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Sommes-nous responsables du terrorisme?

Une autre horreur s'est produite. Cette fois, un jeune homme sans histoire est entré dans une mosquée de Québec pour tuer des musulmans. Comment trouver un sens à un acte aussi absurde? Quelle part de responsabilité individuelle et collective pouvons-nous assumer pour ne pas nourrir la terreur?
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«Le fou se croit sage, mais le sage reconnaît lui-même être un fou. » - William Shakespeare

Une autre horreur s'est produite. Cette fois, un jeune homme sans histoire est entré dans une mosquée de Québec pour tuer des musulmans. Comment trouver un sens à un acte aussi absurde ? Quelle part de responsabilité individuelle et collective pouvons-nous assumer pour ne pas nourrir la terreur ?

Dans notre univers hypermédiatisé, l'horreur est cyclique. À l'Assemblée nationale, des membres du personnel sont mitraillés par un ex-militaire ; à l'école Polytechnique, des femmes sont tuées par un misogyne enragé ; à Manhattan, des avions percutent des tours ; à Paris, des extrémistes abattent des caricaturistes ; à Nice, un camion fonce sur des citoyens qui font la fête ; dans d'innombrables marchés publics, des intégristes se font exploser pour transformer en bain de sang la quiétude du quotidien.

Tellement d'horreurs adviennent à travers le monde qu'il serait impossible de toutes les nommer. Et malheureusement, il y en aura d'autres. Les vastes boucheries guerrières du 20e siècle ont accouché d'une époque où la terreur meurtrière frappe au hasard.

Aux prises avec l'angoisse que le terrorisme fait naître, nous cherchons fébrilement quelques explications rationnelles. Pour tenter de nous extraire de l'absurdité qui nous submerge, nous voulons tout savoir du système de pensée du tueur qui a perpétré le carnage. Pourtant, est-ce que ceci expliquerait vraiment cela ?

Avant même que les morts ne soient pleurés, les esprits s'agitent pour identifier les causes idéologiques ou religieuses des tristes événements. Rapidement, les politiciens et les observateurs se campent en s'accusant mutuellement. Pour la gauche vertueuse, la responsabilité incombe à la droite affairiste et raciste. Pour la droite identitaire et fière, c'est la faute de la gauche molle et multiculturelle. Et avec une rapidité déconcertante, les thèmes porteurs passent de droite à gauche ou de gauche à droite en fonction des avantages immédiats que les partis peuvent en tirer. Lorsque le réel est instrumentalisé, les solutions concrètes pour améliorer la vie des citoyens semblent moins importantes que de marquer des points pour se hisser dans l'échelle du pouvoir.

Happés par ces discours en rupture, les cybercitoyens s'affrontent dans l'espace public. Plus un texte est réfléchi et nuancé, moins il est commenté et diffusé. À l'opposé, plus un texte présente des opinions tranchées, voire agressives, plus le clivage génère des clics et du « buzz », comme disent les Français. Dans l'air du temps, comment s'étonner que le venin ainsi craché devienne le fastfood des esprits dérangés ? Le terrorisme est une grave dépression qui triomphe dans l'auto publicité.

Il est grand temps de baisser le ton dans nos discussions collectives, et il n'est jamais trop tard pour apprendre à débattre sereinement avec les personnes qui ne pensent pas comme nous. Pour la santé de nos démocraties, il faudra bien en arriver un jour à nous libérer de la pensée manichéenne qui nous gouverne encore.

Si nous ne sommes pas directement responsables du terrorisme, il serait utile de prendre volontairement une part de responsabilité pour tenter, à notre mesure, d'endiguer le triste phénomène.

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