Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Les sextos m'ont aidée à vaincre le manque de confiance en mon corps

Je pensais que mon corps ne pourrait jamais être désiré. Partager des photos de moi nue et avoir des échanges coquins sur des applications de rencontre m'a fait réaliser que j'avais complètement tort.
PRUDENCIOALVAREZ via Getty Images

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été consciente de mon corps.

J’ai été en surpoids toute ma vie, et malgré que j’aie récemment perdu du poids, à 24 ans, je porte du 26. Cette réalité m’a conduite à un sérieux manque d’estime de soi et à une peur intense du sexe et d’être vue nue par qui que ce soit. Je ne pouvais même pas laisser le haut de mes bras visible sans hyperventiler.

Dans ma tête, le sexe et les amoureux n’étaient pas pour les grosses filles et mon corps n’était tout simplement pas attirant - et ne le serait jamais à moins que je ne perde du poids.

Pendant les 20 premières années de ma vie, ça a semblé se confirmer. À l’école, mes amies ont enchaîné les amoureux, alors que moi, je suis officiellement devenue la troisième roue du carrosse à la table au dîner. Je n’ai jamais eu de proposition pour un premier rendez-vous - sauf en blague, bien sûr - et aucun garçon n’a jamais manifesté le moindre intérêt pour moi.

Tout ça a continué lorsque j’étais à l’université. Je n’étais pas une grande buveuse, mais quand je sortais, j’étais fortement ignorée par les gars, et chaque fois que quelqu’un venait tenter sa chance auprès de mes amies, il me prêtait si peu d’attention que j’aurais aussi bien pu être un tabouret du bar.

En partie par désespoir et en partie par curiosité, je me suis créée un compte Tinder. Au début, c’était très bizarre - il y a encore beaucoup de stigmatisation autour de l’utilisation des applications de rencontre, et je craignais d’être jugée par mes amis. Au final, je me suis mise à utiliser les applications de rencontre avec enthousiasme, en profitant de mon temps libre, et j’ai trouvé tellement thérapeutique de consulter les profils de ces gars-là. Je ne savais pas trop pourquoi j’aimais tant ça - peut-être parce que, pour une fois, c’était moi qui jugeais les hommes sur leur apparence.

“Je me demandais d’où venait cette version sexy de moi.”

Je n’ai aucune idée de la façon dont ça s’est produit, mais finalement, mon utilisation de l’application s’est transformée en envoi de sextos, et les discussions banales se sont muées en échanges coquins. Un soir, j’ai fini par envoyer des sextos à un homme puis je lui ai envoyé des photos de moi nue. Le lendemain matin, j’avais vraiment honte de ce que j’avais fait, et je me demandais d’où venait cette version sexy de moi.

J’avais l’impression d’être jugée par tous ceux qui me voyaient, et j’ai même fait une crise de panique après avoir raconté ce qui s’était passé à une amie. Mais au-delà de cette honte, je savais que j’avais vraiment apprécié l’expérience et je ne pouvais pas m’empêcher de penser au fait que ça m’avait fait du bien. Lorsque le même homme m’a envoyé un message ce soir-là, j’ai voulu sauter sur l’occasion et recommencer.

J’ai envoyé des sextos à ce même homme régulièrement pendant plus d’un an - puis à tous ceux qui me l’ont demandé. Je ne peux pas vous dire à combien de gars j’ai fini par parler sur l’application, mais j’ai trouvé ça enivrant et je n’ai pas pu m’arrêter. Je n’avais jamais fait de fellation auparavant, mais rapidement, j’ai pu en décrire une comme une pro.

“Je me regardais dans le miroir et je ne détestais pas ce que je voyais.”

Pour la première fois de ma vie, j’ai été considérée comme quelque chose de désirable. Ces hommes me suppliaient de voir mon corps, me demandaient des photos et aimaient ce que j’envoyais. Oui, c’était juste des garçons choisis au hasard sur Internet qui, soyons honnêtes, se branlaient sur des photos de mes seins. Mais cette expérience m’a vraiment aidée à ne pas détester mon corps.

Malgré le fait que je me sentais un peu dévergondée, le coup de pouce à la confiance en soi que j’ai reçu a été phénoménal. Je me sentais vraiment comme une personne différente ; j’étais encore grosse, mais j’ai vraiment commencé à m’aimer et à aimer mon corps. Je me regardais dans le miroir et je ne détestais pas ce que je voyais. En fait, j’aimais ça et j’ai commencé à m’habiller avec des vêtements qui mettaient en valeur ma silhouette, au lieu de la cacher. Mon amour-propre était tel que mes amis et ma famille ont remarqué le changement - même si ce n’était pas possible de leur dire pourquoi.

“Si mon amoureux - et un tas d'autres gars - peuvent aimer mon corps, je le peux aussi.”

Et sans la confiance que j’ai gagnée en ligne, je ne pense pas que j’aurais un jour pu avoir la relation incroyable que j’ai maintenant - que j’ai rencontrée sur Tinder, encore une fois. Au moment où j’ai commencé à avoir confiance en moi, j’ai trouvé le copain que je cherchais désespérément et j’ai pu avoir de vraies relations sexuelles, plutôt que simplement par écrit. Les sextos représentaient la seule vie sexuelle que j’avais eue jusque-là, et donc le fait d’être soudainement catapultée dans de «vraies» expériences était étrange, mais le changement était plus que bienvenu. Je savais qu’à long terme, le fait de parler constamment avec différents hommes n’était pas sain, et je voulais avoir une vraie relation plutôt que d’échanger simplement des photos.

Il m’a fallu des années pour désapprendre les choses horribles que je pensais à propos de mon corps. Mais sans avoir réellement pu explorer mon corps et ma sexualité à travers les rencontres en ligne, je sais que je n’aurais pas la confiance que j’ai aujourd’hui. Bien sûr, il y a encore des jours où j’hésite à me regarder dans le miroir et où je déteste ce que je vois. Mais si mon amoureux - et un tas d’autres gars - peuvent aimer mon corps, je le peux aussi.

Ce texte, initialement publié sur le HuffPost Royaume-Uni, a été traduit de l’anglais.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.