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Sexto : comment ne pas aller trop loin?

Vaut parfois mieux la garder dans ses shorts.
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Le SMS érotique, cette arme de séduction massive, a la cote plus que jamais, particulièrement en période de confinement. Mais comment s’aguicher, sans regretter plus tard? Étiquette du bon sexto.

Vraiment pour moi?

Avant de se lancer dans tout échange à caractère sexuel, il faut se poser quelques questions selon la sexologue Véronique Jodoin*.

«Est-ce que je le fais pour moi ou pour les autres? C’est vraiment important de le faire pour SE faire plaisir, et non faire plaisir à l’autre. Et ce n’est pas parce que beaucoup de gens le font qu’on doit le faire automatiquement. Excitation ou pas, confinement ou pas, prenez le temps de peser le pour et le contre.»

Vous ne savez pas quoi dire pour aborder les sujets plus coquins? Allez-y progressivement. Rares sont les personnes qui sont fans de blagues salaces et de photos de pénis après un «salut, ça va?».

Les limites de l’autre

Et avant de lancer un «je te veux» ou «je te ferais ci ou cela», attendez de sentir l’ouverture de l’autre personne au sextage.

«Il n’y a pas de règle de type 1+1=2. C’est comme dans la vraie vie, dès que tu interagis avec quelqu’un, il faut que tu sois capable de déceler et de comprendre les limites et les intentions de la personne. Au tennis, tu frappes pas la balle à 150 000 milles à l’heure si la personne n’est pas capable de répliquer», explique Simon*, 32 ans, adepte des sextos.

Avant de peser sur «Envoyer», assurez-vous que l’autre soit à l’aise avec ce type de message, dans le même état d’excitation que vous, et surtout entièrement consentant.

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Initier en douceur

Véronique Jodoin conseille de débuter par des compliments, de faire des blagues, et surtout de développer un lien de confiance entre les deux personnes avant de s’initier aux sextos.

Anne-Marie*, une célibataire de 29 ans, qui fréquente virtuellement un homme depuis le début de la période d’isolement liée à la pandémie de la COVID-19 dit s’être ouverte progressivement aux discussions virtuelles coquines à cause du contexte particulier.

«Je ne suis pas prude, mais je ne suis pas fan non plus de sexe virtuel. Néanmoins, une chose en mène à une autre. Après quelques allusions, on a commencé par du sexe au téléphone. On se disait ce qu’on ferait à l’autre. Ça peut paraître bizarre, mais je trouvais ça plus approprié. Après, on s’est lancé dans du sexe vidéo. Mais tout ça sur un mois, raconte-t-elle. C’est comme une relation normale. On commence par des discussions et le sexe vient éventuellement.»

«Il ne faut pas être trop agressif, conseille Simon*. Des fois, ça va partir de loin. Ma stratégie, c’est de dire quelque chose de drôle comme : “T’as les yeux bleus, j’ai les yeux verts, ça ferait de beaux enfants” ou dire simplement “j’ai envie de me coller en cuillère” pis ça escalade pis ça vient vite à “j’ai le goût de te rentrer dans le mur”.»

Une photo érotique, ça se demande?

Toutes les personnes interrogées par le HuffPost Québec étaient d’accords : une photo coquine, ça ne se demande pas. Ça se propose.

«Si tu trouves ça malaisant de demander une photo érotique, c’est que tu ne devrais pas le faire. Ça veut dire que tu as peur que ça ne tente pas à l’autre, explique la sexologue. Tu peux toutefois en proposer une si tu sens que vous en êtes rendus là. C’est le principe du consentement. Il y a des étapes à suivre virtuellement comme quand tu flirtes dans un contexte normal. Il doit y avoir une progression. On ne veut pas choquer l’autre et mettre un terme à la relation qui, pourtant, nous excitait beaucoup à la base.»

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L’excitation passe, les images demeurent

Même si vous sentez l’excitation à son paroxysme pendant l’échange virtuel, pensez avant d’agir, avertit Mme Jodoin.

Alors que plusieurs célibataires sont confinés depuis quelques semaines en raison de la pandémie de la COVID-19, les sextos et les images sexuelles circuleraient abondamment pour entretenir un semblant de vie sexuelle à distance.

