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Sexto: cette campagne de prévention a envoyé le mauvais message

«Envoyer un nude, c’est accepter de prendre le risque de voir cette photo partagée», avertissait la police nationale en France.

“Il a bien reçu ton nude”. En France, la police nationale a publié ce samedi 6 mars dans la matinée un tweet de prévention contre le “sexting”, conseillant de ne pas envoyer de photos dénudées à quelqu’un sous peine de voir cette image finir entre de mauvaises mains. Un message bien intentionné mais perçu par beaucoup comme inadapté et culpabilisant pour les victimes. A tel point que le tweet a été effacé moins de deux heures plus tard.

(De quoi rappeler la controverse autour de la campagne «full célèbre» qui avait soulevé la polémique au Québec pour les mêmes raison.)

Le “sexting” (ou “sexto”), comme son nom l’indique, est le fait d’envoyer par message des photos de nu de soi-même à une autre personne, un(e) petit(e) ami(e) par exemple. Et comme l’indique la police nationale, ce genre de pratique peut conduire à une fuite, intentionnelle ou non, desdites photos vers d’autres destinataires non désirés. Cela peut être notamment du “revenge porn”.

“Il a bien reçu ton nude. Tes amis, tes parents, tes camarades de classe, tes cousins, tes professeurs, tes voisins, ton boulanger, ton ex-petit ami, ton facteur, tes grands-parents, ta nièce, aussi”. “Envoyer un nude, c’est accepter de prendre le risque de voir cette photo partagée”, a donc averti la police nationale.

Le message de la campagne de prévention sur le "sexting" de la police nationale a finalement été retiré.
Capture @PoliceNationale
Le message de la campagne de prévention sur le "sexting" de la police nationale a finalement été retiré.

Problème: le message n’est pas du tout passé. Dès sa diffusion, une vague d’indignation est née sur les réseaux sociaux pour dénoncer une volonté de culpabiliser les victimes et de “donner des leçons”, sans rappeler que la diffusion de contenus privés à une tiers personne est un délit.

“Ce n’est pas aux victimes de culpabiliser, les fautifs et fautives sont les personnes qui partagent ces contenus privés aux autres”, a notamment déploré l’association SOS Homophobie.

Certains ont même décidé de “corriger” le message de la police nationale, rappelant notamment la loi: diffuser du contenu privé sans le consentement de son auteur est passible de 2 ans de prison et 60 000 euros d’amendes, selon l’article 226-2 du code pénal.

Cette levée de bouclier de la part d’associations, politiques, militants féministes et de centaines d’anonymes a mené à la suppression du tweet en question.

La police reconnaît une “maladresse”

Auprès de L’Obs, le service de communication de la police nationale reconnaît une “maladresse”. “Ce tweet devait être le premier d’une série de tweets consacrés à cette problématique, notamment chez les mineurs. La question des auteurs du délit de diffusion sans consentement devait être abordée dans un second temps, de façon chronologique. La police est toujours du côté des victimes. Notre rôle premier est d’identifier et confondre les auteurs de ce type de chantage”.

Selon un rapport révélé début février par l’association e-Enfance, les cyberviolences visant les mineurs ont augmenté de 57% en 2020, rappelle L’Obs. Une augmentation principalement liée à l’explosion de deux phénomènes de “sextorsion, menace ou diffusion de contenu à caractère sexuel sans consentement et injures”, le chantage à la webcam et le revenge porn, avec une forte augmentation des victimes âgées de 15 à 17 ans.

Ce texte a été publié originalement sur le HuffPost France.

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