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«Rire sans tabous» dévoile le côté sensible de Jean-François Mercier

«Je dois avouer que c'est difficile, pour moi, d’entendre qu’il y a des doutes et des craintes à mon sujet...»

On connaît le Jean-François Mercier irrévérencieux dont le personnage et les paroles dépassent souvent les limites du bon goût. On connaît moins, cependant, l’homme sensible, posé et ouvert que l’on retrouvera à la barre de l’émission Rire sans tabous cet automne, sur les ondes de Z. C’est avec celui-ci que le Huffpost Québec s’est entretenu lors d’une discussion touchante, exempte de blagues et de provocation. Un bonheur que de partager un tel moment avec celui qui est effectivement bien plus qu’un «gros cave».


Bien plus qu’un provocateur

Pour Jean-François Mercier, animer la nouvelle émission Rire sans tabous représente une chance de croître et de s’enrichir au contact de gens victimes de préjugés. Des gens avec qui l’humoriste s’est lié d’amitié après trois journées entières passées à discuter de ce qui anime chacun, de tout et aussi de rien.

Se décrivant comme volontaire, ouvert et humble dans cet exercice, l’humoriste insiste sur le fait qu’il était bien plus là pour écouter que pour montrer aux gens que le «gros cave» était aussi un être sensible. Il ne pourra empêcher, cependant, les téléspectateurs d’être aussi interpellés par les sujets abordés dans l’émission que par cette version de lui, méconnue, ainsi révélée publiquement.

«Souvent, les gens veulent que je sois mon personnage, explique-t-il. Je ne vis pas mal avec cela, mais dans cette émission, tu vois la coupure. C’est complètement autre chose. Je suis ouvert avec les invités et vrai. En même temps, je ne veux pas prendre tout le mérite, car c’est le format qui est fort. C’est lui qui vient prouver qu’on peut rire de n’importe quoi, mais pas avec n’importe qui. Avec des amis, on peut se permettre d’aller beaucoup plus loin en humour.»

Ce format lui a ainsi permis de livrer, à la fin de chaque fin de semaine de confidences et d’activités, un numéro d’humour inspiré du thème de l’émission. «Je suis allé assez loin, dit-il. Et j’avoue qu’il y avait des blagues qui me rendaient nerveux.»

Si l’humoriste se retrouve rarement à la barre de projets plus «sérieux» de la trempe de Rire sans tabous, ce n’est pas par manque d’intérêt. Au contraire, il confie avoir toujours eu envie d’exploiter son côté plus sensible.

«Mais on ne m’appelle jamais pour faire des choses comme ça, déplore-t-il. Dans une carrière, on prend une place qui est libre. La mienne était libre, car personne ne la trouvait confortable. C’est un peu comme ça que je suis arrivé, et une fois que le monde te connaît d’une façon, il ne t’appelle pas pour faire autre chose. Je n’ai pourtant pas basé ma carrière sur ça. C’est comme la vie en fait, on improvise avec ce qui nous tombe dessus et on fait du mieux qu’on peut là-dedans.»

Il s’est donc senti extrêmement privilégié qu’on lui téléphone pour ce projet, même s’il sait qu’il y avait tout de même des doutes et des craintes à son égard.

«Je dois avouer que c’est difficile pour moi, d’entendre qu’il y a des doutes à mon sujet. À un moment donné, tu te dis : ″Coudonc, on parle de moi ou on parle de Jack l’Éventreur?″»


Pouvoir rire de tout, entre amis

Dans un chalet de Val-Morin, Jean-François Mercier a vécu de grandes émotions, même s’il avoue que, contrairement au montage final de l’émission qui met l’accent sur les moments intenses du long week-end, les 72 heures se sont faites plus légères.

«Je crois que les gens qui vivent des affaires très graves n’ont pas le choix d’avoir de l’humour par rapport à cela. C’est plus une question de survie. Je trouve que d’en rire sans tabous permet à l’humour de prendre la place qu’elle devrait avoir.»

S’il craignait que l’épisode abordant les maladies incurables soit particulièrement difficile à tourner et à vivre, c’est tout le contraire qui s’est produit. «On a eu tellement de plaisir que je me suis demandé si j’étais passé à côté de quelque chose, si j’avais été déplacé ou si j’avais assez parlé de leurs affaires. Il y a cette fille qui a un cancer de phase 4 et qui fait de la chimiothérapie pour gagner du temps. Mais ce n’est pas lourd, on n’est pas dans les pleurs. Ce qui lui reste de vie, elle en profite. Tu regardes ça et tu te dis : ″Wow, c’est formidable!″»

L’épisode traitant des diversités culturelles lui a aussi permis de vivre de beaux moments. «À la fin, j’ai fait un toast en disant que c’était rare de voir des gens se parler et s’écouter sans essayer de gagner un débat. Je n’avais jamais vu ça à la télé, le fait de se parler, de poser des questions et de s’écouter sur ce sujet précis, sans qu’il y ait de pièges dans les questions.»

L’artiste avoue sans gêne être arrivé avec ses préjugés, son bagage et ses principes, conscient qu’il allait assurément être parfois confronté. «Je voyais cela comme une belle expérience et comme une chance de croître et de m’enrichir», dit-il. Et ça se sent, surtout lorsqu’il explique qu’animer une telle émission a changé «tout, tout, tout» pour lui.

«Le monde va voir l’épisode sur la maladie mentale, alors que moi, je vois l’épisode avec Carl, Jonathan, Justine, Geneviève et Marie-France. Aussitôt que tu mets des noms sur les affaires, ça change tout. Car ce qui fait peur, c’est l’inconnu. Ma mère était famille d’accueil pour les déficients intellectuels et je me souviens que lorsque je les ai vus arriver, je me suis dit : ″Oh mon dieu″. Mais quand tu vis avec eux, ce n’est plus pareil, ça change ton point de vue.»

«Du point de vue où tout est caché par tes peurs et tes préjugés, oui effectivement ça semble être une vie vraiment difficile qui est beaucoup dans le malheur, ajoute-t-il, sérieux. Mais, en te déplaçant, tu regardes les choses en te disant que, oui, c’est vrai que cette vie vaut la peine d’être vécue.»

Rire sans tabous sera diffusée dès le mercredi 4 septembre, à 21h, sur les ondes de Z.

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