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Pour la Russie, il n'y a pas d'islamistes modérés

Qu'on se le dise, la Russie dispose d'une liberté d'action beaucoup plus importante que l'alliance occidentale car elle n'hésite pas, outre l'EI, à frapper Jabhat al-Nosra et Ahrar al-Sham, indique le stratège Gérard Chaliand.
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Qu'on se le dise, la Russie dispose d'une liberté d'action beaucoup plus importante que l'alliance occidentale car elle n'hésite pas, outre l'EI, à frapper Jabhat al-Nosra et Ahrar al-Sham, indique le stratège Gérard Chaliand.

Dans cette perspective, la Russie avait déposé une requête au Conseil de sécurité de l'ONU visant à inscrire sur la liste des sanctions du Conseil de sécurité Ahrar al-Sham et Jaysh al-Islam, deux groupes armés opérant en Syrie.

«Les groupes Ahrar al-Sham et Jaysh al-Islam sont étroitement liés à des organisations terroristes, en premier lieu à Daech et à Al-Qaïda; ils leur fournissent un soutien financier, logistique et militaire»

Et à ce titre, l'Ambassadeur de Russie auprès des Nations unies, Vitali Tchourkine, avait martelé que les groupes Ahrar al-Sham et Jaysh al-Islam «sont étroitement liés à des organisations terroristes, en premier lieu à Daech et à Al-Qaïda; ils leur fournissent un soutien financier, logistique et militaire».

La proposition Russe a du reste été rejetée à la fois par les États-Unis, le Royaume Uni, la France et l'Ukraine, le 12 mai 2016. Étant entendu que pour l'approbation de cette proposition impliquait le consensus de l'ensemble des 15 membres du Conseil de sécurité de l'ONU.

Dans le même temps, Washington justifiait sa décision de rejet en arguant que «la Russie cherchait à qualifier de terroristes des groupes qui participent au processus de la cessation des hostilités. Voici somme toute une posture qui est susceptible d'avoir des conséquences fâcheuses sur le cessez-le-feu, au moment où nous cherchons à désamorcer la situation sur le terrain», indiquait le porte-parole du département d'État américain Elizabeth Trudeau.

Et pour enfoncer le clou, Elizabeth Trudeau, avait tenu à préciser que les États-Unis «vérifiaient en permanence les informations relatives à l'évaluation de ces groupes». Elle avait par ailleurs estimé que pour l'heure, Jaysh al-Islam et Ahrar al-Sham respectaient le cessez-le-feu.

«Nous poursuivons le dialogue avec eux. Si notre position change, nous les évaluerons autrement. Nous sommes toujours penchés sur cette question», avait-elle confié.

«80 000 combattants appartiennent soit à des groupes terroristes désignés comme tels par les Nations unies, soit à des groupes salafistes extrémistes.»

Or pour mémoire, le Général Didier Castres, sous-chef opérations de l'État major des Armées, avait été auditionné le 16 décembre 2015 par la Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat. Et à cette occasion il avait déclaré:

«Les forces combattantes de Daech sont estimées à un effectif de 30 000 en Syrie et en Irak, dont 40% de combattants étrangers. Ils sont opposés à 140 000 Kurdes du nord de l'Irak, 7 000 Kurdes syriens et 130 000 membres des forces de sécurité irakiennes. En outre, il existe en Syrie une constellation de combattants très divers de l'ordre de 100 000 personnes, dont la France estime que 80 000 d'entre eux appartiennent soit à des groupes terroristes désignés comme tels par les Nations unies, soit à des groupes salafistes extrémistes.»

Or, on le sait, à Damas, la coalition Jund al-Malahim (les Soldats de l'Aventure) réunit le Front al-Nosra (la branche syrienne d'Al-Qaïda) et Ahrar al-Sham. Si Jaïch al-Islam ne fait pas partie de cette coalition, en revanche, ce groupe armé fait partie avec Ahrar al-Sham du Front islamique, précise l'expert en géopolitique, Caroline Galactéros dans son Blogue «Bouger les Lignes».

On l'aura compris, persister à nier la nature terroriste d'Ahrar al-Sham et de Jaïch al-Islam défie assurément l'entendement.

Ce billet de blogue a initialement été publié sur le Huffington Post France.

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