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Gare au syndrome de l'imposteur chez les enfants et les ados!

L'environnement familial de même que la pression scolaire et sociale sont à la source de ce syndrome chez les jeunes.
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Le syndrome de l’imposteur, ce n’est pas nouveau, les références abondent sur le sujet. On dit même que 70 % d’entre nous souffrent du syndrome de l’imposteur à un moment dans leur vie. Mais ce qui émerge de plus en plus, c’est que nos enfants et nos adolescents sont touchés, et de plus en plus, par ce syndrome.

Quelles en sont les raisons? Coup de projecteur sur ce phénomène à la lecture du très fouillé ouvrage «Le syndrome de l’imposteur - Comment s’en libérer pour mieux s’affirmer», de Dre Sandi Mann, professeure et conférencière en psychologie à l’université du Lancashire central.

Quèsaco le syndrome de l’imposteur?

Souffrir du syndrome de l’imposteur: c’est croire qu’on fait semblant d’être quelqu’un qu’on n’est pas, qu’on n’est pas aussi bon que les autres ne le croient, pose en préambule l’auteure. Par conséquent, l’imposteur attribue son succès à des causes externes et temporaires (comme la chance) et non à des causes internes et durables (comme le talent). Le mal profond de l’imposteur, c’est son impression de ne pas être à la hauteur et donc, plus largement, son manque de confiance. À noter que ce syndrome touche les femmes tout comme les hommes, mais aussi nos petits!

L’importance de l’environnement familial

Ce syndrome de l’imposteur peut émerger dès l’enfance. Deux chercheurs, Pauline Clance et Suzanne Imes, ont en effet montré que l’environnement familial pouvait grandement contribuer à faire naître le sentiment d’imposture et que la plupart des imposteurs étaient le fruit de l’une ou l’autre de deux dynamiques familiales.

➤ La première étant: un frère (ou une sœur) brillant(e). Le sentiment d’imposture apparaît quand on a un frère ou une sœur considéré(e) comme ultraperformant(e) (surtout intellectuellement) et qu’on nous a peut-être collé l’étiquette «sensible» ou «sympathique».

Deuxième dynamique, celle baptisée l’enfant prodige. Les problèmes arrivent alors quand on commence à échouer ou, au moins, qu’on réalise qu’on n’est pas aussi parfaits que notre famille semble le croire.

L’impact de la pression scolaire et sociale

«Tous les élèves ont un jour ou l’autre ressenti la nécessité de bien travailler à l’école, et il est probablement faux de dire que seule la génération actuelle de jeunes ressent les effets de cette pression même si elle semble plus forte que jamais», explique Dre Sandi Mann.

C’est bien connu, les années scolaires sont rythmées par les évaluations et examens. Au Québec par exemple, il y a certains examens du Ministère qui surviennent à plusieurs moments de la vie d’un élève. Selon elle, l’enfant ou adolescent se retrouve ainsi sans cesse jugé, avec tout ce que cela comporte de stress, de peur d’échouer et bien sûr de véritables échecs.

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Phénomène plus récent, et ô combien grandissant, la pression des médias sociaux qui a pour conséquences (démontrées) l’obsession pour l’image et la perfection notamment avec l’essor des nouvelles technologies (Photoshop et filtres) et du culte des célébrités.

La docteure en psychologie ajoute que si les adultes trouvent des moyens d’améliorer leur estime de soi dans le monde réel qui est un peu plus protecteur que le numérique, les jeunes d’aujourd’hui n’ont pas ce luxe. «Beaucoup mesurent leur valeur au nombre de «J’aime» et d’abonnés sur leur compte, tout en sachant qu’ils doivent en plus naviguer dans un océan de commentaires et gérer parfois des remarques dangereusement négatives provenant de plateformes anonymes, un phénomène qui explique l’augmentation du nombre de comportements nocifs et même de suicides.»

ll en résulte peu de place pour améliore leur estime d’eux-même.

Tout cela forme un terreau formidablement fertile pour le syndrome de l’imposteur.

Selon la Dre Sandi Mann, il est important pour les parents de :

Ne pas trop aider vos enfants et ne pas trop faire de choses pour eux car ils doivent apprendre à avoir confiance en eux et à être capables de se débrouiller seuls. «Si un de ses parents court toujours à sa rescousse ou l’aide systématiquement, l’enfant leur attribuera ses succès sans penser qu’ils sont le fruit de ses efforts à lui. Puis, une fois adulte, il continuera d’associer ses succès aux autres car il sera persuadé qu’ils y ont plus contribué que lui.»

➤ Ne les critiquez pas quand ils se trompent

L’école – et le système éducatif en général – met trop l’accent sur la réussite et pas assez sur l’«échec», selon elle. «Apprenez à votre enfant qu’il est aussi important d’échouer, que cela apprend la résilience.»

➤ Essayez de vous comporter de la même façon avec les garçons et les filles

Pour Dre Sandi Mann, il faut faire attention aux messages qu’on fait passer à nos enfants, filles ou garçons. «Résistez à la tentation de les orienter vers des activités et des objectifs traditionnellement liés à leur sexe car cela peut les mettre en difficulté s’ils ont l’impression de ne pas être en phase avec ce genre de stéréotypes.»

Même si le syndrome de l’imposteur peut être très handicapant, bonne nouvelle: on peut non seulement le maîtriser mais aussi l’utiliser à notre avantage grâce à des exercices et stratégies développées. Mais, la première des choses est de reconnaître qu’on souffre du syndrome de l’imposteur. De nombreux questionnaires existent à cet effet. Testez-vous!

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