Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Sauriez-vous reconnaître les signes du diabète chez votre enfant?

De plus en plus d'enfants souffrent de complications graves du diabète au Québec, parce qu'ils sont diagnostiqués trop tardivement, souligne une étude.
Anetta_R via Getty Images

Plus du quart des enfants qui reçoivent un diagnostic de diabète au Québec sont déjà atteints d’acidocétose diabétique, une complication grave qui peut même causer la mort. C’est ce que révèle une étude menée par une équipe de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill.

Pourtant, cette complication pourrait être évitée si le diabète était dépisté plus tôt. Les parents, le personnel travaillant dans les écoles et le personnel travaillant dans le milieu de la santé, comme la population en général, semblent ne pas reconnaître assez tôt les signes du diabète.

«En général, on associe plus le diabète aux adultes. C’est vrai que c’est relativement rare chez les enfants, mais il y a quand même 4000 enfants diabétiques au Québec», explique la Dre Marie-Ève Robinson, co-auteure de l’étude.

Les principaux symptômes à surveiller chez les enfants

  • Une soif anormale
  • Un besoin fréquent d’uriner, même la nuit
  • Un gros appétit
  • Une perte de poids
  • Un manque d’énergie ou une grande fatigue
  • Si on remarque ces symptômes chez un enfant, surtout un gros manque d’énergie, il faut absolument aller consulter un professionnel de la santé, «le plus tôt possible», indique Marie-Ève Robinson, pédiatre endocrinologue et chercheuse affiliée à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill.

25% des enfants diabétiques qui souffrent d’acidocétose diabétique, c’est beaucoup. Et fait encore plus inquiétant: cette proportion est à la hausse.

«Entre 2001 et 2014, la propension a augmenté de 2% par année, il y a donc de plus en plus d’enfants qui ont ces complications, indique la Dre Marie-Ève Robinson, co-auteure de l’étude. Et nous sommes un des seuls pays qui montrent une augmentation.»

L’acidocétose diabétique, qu’est-ce que c’est?

Expliquons d’abord ce qu’est le diabète: cette maladie survient lorsque le pancréas cesse de produire de l’insuline, une hormone importante qui aide l’organisme à contrôler le taux de sucre dans le sang.

Lorsque la maladie n’est pas diagnostiquée assez rapidement (et qu’elle n’est donc pas traitée), il se fait une accumulation d’acide dans le sang, qui intoxique l’organisme. C’est une complication du diabète, qu’on appelle l’acidocétose diabétique.

Cette complication peut entraîner des effets indésirables très graves, comme l’enflure du cerveau, et peut laisser des séquelles. Dans de rares cas, elle peut même mener à la mort.

Il n’a pas été possible d’établir les causes exactes de cette augmentation, mais l’équipe de chercheurs soupçonne le manque d’information de la population en général en ce qui concerne le diabète et ses symptômes. La Dre Robinson avance aussi que le manque d’accès à des soins de santé de première ligne pourrait être en cause. Elle rappelle que 41% des enfants au Québec n’ont pas de médecin de famille ou de pédiatre, selon une autre étude à laquelle elle a participé en 2018.

«Je ne souhaite ça à aucun enfant ni parent»

Sophie avait 15 ans quand les premiers symptômes du diabète ont commencé à se manifester chez elle. Mais comme elle avait subi une commotion cérébrale quelques mois auparavant, sa mère a d’abord pensé que ce pouvait être des relents de cet événement. Sophie avait des maux de tête fréquents, des nausées et elle avait toujours soif. Elle n’avait pas d’énergie, au point où elle ne faisait plus rien depuis quelques jours. Elle a fait une indigestion qui a duré plus d’une semaine, et qui a encouragé sa mère à aller consulter.

«Elle dépérissait, elle buvait plus, elle urinait plus... mais on ne savait pas que c’étaient des symptômes du diabète», raconte la maman de Sophie, Josée Dufresne.

«Dans les dernières 24 heures, Sophie a dépéri très rapidement, continue-t-elle. Quand on est arrivés à l’hôpital, elle avait commencé à délirer puis à tomber dans le coma.»

Sophie a été hospitalisée pendant cinq jours, dont trois aux soins intensifs, pour qu’on puisse traiter son acidocétose diabétique. Aujourd’hui, près de cinq mois plus tard, elle se porte bien. Elle a appris à vivre avec sa condition; elle est maintenant habituée de vérifier son taux de glycémie, de s’injecter de l’insuline et de calculer les glucides qu’elle ingère. Mais cet épisode a été un choc pour son corps, elle a d’ailleurs perdu beaucoup de cheveux.

Sophie Roy, aujourd'hui âgée de 16 ans, avec sa maman Josée Dufresne. Près de cinq mois après son épisode d'acidocétose diabétique, elle se porte bien.
Courtoisie
Sophie Roy, aujourd'hui âgée de 16 ans, avec sa maman Josée Dufresne. Près de cinq mois après son épisode d'acidocétose diabétique, elle se porte bien.

Sophie et sa mère ont décidé de partager son histoire pour sensibiliser la population aux signes du diabète. Josée Dufresne raconte même être allée à la pharmacie pour acheter des électrolytes à sa fille, pensant qu’elle était déshydratée. Même le pharmacien qui l’a conseillée n’a pas pensé à cette avenue.

«Si on avait su reconnaître les signaux, on aurait pu agir avant. Et éviter ça. Je ne souhaite ça à aucun enfant ni aucun parent.»

D’ailleurs, un simple test sanguin permet de mesurer le taux de glycémie, et de déterminer si une personne souffre de diabète.

La Dre Robinson et son équipe souhaitent maintenant que les autorités passent à une autre étape pour sensibiliser la population à l’importance de reconnaître les symptômes du diabète chez l’enfant.

«On explore l’avenue d’une campagne de sensibilisation à travers le Québec: des affiches expliquant les symptômes qui pourraient être visibles dans les bureaux des médecins et dans les écoles. C’est une technique qui a déjà démontré de bons résultats dans d’autres pays, en Finlande, par exemple, où le taux de diabète est très élevé, mais où la proportion d’acidose diabétique est très faible, parce que la population a été conscientisée.»

Before You Go

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.