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Cheminement d'un immigrant indépendantiste: l'engagement (1/2)

J'ai donc pris ma carte de membre du Parti québécois en 2005, alors qu'André Boisclair allait en devenir le chef quelques mois plus tard. Son discours et son approche, ouvertement souverainistes, inspirés par un de ses mentors, Jacques Parizeau, et le programme, me paraissaient assez audacieux et m'avaient séduit, je l'assume volontiers.
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À la suite d'une prise de conscience politique, ce n'est qu'en 2008, à l'occasion d'un grand «happening» patriotique canadien (400 immigrants réunis à Québec le 1er juillet, la veille du 400ème anniversaire de la ville de Québec, tout un concept), que j'ai obtenu ma citoyenneté.

J'étais souverainiste, je le savais, mais mettez-vous à ma place : s'engager politiquement dans son pays d'immigration, sans même avoir la citoyenneté, et qui plus est dans une cause politique ayant pour but de le démanteler, n'est pas chose facile. Ça fait peur. On ne veut pas faire de vagues; on ne veut pas de problème avec l'administration fédérale, du moins jusqu'à ce qu'on ait le sceau authentifié « sujet de sa majesté » (oui, moi aussi le terme me donne le goût de vomir). Mais la tentation était trop forte et le désir de participer au débat public, trop présent. C'était aussi ma manière de percevoir mon intégration que de m'engager. Ça m'a pris, déjà à ce moment-là, une bonne dose de courage pour assumer mes convictions, qui étaient toutefois peu ou pas affichées.

Comme l'a dit un jour un grand homme, dont j'apprécie la fougue et l'intelligence : « On m'a demandé l'autre jour : "Qu'est-ce qu'un Québécois?" J'ai répondu : "C'est quelqu'un qui veut l'être. Quelqu'un qui assume le passé, le présent et l'avenir du Québec." » - Pierre Bourgault

Voilà, comment mieux résumer ce nécessaire engagement?

Le choix « naturel »

Il m'a paru naturel de diriger mes vues vers le Parti québécois, à l'époque seul « véhicule » indépendantiste dans le paysage politique québécois et au sein duquel subsistait encore un semblant de progressisme.

On parlait bien déjà de la naissance de ce qui serait Québec solidaire, sur la base de l'UFP et d'Option citoyenne ; et je m'excuse auprès de mes amis solidaires s'ils prennent mal la parenthèse qui suivra mais il s'agit simplement d'expliquer des choix politiques.

L'on pouvait déjà, selon moi dès sa fondation, sentir poindre l'erreur originelle (et déjà électoraliste) d'évacuer la question nationale des préoccupations de ce nouveau mouvement. J'ai du mal à concevoir comment on peut espérer changer profondément la société tant qu'on n'a pas les pleins moyens de le faire.

Personnellement, ça me semble être une évidence mais ce n'est pas le cas pour tous. C'est comme si j'avais le projet de me construire une maison neuve sur un beau terrain mais qu'on me disait que je n'ai pas la possibilité d'aller sur ce terrain-là pour travailler sur mon projet; compliqué en partant.

Hormis ce manque de courage sur l'avenir du Québec, certaines positions de ce mouvement, radicalement à gauche voire démagogiques, provoquaient en moi un grand malaise. Il faut dire que, même si certains solidaires refusent de l'assumer aujourd'hui, la composante UFP de QS était elle-même le regroupement de plusieurs mouvements socialistes et communistes radicaux. Et puis mon caractère pragmatique m'incitait à voir un certain angélisme et un manque de crédibilité sur les enjeux économiques dans ce parti à naître.

Tous ces questionnements restent d'ailleurs pour moi d'actualité en 2014. Outre le fait que les instances de Québec solidaire aient aujourd'hui leur lot de stratégies politiciennes et d'opportunistes, comme les « grands » partis, les récentes déclarations de Mme David ou de M. Kadir ne sont pas à leur honneur. J'ai toujours été profondément démocrate et je vois dans ce genre de sorties une forme de démagogie et d'intolérance que je combats depuis longtemps en politique. Ces signes montrent que le mouvement solidaire, de mon point de vue, est peu sorti de ses retranchements pour aller convaincre les Québécois de son bien-fondé, et a finalement peu évolué et mûri depuis 2006.

Si je suis aujourd'hui très ouvert - en tant que membre d'Option nationale - à des rapprochements avec d'autres partis, un mouvement comme QS devrait cependant opérer de profonds changements pour trouver grâce à mes yeux, tout comme le Parti québécois d'ailleurs. On devrait en reparler la semaine prochaine.

2005, l'engagement

J'ai donc pris ma carte de membre du Parti québécois en 2005, alors qu'André Boisclair allait en devenir le chef quelques mois plus tard. Son discours et son approche, ouvertement souverainistes, inspirés par un de ses mentors, Jacques Parizeau, et le programme, me paraissaient assez audacieux et m'avaient séduit, je l'assume volontiers.

Rappelez-vous de la campagne qui s'ensuivit en 2007. Les priorités sur lesquelles fit campagne le PQ étaient alors l'environnement et l'éducation, avec la promesse de consulter les Québécois sur leur avenir dans un premier mandat. À la fois progressiste et plutôt prometteur. Mais les Québécois ont décidé de « ramasser » un mouvement qui se cherchait et n'était pas apparu comme assez crédible pour traiter ces questions et de prolonger la longue agonie libérale.

Donc, dès 2005, je pris la résolution de m'impliquer dans ce que je pense être le cœur et l'essence de l'engagement politique : le travail de terrain. Je rencontrais une jeune et déjà prometteuse candidate du nom de Véronique Hivon et m'impliquais dans mon comté de Jean-Talon à Québec, avec une gang de jeunes militants souverainistes, dont je salue le dynamisme et l'engagement pour la cause. Nous allions porter notre programme et faire un score très honorable face au bon docteur Couillard, dans un comté résolument libéral.

Je me rends toutefois compte avec le recul que je n'étais pas totalement prêt pour tous les défis du combat politique. Qu'il s'agisse de conjuguer vie professionnelle et familiale avec son engagement à faire avancer des idées ou bien qu'on parle de se sentir mature politiquement et en phase avec ses convictions. Ce fut une leçon de vie qui sera plus tard utile, lorsqu'un nouvel appel se fera sentir, ce que nous verrons très bientôt.

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