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Sur Instagram, la journaliste Mona Chalabi crée un format pour permettre aux non-voyants de mieux s'informer

Déjà connue pour ses statistiques décalées sur le genre, la sexualité, ou les stéréotypes raciaux, elle veut ouvrir son travail aux malvoyants.
Sur Instagram, Mona Chalabi créé un format pour permettre aux non-voyants de mieux s'informer.
Tom Silverstone
Sur Instagram, Mona Chalabi créé un format pour permettre aux non-voyants de mieux s'informer.

Les statistiques, c'est loin d'être sexy. Sauf quand c'est Mona Chalabi qui s'y colle. Cette journaliste de données anglaise du Guardian américain s'applique à rendre les chiffres accessibles, drôles, et terriblement parlants à son public.

Aujourd'hui, après avoir conquis Instagram, elle espère réussir à transmettre sa passion aux personnes non-voyantes à travers ses "audiocharts".

Sur le réseau social, elle partage depuis bientôt trois ans des petits graphiques dessinés à la main pour relativiser des données parfois vertigineuses. Avec humour, la journaliste démonte les stéréotypes sexistes, raciaux ou sociétaux à travers des tableaux d'une simplicité déconcertante.

Celui-ci est devenu viral, partagé même par Miley Cyrus. Partagé en avril 2017, il décortique les écarts de salaires selon le genre et l'origine.

Celui-ci s'intéresse à la pilosité des femmes selon leur nationalité, l'un de ses sujets de prédilection.

"Rendre mon travail accessible"

Mais malgré tous ces projets, Mona Chalabi n'a pas su quoi répondre lorsque, après avoir donné une conférence TedX sur l'importance des statistiques, une femme non-voyante l'a interpellée. "Elle m'a demandé 'et qu'est ce que vous faites pour moi?'", se souvient la jeune femme, au téléphone avec le HuffPost. "Et la réponse, honnêtement c'était que je ne faisais rien".

En se penchant tout naturellement sur les statistiques, elle réalise que les non-voyants représentent une part importante de la population américaine (5,5 millions de personnes seraient aveugles ou mal-voyantes selon la Fédération Nationale des Aveugles).

"J'ai compris qu'il était vraiment très, très important de créer du contenu accessible, car je parle d'éducation, de santé... et c'était nécessaire que ces personnes puissent aussi y avoir accès", explique-t-elle.

Un an après cette rencontre, la journaliste publie sur Instagram son premier "audiochart", qui tente de rendre à l'audio des résultats habituellement très visuels.

"Pendant cinq mois j'ai pensé à un moyen pour vous faire voir et *entendre* les nombres", explique-t-elle. Ce premier graphique audio se présente sous forme de vidéo, et analyse la tessiture vocal d'un homme (en hertz) selon la taille de ses testicules (en mL).

"Ça a été très difficile à mettre en place car il y a vraiment peu de choses qui ont été faites dans ce sens là, donc rien qui puisse servir de base d'inspiration", raconte la journaliste.

D'autres usages à prendre en compte

Mona Chalabi essaye aussi de s'adapter aux façons dont les aveugles ou mal-voyants utilisent Instagram: en s'appuyant beaucoup sur les légendes appliquées aux photos. La description, que l'on soigne rarement en tant qu'utilisateur lambda d'Instagram, devient donc cruciale pour que cette catégorie d'utilisateurs puissent, eux aussi, profiter du réseau social.

Son dernier "audiochart" sur les fausses couches prend en compte cette contrainte :

"Je pense que cela doit être très frustrant [d'utiliser Instagram en tant que personne non ou mal-voyante]", ajoute la journaliste qui veut donc être la plus précise possible dans ses légendes.

Comme l'explique très bien Tommy Edison, YouTubeur aveugle, c'est via les légendes que les personnes mal ou non-voyantes peuvent utiliser la plateforme :

Le premier "audiochart" de Mona Chalabi a récolté de nombreuses réactions positives, et certaines personnes, en commentaires, la remercient de son initiative. "Merci d'inclure des personnes mal-voyantes (comme moi), ou complètement aveugles", écrit notamment une internaute en commentaires, sous le nom de "imoppodity".

"J'envoie toujours mes graphiques à un groupe de personnes pour savoir si ça leur plaît, nous explique-t-elle, et j'espère à l'avenir pouvoir diversifier ce groupe, et avoir, idéalement, des personnes aveugles qui pourraient me donner leur avis avant publication".

La journaliste a récemment lancé un podcast, Strange Bird, et à l'origine de la mini-série nommée aux Emmy Awards 2017, "Vagina Dispatches", qui s'attaque aux clichés concernant le sexe féminin.

Ce texte a été publié originalement dans le HuffPost France.

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