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Monsieur Bonheur: réplique à Michel Hébert

Nous, travailleurs de l'État, sommes devenus habitués à nous faire traiter comme des moins que rien. D'ailleurs, certains aiment bien nous utiliser pour expliquer tout ce qui va mal au Québec.
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Nous, travailleurs de l'État, sommes devenus habitués à nous faire traiter comme des moins que rien. D'ailleurs, certains aiment bien nous utiliser pour expliquer tout ce qui va mal au Québec. Le plus récent exemple? Une fonctionnaire bien heureuse de partir à la préretraite qui écrit à ses collègues pour les saluer une dernière fois. Un véritable « scandale » monté en épingle...

Évidemment, je pourrais tenter d'expliquer toutes les raisons historiques et rationnelles qui font que les fonctionnaires peuvent cumuler leurs jours de maladie durant leur carrière. Je pourrais aussi vous parler de notre rémunération globale (incluant TOUS les avantages sociaux) qui est de 8 % inférieure aux travailleurs du secteur privé.

Je pourrais me débattre pour vous expliquer tout ça, pour essayer de vous convaincre par des faits que votre perception des fonctionnaires est erronée, mais je ne le ferai pas. Non, parce que je préfère dépenser mon énergie à vous démontrer ce qui est réellement scandaleux au Québec; dans ce climat d'austérité, ceux qui sont les véritables « gras dur » que l'on épargne.

Pourquoi ne sommes-nous pas en train de parler des centaines de millions de dollars en congé d'impôts que le gouvernement libéral offre aux banques? Pourquoi nos journaux ne sont-ils pas remplis de reportages, de sondages et de chroniques concernant les paradis fiscaux par lesquels les plus riches et les grandes entreprises cachent des milliards de dollars qui devraient plutôt financer nos services sociaux? On devrait se scandaliser des centaines de millions gaspillés en contrats informatiques inefficaces et parfois douteux. À la mi-février, le gouvernement a utilisé nos impôts pour offrir à des multinationales 600 millions de dollars en congés d'impôts. Vous en aviez entendu parler? Probablement pas. Nous sommes généralement trop occupés à écouter des « analyses » sur les « scandales » fondamentaux que représentent l'assisté social qui a travaillé au noir pour 200 $ ou le fonctionnaire qui aurait un emploi trop convenable.

Clairement, nos dirigeants, aidés par certains intervenants médiatiques, pointent du doigt ces petits problèmes pour faire oublier l'enjeu central de la concentration de la richesse dans les mains des « 1 % » toujours plus influents auprès de nos élites. Pour y arriver, on attise alors la convoitise et la jalousie au sein de la classe moyenne, notamment en opposant les travailleurs syndiqués et les non-syndiqués.

Pendant qu'on se déchire entre nous, notre attention est détournée de ceux qui s'enrichissent véritablement.

Comment expliquer autrement pourquoi le sujet de l'heure est une fonctionnaire de la classe moyenne qui prend sa préretraite, plutôt que Lucien Bouchard qui encaisse un autre 500 000 $ pour un contrat du gouvernement? Pourquoi n'est-ce pas plutôt lui, Monsieur Bonheur?

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