Plusieurs oublient toutefois qu’une fois qu’on partage une photo, on en perd totalement le contrôle. Si la loi interdit le partage d’images érotiques sans le consentement de l’émetteur et tous partages d’images érotiques avec ou entre mineurs, les infractions seraient nombreuses et en quelque sorte ingérables. Une capture d’écran avec un logiciel pirate ou non est trop facile. Et une fois qu’une photo est sur la Toile, le mal est fait. Elle peut y rester indéfiniment, les partages et sauvegardes pouvant être infinis, même si le fautif est reconnu coupable.

Si toutefois l’envie d’échanger des images coquines est plus forte que tout, voici quelques conseils simples qui peuvent éviter des dégâts :

  • Assurez-vous que votre destinataire est majeur.
  • Demandez à votre destinataire s’il désire recevoir de genre de photos.
  • N’incluez pas votre visage sur la photo.
  • N’incluez pas de signes distinctifs, comme des tatouages ou des piercings, sur la photo.
  • Échangez ce contenu sur des plateformes anonymes, où le contenu n’est pas associé à votre nom.
  • Préférez l’envoi sur des plateformes où la photo s’efface automatiquement après un délai.

Selon Véronique Jodoin, le sexto en temps de confinement est «un moindre mal». «Oui, on prend un risque de s’exposer au public à chaque fois qu’on envoie une photo, mais si on respecte quelques règles [NDLR : comme celles énumérées ci-haut], c’est un moindre mal, surtout dans un contexte aussi particulier que celui de la crise de la COVID-19. Il y a moyen de le faire sans devenir la risée du Web.»

S’exciter sans tout déballer

Le truc d’Anne-Marie est de ne pas tout dévoiler pour attirer l’attention de son partenaire virtuel. «Je lui envoie un petit égoportrait en sortant de la douche avec la serviette autour de moi et ça ne prend pas plus pour l’allumer. Je peux te dire qu’il répond beaucoup plus vite dans ce temps-là», dit-elle.

Simon* est d’accord. Pour lui, une photo de fille en lingerie ou en train de cacher ses seins avec ses mains, c’est bien plus excitant qu’une autre qui dévoile tout. «Perso, jamais je ne montrerais mon pénis. 1. Les filles ne trippent pas là-dessus. 2. Je suis un peu freak de mon image. J’ai peur que ça circule. Tant qu’à tout montrer, je ferais du sexe en live sur Facetime. Je trouve que le outcome [NDLR : le degré de satisfaction] est bien plus grand. On partagerait quelque chose, un moment, au moins. Plus qu’une banale photo.»

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Entre deux brassées de lavage

Le sexto a l’avantage d’être pratique. Pas nécessairement besoin d’être à son meilleur, que l’appartement soit en ordre ou d’être installé au lit avec ses plus beaux sous-vêtements. Une minute, vous avez les deux mains dans la vaisselle sale, la suivante vous pouvez être en lingerie sur le sofa pour un égoportrait coquin ou, encore mieux, prétendre être dans le scénario le plus excitant.

«Certains vont trouver ça bien plus facile qu’une rencontre en vrai. Quand t’es chez toi, tu te sens en confiance, en contrôle. Tu choisis ta position, ton meilleur angle. Tu peux faire ou dire des choses que tu n’aurais même pas osé faire en vrai. Ça peut avoir une dimension très excitante», reconnaît Mme Jodoin.

Il y a cependant, selon certains, un horaire particulier à respecter. Autrement dit, il faut trouver le bon «timing». On évite les heures de bureau, ainsi que les moments où notre partenaire est en train de souper avec sa mère. Le matin très tôt, ou après 20h sont généralement des moments où les sextos sont mieux accueillis.

La limite du sexto

Le sextage est excitant, mais a ses limites : le contact physique. Il ne peut dont pas durer éternellement à moins de risquer de créer une certaine frustration chez l’un des deux partenaires.

Anne-Marie* fait partie de ceux qui ont hâte de passer à l’acte. «Je respecte les règles du confinement. Mais là, ça va durer plusieurs mois cette affaire. Le sexe virtuel, c’est cool, mais ce n’est pas comme avoir un humain devant soi.»

«J’aimerais qu’on ait une entente pour se voir exclusivement. Ma patience a ses limites. Si je ne le vois pas, je ne sais pas combien de temps je vais pouvoir tenir sans sexe. Je vais couper les ponts et m’en trouver un autre. Je ne veux pas que cette relation me rende plus angoissée qu’heureuse.»

* Noms fictifs

Véronique Jodoin offre ses services de consultation à distance en tout temps. Plus d’infos sur http://sexologuevjodoin.ca/

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