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Syrie: quand Israël se prépare

Dans son allocution ce samedi le président Obama s'est montré déterminé à attaquer des cibles en Syrie, mais s'abstenir d'y envoyer des troupes, ni d'agir en vue de provoquer la chute du régime Assad.
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Rien n'est encore joué en Syrie mais dores et déjà les vents du nord annoncent la tempête prévue depuis l'utilisation par Damas de l'arme chimique contre la population civile. Dans son allocution ce samedi le président Obama s'est montré déterminé à attaquer des cibles en Syrie, mais s'abstenir d'y envoyer des troupes, ni d'agir en vue de provoquer la chute du régime Assad.

Il semble donc que rien ne pourra empêcher cette attaque, sauf un refus de la part du Congrès américain de donner le feu vert, ce qui semble assez peu probable. En accentuant sa volonté de recevoir le soutien du Congrès, Obama a manifesté en revanche son mépris à l'égard de l'ONU, ne demandant pas son autorisation.

L'inconnue qui demeure est le moment du déclenchement des opérations. Il semble en effet qu'il faudra attendre le verdict du Congrès, ainsi que la fin de la réunion du sommet G20 prévu ce mercredi à Saint Petersbourg, laquelle pourrait donc se dérouler sans trop de troubles diplomatiques. Et si cet ajournement sert le Kremlin pour montrer des muscles, il procure dores et déjà à Assad et ses alliés, tels l'Iran et le Hezbollah, un prétexte de jubiler, en s'exclamant, aussitôt terminée l'allocution d'Obama: "Les américains ont peur, ils craignent nos représailles". Or cette vantardise, manifestée et répétée dès le début de la crise, démontre plutôt leur frousse.

Bien que les coups qui seraient portés par la puissance militaire américaine ne menacent guère l'existence du régime Assad, Obama l'ayant bien précisé, il s'agirait plutôt de cibles purement militaires, telles l'arsenal d'armes chimiques, les sites de la défense anti-aérienne, des centres militaires, ainsi que des symboles du régime Assad. En somme une expédition punitive, Obama ne voulant pas envisager qu'un crime contre l'humanité, condamné à l'unanimité par la communauté internationale, reste sans châtiment.

Cependant, la valse- hésitation, dansée par l'Occident depuis le début de la crise, non seulement fait le jeu des Russes et des Chinois, opposés aux représailles contre Damas, mais risquerait d'avoir des répercussions à l'avenir. L'enseignement pour tels ou autres dictateurs pourrait les inciter à perpétrer des crimes semblables en toute confiance de rester impunis.

Ceci dit, il est facile de comprendre la réticence américaine d'agir en Syrie. Plusieurs fois au cours des dernières décennies Washington avait subi des revers à la suite d'interventions militaires à travers le monde, en guise de policier universel. D'abord en Afghanistan, où ils ont soutenu les Taliban contre les occupants soviétiques, et l'on connaît la suite. Ainsi que lors de la guerre entre l'Iran et l'Iraq ils avaient épaulé Sadam Hussein, lequel leur a craché au visage quelques années plus tard. Les américains ont également en mémoire la bavure a la veille de la seconde guerre du golfe, concernant leur certitude que l'Iraq était en possession d'armes chimiques. Affirmation qui s'est avérée gratuite, bien que leur servant de prétexte pour déclencher la deuxième guerre du golfe. Bavure ayant ébranlé la confiance attribuée à la classe politique américaine.

Le temps qui reste avant le déclenchement des opérations - probablement aériennes et navales mais non terrestres - n'est pas en mesure de rassurer les voisins-adversaires de Damas: la Turquie, la Jordanie, les pays arabes du Golfe, peut être l'Iraq tombant de plus en plus sous l'influence de l'Iran. Et pardessus tous, Israël, faisant l'objet d'avertissements souvent répétés du côté de Damas et Téhéran.

Pour Assad, comme pour de nombreux islamistes à travers le monde, Israël est le bouc émissaire idéal. Quoi qu'il arrive dans cette partie du monde, on accuse Israël. Il en est de même actuellement, puisque Damas menace de riposter aux attaques américaines en "faisant embraser et détruire I'Etat Sioniste". Encore une vantardise, car si effectivement Assad met à exécution sa menace, c'est plutôt lui qui verra son pays s'embraser (s'il en faut d'avantage). C'est bien en ces termes que les chefs militaires israéliens ont riposté aux menaces.

Ceci dit, en Israël on ne prend pas à la légère les menaces Syriennes, aussi invraisemblables soient elles. Certes, la population réagit avec sérénité et sang froid, poursuivant la routine quotidienne. La veille des fêtes du Nouvel An cette semaine on ne signale très peu d'annulations de réservation de chambres d'hôtels au Golan ou ailleurs dans le nord, et même à proximité de la frontière syrienne.

Cela n'a pas empêché une vague de panique, phénomène déplorable, parmi des milliers de civiles, ayant submergé les stations ouvertes pour se procurer des masques à gaz. Ces retardataires, ayant négligé les occasions de distribution par le passé, ont présenté la face laide de la panique. Dans un sens, ils ont une excuse: il s'avère qu'au début des événements seulement 60 pour-cents de la population étaient dotés de masques, et que les stocks n'étaient pas en mesure de répondre à la demande.

Les autorités militaires d'Israël, tout en affirmant et réaffirmant qu'une attaque syrienne est peu probable, ont pris le devant et toutes les précautions. Des batteries anti-missiles, telles que "Dôme d'acier" ayant déjà fait leur preuve, sont déployées surtout dans le nord mais aussi au centre du pays, contre toute mauvaise surprise.

Le fondement logique de ces précautions réside dans les mauvais souvenirs qui hantent les Israéliens, y compris les chefs militaires, pour lesquels la devise "peu probable", employé actuellement comme par le passé, est synonyme de bavures dans les appréciations faites au moins deux fois.

La première, la veille de la guerre de 1973 lorsque les chefs des renseignements militaires, pourtant prévenus des préparatifs militaires d'Egypte et de Syrie, avaient estimé qu'une offensive contre Israël était "peu probable" et contre le bon sens. Cette estimation, retenue depuis sous le terme de "la conception", est restée traumatique dans les esprits des Israéliens, car cette erreur non seulement avait coûté des milliers de vies, mais avait mis en danger l'existence même du pays.

La deuxième bavure, moins dramatique, se situe en 1991, à la veille de la première guerre du golfe, lorsque Sadam Hussein avait menacé de tirer des missiles sur Israël. "Peu probable", a-t-on dit, puisque Israël n'avait pas participe à la guerre. Argument valable logiquement, mais le dictateur iraqien avait prouvé que la haine souvent était plus forte que la raison. En effet, dès le premier jour de bombardements américains sur Bagdad, les missiles de Hussein commençaient tomber sur Tel Aviv.

L'enseignement est donc bien digéré par l'armée israélienne, ne voulant plus miser sur le bon sens de certains dirigeants arabes, emportés par la haine envers Ies juifs. Or, si ce scénario pessimiste devait se réaliser, ce n'est pas Israël seul qui se trouvera dans la tourmente.

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