Depuis quelques mois, la tendance devient de plus en plus lourde. Présentement, les libéraux sont bien installés en tête des intentions de vote québécoises. Toutefois, si le meneur de la course à la chefferie au Parti québécois, Pierre Karl Péladeau, remporte bel et bien la mise dans les alentours du 15 mai, c'est la formation souverainiste qui en ressortira gagnante. Les libéraux et péquistes s'échangeraient ainsi la politesse.
Nos voisins du Sud appellent cela le swing vote. Lorsqu'un candidat à la présidence remporte certains États baromètres, la victoire est assurée. Ces États ont la mauvaise tendance d'être très volatiles et infidèles. Mais ce sont tout même ces territoires qui permettent de départager le prochain commandant en chef de la nation étatsunienne.
Au Québec, l'Abitibi pourrait se targuer de représenter ce genre de région qui vote toujours avec le pouvoir. Cependant, son poids politique est moindre et à elle seule, ça ne peut pas tout changer.
Grâce au vote anglophone et allophone, les libéraux peuvent se permettre de grappiller des circonscriptions francophones à gauche et à droite, mais pour les péquistes et les caquistes, la prise du pouvoir passe par d'importantes vagues dans plusieurs régions.
Mais surtout, contrairement au bipartisme américain, le Québec est teinté par l'interaction entre plusieurs formations politiques. Donc, les partis ne peuvent simplement compter sur la chute d'un adversaire pour prendre la tête. Le troisième joueur peut très bien aussi profiter des déboires d'un pour dépasser l'autre.
En se fiant au dernier sondage de CROP, qui est à l'image des autres coups de sondes effectués depuis plusieurs mois, qu'adviendrait-il alors concrètement?
Pour l'instant, les libéraux remporteraient confortablement une élection avec 66 élus, contre 37 pour le PQ et 17 pour la CAQ. Mention spéciale pour les 5 élus solidaires, dont des gains dans Laurier-Dorion (libéral) et Hochelaga-Maisonneuve (péquiste).
Cependant, quel serait le swing lorsque le PKP prend les rênes du PQ ?
- Gouvernement péquiste majoritaire avec 66 élus;
- Philippe Couillard et François Legault seraient tous les deux battus dans leur circonscription. Les libéraux et les caquistes se retrouveraient en position de faiblesse sans chef;
- Très peu d'actuels ministres seraient battus dans leur circonscription;
- La CAQ, avec 5 élus, et QS, comptant 4 députés, se livreraient une chaude lutte pour être le 2e groupe d'opposition à l'Assemblée nationale;
- Tout le Nord et l'Est québécois seraient péquistes;
- Le 450 (couronnes nord et sud de Montréal) et une très grande partie du 819 (Centre québécois et Estrie) seraient opteraient aussi pour PKP.
La grande perdante d'une victoire de PKP est bien sûr la CAQ qui serait reléguée au fond de la chambre des élus. Les seuls députés qui parviendraient à se faire élire seraient les ex de l'Action démocratique du Québec. Nous pourrions peut-être vivre la résurrection de la bannière de Mario Dumont après 2018 ..? François Legault a donc bien raison de craindre que le magnat de la presse québécoise prenne les rênes de la formation souverainiste.
Un PQ de PKP bénéficierait du swing vote afin de prendre le pouvoir aux mains des libéraux de Philippe Couillard dans les régions du Saguenay, de l'Abitibi et de l'Estrie. Mais c'est en enlevant des circonscriptions à la Coalition avenir Québec que les souverainistes pourraient espérer avoir les deux mains sur les commandes de l'Assemblée nationale. Pierre Karl Péladeau se devra de garder les yeux sur les circonscriptions libérales afin de prendre le pouvoir ... et sur celles caquistes pour viser un gouvernement souverainiste majoritaire.
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