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Sous le radar: les événements passés inaperçus à l’Assemblée nationale cette semaine

Spécial étude des crédits!

QUÉBEC - On mange de la politique au HuffPost Québec, mais il est souvent difficile d'écrire sur tout ce qui se passe à l'Assemblée nationale dans une journée.

L'exercice de l'étude des crédits budgétaires est toujours un bon moment pour questionner le gouvernement sur ses décisions et ses promesses. Puisqu'il y a plusieurs rencontres au même moment, il est difficile de tout suivre.

Voici tout de même trois moments qui méritent d'être soulignés pour cette dernière chronique «Sous le radar».

Legault «accepte» d'être dans le Canada

François Legault et Pascal Bérubé en commission parlementaire.
Assemblée nationale
François Legault et Pascal Bérubé en commission parlementaire.

L'affaire a fait grand bruit dans plusieurs médias cette semaine, mais voici un peu de contexte pour comprendre ce soudain questionnement sur la profession de foi nationaliste du premier ministre François Legault.

Lors de l'étude des crédits du Ministère du Conseil exécutif - qui relève du premier ministre - mercredi, le chef par intérim du Parti québécois, Pascal Bérubé, a ramené sur la table une question posée par Geneviève Lajoie du Journal de Québec l'an dernier à M. Legault.

Pourquoi est-il fier d'être Canadien? Quelle est l'étendue de son amour pour le Canada? M. Bérubé s'y est pris à au moins trois reprises pour tenter de lui soutirer une réponse.

EN VIDÉO: Legault et la place du Québec dans le Canada. L'article se poursuit sous la vidéo.

«J'accepte que le Québec soit dans le Canada, a finalement répondu le premier ministre. Je pense qu'il y a des avantages à rester dans le Canada. D'abord, 13 milliards de péréquation, ça commence bien. Ensuite, il y a des programmes sociaux qui existent au Canada...»

«Y'a des bonnes équipes de hockey au Canada...» a-t-il par la suite ajouté.

Le chef libéral par intérim, Pierre Arcand, se dit un «fier fédéraliste», a bondi sur l'opportunité et a dit que Legault tolère que le Québec reste dans le Canada. «Est-ce que le Canada est, pour vous, un mal nécessaire?» a-t-il demandé au premier ministre.

«D'abord, je suis surpris qu'il ne pose pas ses questions en anglais», s'est moqué M. Legault en guise de réponse.

Un peu plus tard, le premier ministre s'en est par la suite pris au député libéral de Pontiac, André Fortin, qui n'a pas pris la parole du tout, mais qui ricanait pendant l'étude des crédits selon lui.

M. Legault a accusé M. Fortin de faire preuve d'aplaventrisme devant Ottawa en plus de lui infliger un coup par rapport à la course à la direction libérale à laquelle ce dernier a renoncé pour des raisons familiales.

«C'est lui qui voulait être chef jusqu'à il y a pas longtemps, mais vu que Dominique (Anglade) prenait de la place...»

Rare prise de parole de Martin Koskinen

Martin Koskinen.
Assemblée nationale
Martin Koskinen.

On en entend souvent parler, mais on l'entend peu.

Celui qui se fait appeler Martin «Koskidette» - le directeur de cabinet et l'homme de confiance de M. Legault - a dû se justifier sur le décaissement du Fonds des générations plus rapide que prévu par l'ancien gouvernement libéral pour rembourser la dette.

Dans sa mise à jour économique, le gouvernement Legault a confirmé qu'il allait puiser 10 milliards de dollars à même le Fonds afin de faire diminuer les intérêts sur la dette. Il estime qu'il pourra économiser quelque 300 millions de dollars par année afin de financer des services publics.

À la suite de cette annonce, le groupe Force Jeunesse a déploré l'utilisation hâtive du Fonds des générations et estime qu'il serait plus sage de placer l'argent à long terme pour le faire fructifier.

Il faut comprendre que M. Koskinen a dirigé Force Jeunesse au tournant des années 2000 et s'est toujours prononcé pour l'équité intergénérationnelle concernant la dette.

Lors de l'étude des crédits du Ministère du Conseil exécutif, volet Jeunesse, la députée libérale de Saint-Laurent, Marwah Rizqy, a voulu savoir si Force Jeunesse a été consulté avant de «pratiquement vider» le Fonds des générations.

M. Koskinen a rappelé qu'il a été à la tête de l'organisation il y a près de deux décennies, «donc je ne me considère plus jeune», a-t-il blagué.

«À l'époque, [le but du Fonds des générations], c'était de rembourser la dette. Jamais on n'a pris position dans le débat, qu'on souhaitait qu'il y ait un outil financier où on plaçait de l'argent et qu'on le mettait dans les marchés financiers. Le but, c'était de dire: il faut rembourser la dette pour l'équité entre les générations», a-t-il dit.

Le premier ministre Legault est d'accord pour dire que deux camps s'affrontent sur cette question: celui qui veut placer l'argent et le faire fructifier à plus long terme, puis celui qui veut l'utiliser pour rembourser la dette.

M. Koskinen a ajouté qu'il allait continuer de financer le Fonds, mais il croit que le gouvernement a pris la meilleure décision. «Je ne ferai pas de politique, mais c'est une bonne chose», a-t-il simplement commenté.

Le mot de la fin de Catherine Dorion

Catherine Dorion.
HuffPost Québec
Catherine Dorion.

L'exercice des études de crédits permet aussi à des députés d'arrière-ban de la partie gouvernementale de se faire remarquer en lançant des fleurs au premier ministre ou à leurs collègues ministres.

Cette «espèce de pièce de théâtre étrange» n'a pas échappé à l'oeil de la députée solidaire Catherine Dorion, qui a fait part de ses observations sur les réseaux sociaux.

Il y a effectivement de nombreux députés, lors de l'étude des crédits, qui lisent leurs questions scriptées. D'autres en profitent pour vanter des initiatives dans leur circonscription. Mais chose certaine, le tout gobe du temps aux partis d'opposition pour questionner le gouvernement.

La députée de Taschereau et artiste se promet de ne jamais s'adapter «à ces moments d'absurdité» qui l'ennuient profondément. Un autre graphique, relevé par le chroniqueur politique Jonathan Trudeau, démontre aussi son niveau d'ennui en commission parlementaire.

On ne peut cependant pas reprocher à Mme Dorion de ne pas avoir le sens de l'initiative pour rendre les études de crédits le moindrement intéressants.

Toujours dans le volet Jeunesse du Ministère du Conseil exécutif, elle en a profité pour poser des questions en rafale de jeunes de moins de 35 ans directement au premier ministre. Un appel à tous a généré pas moins de 1000 questions de la jeunesse.

«Je suis prêt, comme dirait Jean Charest!» a lancé M. Legault avant la salve de questions.

Il a été obligé de se justifier sur le troisième lien à Québec, de l'appui des radios de Québec, des dérapages dans les débats sur l'immigration et la laïcité, mais aussi sur son rôle de premier ministre et «ce qui anime [sa] flamme intérieure».

Ces moments ne font pas toujours les manchettes, mais il s'agit d'un bel exercice de démocratie, mine de rien.

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