoi on conseille d'amorcer la conversation par une phrase qui ne mettra pas d'entrée de jeu l'enfant dans une position où il peut « réussir ou échouer ». Il pourra alors décider d'y répondre par une affirmation de son choix s'il le désire. Une remarque comme « J'adore ta chemise » ou « Ils sont cools, ces dinosaures » l'incitera à émettre un commentaire du même genre s'il en a envie. La conversation doit ressembler à un jeu de blocs Lego : elle se construit morceau par morceau, un énoncé à la fois.

2. Attendez patiemment la réponse

Dans la plupart des cas, il n'est pas nécessaire de ralentir son débit, mais il faut laisser à l'enfant le temps de formuler une réponse. Trop souvent, j'ai observé des adultes qui, après avoir attendu une réponse qui tardait à venir, lançaient une autre question dans l'espoir que cette deuxième tentative amènerait l'enfant à réagir.

S'ils avaient attendu une vingtaine de secondes de plus, ils auraient peut-être obtenu une réponse. Une deuxième question peut jeter l'enfant dans la confusion. Il risquera de se figer, car il se demandera s'il faut continuer à répondre à la première question ou s'il faut enchaîner avec la deuxième.

Soyez patient. Persévérez quelques moments de plus. Et lorsque vous penserez avoir assez attendu, comptez cinq secondes de plus en silence. Le délai de réponse est différent pour chaque enfant ; quelques essais pourraient être nécessaires avant de le connaître.

3. Ne vous sentez pas visé personnellement; réessayez plus tard

Je connais des adultes qui, après avoir tenté sans succès d'adresser la parole à un enfant souffrant d'autisme, s'imaginent que celui-ci ne les aime pas ou qu'il est asocial. Dans un cas comme dans l'autre, il est fort probable qu'ils se trompent.

Parfois, les enfants atteints d'un trouble du spectre autistique ne réagissent tout simplement pas en situation de communication, et ce, même lorsqu'ils sont pleinement capables de le faire et comprennent ce qui se passe.

Il se peut qu'au moment où vous parlez à l'enfant, son esprit soit absorbé par un truc fantastique comme son jeu vidéo favori ou une histoire qu'il adore. Il vit cela si intensément qu'il lui est impossible de quitter son monde imaginaire pour pénétrer votre univers social. La concurrence est trop forte, autrement dit.

Il arrive également, dans certains cas, que l'enfant se sente dépassé par la situation; l'environnement le rend anxieux ou les stimulus sensoriels sont trop nombreux. Ou il n'aura pas envie de parler, tout bonnement.

N'hésitez surtout pas à tenter votre chance une nouvelle fois pour convaincre l'enfant que l'effort en vaut la peine. S'il persiste dans son silence, dites-vous que cela n'a rien à voir avec vous ni avec lui d'ailleurs; son humeur du moment ne s'y prête pas, voilà tout. Ça lui passera.

Réessayez plus tard et ne vous sentez pas visé personnellement.

Conclusion : il ne faut jamais exclure un enfant autiste d'une conversation. Il y a de grandes chances qu'il veuille y participer, mais il faut qu'il le fasse comme il l'entend et dans la mesure de ses capacités. Le jeu en vaut la chandelle : vous risquez non seulement de rendre un enfant heureux, mais aussi d'ensoleiller votre propre journée.

VOIR AUSSI

1 enfant sur 50 est atteint d'autisme

Autisme: 10 faits saillants

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.