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Déconfinement ou pas, plusieurs Québécois ne retourneront pas au bureau de sitôt

Alors que le scénario d'une deuxième vague de COVID-19 est de plus en plus évoqué, des entreprises annoncent déjà que leurs bureaux resteront fermés jusqu'en 2021.
Un sondage Léger réalisé il y a quelques semaines révélait que 79% des Canadiens qui font du télétravail depuis le début de la pandémie décrivent l'expérience comme «positive».
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Un sondage Léger réalisé il y a quelques semaines révélait que 79% des Canadiens qui font du télétravail depuis le début de la pandémie décrivent l'expérience comme «positive».

Les Québécois qui travaillent sur un coin de la table de la cuisine depuis que leur bureau a fermé au début de la crise de la COVID-19 en se disant que «c’est temporaire» devraient songer à trouver un arrangement plus optimal. Tout indique qu’ils ne reverront pas leur chaise ergonomique avant plusieurs mois, alors que certaines entreprises annoncent déjà que leurs bureaux ne rouvriront pas avant l’hiver.

La plateforme canadienne de commerce électronique Shopify a annoncé jeudi que tous ses bureaux, dont celui du centre-ville de Montréal, resteraient fermés jusqu’en 2021. Chez Google, qui a aussi un bureau à Montréal, la plupart des employés doivent également s’attendre à travailler de la maison pour plusieurs mois, «potentiellement jusqu’à l’an prochain».

D’autres grandes entreprises permettront un retour graduel au bureau au cours des prochains mois, tout en encourageant les employés à faire du télétravail. C’est le cas de la multinationale Mastercard, qui permettra à ses quelque 20 000 employés de travailler de la maison jusqu’à ce qu’un vaccin ou un traitement contre la COVID-19 soit découvert.

Pour l’instant, au Québec, de nombreux employeurs évoquent pour l’instant le maintien du télétravail jusqu’au 31 août, souligne Me Marianne Plamondon, avocate associée au cabinet Langlois. La spécialiste du droit du travail et de l’emploi juge toutefois que le scénario de plus en plus évoqué d’une deuxième vague de contamination au Québec pourrait en pousser plusieurs à repousser cette date.

«La raison est fort simple: l’employeur a comme obligation première d’assurer la santé et la sécurité de ses employés», rappelle-t-elle. Et revenir au bureau, tant que la COVID-19 circule, c’est s’exposer à des sources potentielles de contamination dans le métro, l’ascenseur, les espaces communs...

La plupart des entreprises qui ont réussi à garder la même performance avec le télétravail ont donc tout intérêt à continuer, selon elle. «Si le télétravail fonctionne bien, pourquoi exposer les employés à un risque de contamination?»

“«Imaginez tout le stress qu'on créerait pour les employés. Ça ne vaut pas la chandelle.»”

- Me Marianne Plamondon

Il ne serait pas non plus souhaitable de faire revenir les employés au travail - avec toutes les nouvelles précautions sanitaires que ça implique - simplement pour les renvoyer à la maison lors d’un éventuel second confinement.

Sans compter que contribuer à endiguer la pandémie est une question de responsabilité sociale pour tout le monde, y compris les entreprises.

Me Plamondon estime que les employeurs ont tout à gagner en avisant tout de suite leurs employés s’ils savent que l’arrangement va perdurer. «Le fait de le dire à l’avance, ça crée un peu de certitude dans toute cette incertitude.»

Nouveaux défis

Si Me Plamondon prône, comme le gouvernement du Québec, le maintien du télétravail pour ceux qui le peuvent, elle convient que son adoption à grande échelle crée de nouveaux défis pour les employeurs.

D’abord, «les employeurs doivent être conscients que même si l’employé est à la maison, c’est à l’employeur de s’assurer que le lieu de travail est sécuritaire», rappelle-t-elle.

Cette obligation peut prendre plusieurs formes en fonction de la nature du travail, mais Me Plamondon évoque notamment le besoin pour certains d’avoir une chaise de travail ergonomique ou encore un endroit pour classer les dossiers afin d’éviter que l’employé ne trébuche s’ils sont empilés au sol.

Avis aux employés qui voient ici une occasion de pousser le bouchon un peu plus loin: cette obligation a ses limites. Un employé qui travaille dans un appartement non climatisé, même en pleine canicule, aurait selon elle peu de chances de convaincre son employeur de défrayer les coûts d’un climatiseur.

Aux enjeux de sécurité s’ajoutent également ceux de confidentialité, lorsque des employés doivent faire des appels ou conserver des documents de nature confidentielle dans un espace partagé par d’autres membres de la famille.

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Si les employeurs «n’ont pas vraiment le choix de trouver des solutions» à ses questions, Me Plamondon est d’avis que la crise actuelle pourrait permettre à certaines entreprises de découvrir les vertus du télétravail: baisse de certains coûts fixes, gain de temps pour les employés qui ne passent plus des heures chaque semaine dans le trafic ou le transport en commun, diminution du stress, meilleure conciliation famille-travail...

Chose certaine, de nombreux employés ont pris goût à leur nouveau quotidien professionnel. Un sondage Léger réalisé fin avril, alors que la moitié des Canadiens travaillaient de la maison, révélait que 79% des télétravailleurs décrivaient leur expérience comme «positive». Un autre sondage réalisé par l’agence de recrutement Robert Half indiquait que 74% des employés de bureau passés au télétravail en raison de la pandémie souhaiteraient le pratiquer plus fréquemment après le déconfinement.

Si cette volonté persiste une fois la crise terminée et que la volonté des employeurs est au rendez-vous, un télétravail plus répandu aurait aussi des bienfaits pour la planète.

D’après une étude réalisée en 2011 par le Telework Research Network, une firme de recherche sur le télétravail, si tous les Canadiens dont l’emploi est compatible avec le télétravail choisissaient cette option deux jours par semaine, le pays économiserait quelque 390 millions de litres d’essence par année. À l’époque, cela équivalait à retirer 30% des voitures solo de Montréal, notait l’étude. Aujourd’hui, les impacts d’une telle mesure seraient probablement encore plus importants, puisque plus d’emplois sont désormais compatibles avec le télétravail, grâce aux nouvelles technologies.

De quoi donner nous donner un coup de pouce pour faire face au prochain grand défi de l’humanité: la crise climatique.

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